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Participation de S.A.S. le Prince Héréditaire Albert à la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée aux Enfants à New York.

  • N° journal 7548
  • Date de publication 24/05/2002
  • Qualité 100%
  • N° de page 842

S.A.S. le Prince Héréditaire Albert présidait la délégation de la Principauté à la session extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies consacrée aux Enfants, qui s'est tenue à New York du 8 au 10 mai 2002. Cette session devait se dérouler en septembre dernier mais fût reportée à la suite des attentats meurtriers du 11 septembre 2001.

Le Prince Héréditaire Albert était entouré des membres de la Mission de Monaco aux Nations Unies ; S.E. M. Jacques Boisson, Ambassadeur, Représentant permanent ; Mme Isabelle Picco, Conseiller, Représentant permanent adjoint ; Mme Valérie Bruell-Melchior, Premier secrétaire ; Mlle Clotilde Ferry, Attaché.

Faisaient également partie de la délégation : M. Jacques Danois, Secrétaire Général de l'Amade Mondiale ; Mme Francien Giraudi, Présidente de l'Association "Les Enfants de Frankie" et deux représentants de la jeunesse monégasque ; Mlle Audrey Cheynut et M. Louis Bellando de Castro, âgés respectivement de 17 et 16 ans, accompagnés de Mme Sylvie Kroenlein-Chanteloube de la Direction de l'Education Nationale.

En prélude à cette session, le Forum des enfants organisé par l'UNICEF rassemblait à New York du 5 au 7 mai plus de 300 délégués de moins de 18 ans venus du monde entier, qui ont préparé les travaux de la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

Mlle Audrey Cheynut était rapporteur du groupe de travail sur la pauvreté et chargée du compte-rendu général des travaux présenté en séance plénière de l'Assemblée générale, tandis que M. Louis Bellando de Castro a participé à l'élaboration d'un questionnaire d'évaluation sur les travaux du Forum.

La session extraordinaire fut ouverte par un discours de S.E. M. Kofi Annan. Le Secrétaire Général des Nations Unies concluait en ces termes :

"Aux adultes présents dans cette salle, je dis : cessons de faire payer nos échecs à nos enfants. Qui d'entre nous ne s'est pas senti humilié en croisant le regard éploré d'un enfant ? Les enfants présents dans cette salle écoutent nos paroles. Eux et leurs semblables dans tous les pays ont le droit d'attendre de nous que nous passions de la parole à l'acte : bâtir un monde digne des enfants".

Son allocution était suivie par l'intervention, pour la première fois devant l'Assemblée Générale, de deux enfants : Mlle Audrey Cheynut et Mlle Gabriela Azurdy Arrieta, originaire de Bolivie.

Représentants le Forum des enfants, ces deux adolescentes ont délivré à la tribune des Nations Unies le message suivant :

Gabriela (Bolivie)

Nous sommes les enfants du monde.

Nous sommes les victimes des mauvais traitements et de l'exploitation.

Nous sommes les enfants de la rue.

Nous sommes les enfants de la guerre.

Nous sommes les victimes et les orphelins du VIH/SIDA.

Nous sommes privés d'une éducation de qualité et de soins de santé.

Nous sommes victimes de la discrimination politique, économique, culturelle et environnementale.

Nous sommes les enfants dont les voix sont ignorées : il est temps qu'on nous écoute.

Nous voulons un monde digne des enfants, car un monde digne de nous est un monde digne de tous.

Dans ce monde-là, nous voyons le respect des droits de l'enfant :

* les gouvernements et les adultes s'engagent réellement et effectivement en faveur du principe des droits de l'enfant et mettent en oeuvre la Convention relative aux droits de l'enfant ;

* un environnement sûr et sain pour les enfants et leurs familles, communautés et nations.
Nous voyons la fin de l'exploitation, des mauvais traitements et de la violence :

* des lois protégeant les enfants de l'exploitation et des mauvais traitements, et mises en oeuvre et respectées par tous ;

* des centres et programmes aidant à reconstruire la vie des enfants victimes.
Nous voyons la fin des guerres :

* des Chefs d'Etats résolvant les conflits par un dialogue pacifique et non par la force ;

* les enfants réfugiés et victimes des guerres protégés par tous les moyens, et ayant les mêmes possibilités que tout autre enfant ;

* le désarmement, l'élimination du trafic d'armes et la fin de l'utilisation d'enfants soldats.

Nous voyons des soins de santé :

* des médicaments essentiels et des traitements accessibles pour tous les enfants ;

* des partenariats forts et responsables afin de promouvoir une meilleure santé pour les enfants.

Nous voyons l'éradication du VIH/SIDA :

* des systèmes d'éducation incluant des programmes de prévention du SIDA ;

* le dépistage gratuit et des centres de conseil sur le SIDA ;

* l'information contre le SIDA libre d'accès pour tout le monde ;

* la prise en charge des orphelins du SIDA et des enfants séropositifs en veillant à ce qu'ils disposent des mêmes possibilités que tous les autres enfants.

Audrey (Monaco)

Nous voyons la protection de l'environnement :

* la conservation et la protection des ressources naturelles ;

* la prise de conscience de la nécessité de vivre dans un environnement sain et favorable à notre développement ;

* un environnement accessible aux enfants handicapés.

Nous voyons la fin du cercle vicieux de la pauvreté :

* des comités anti-pauvreté assurant la transparence des dépenses et répondant à tous les besoins de l'enfant ;

* l'annulation de la dette qui empêche le progrès en faveur des enfants.

Nous voyons une éducation meilleure :

* l'égalité des chances et l'accès à une éducation de qualité gratuite et obligatoire ;

* un milieu scolaire où les enfants sont heureux d'étudier ;

* l'éducation pour la vie qui n'est pas seulement scolaire mais qui inclut des leçons de compréhension, droits de l'homme, paix, tolérance et citoyenneté active.

Nous voyons la participation active des enfants :

* une prise de conscience accrue et le respect parmi les personnes de tout âge du droit de tout enfant à une participation complète, dans l'esprit de la Convention relative aux droits de l'enfant ;

* la participation active des enfants aux processus de prise de décision à tous niveaux, et dans la planification, la mise en oeuvre, le contrôle et l'évaluation de toutes les questions concernant les droits de l'enfant.

Nous nous engageons à un partenariat égal dans cette lutte en faveur des droits de l'enfant. Et, en promettant de soutenir les actions que vous entreprenez en faveur des enfants, nous demandons également votre engagement et soutien dans les actions que nous menons : car les enfants du monde ne sont pas bien compris.

Nous ne sommes pas la source des problèmes, nous sommes les ressources nécessaires pour les résoudre.

Nous ne constituons pas une dépense, nous représentons un investissement.

Nous ne sommes pas simplement des jeunes, nous sommes surtout des êtres humains et des citoyens du monde.

Nous lutterons pour nos droits jusqu'à ce que les autres acceptent leurs responsabilités envers nous.

Nous avons la volonté, le savoir, la sensibilité et le dévouement.

Nous promettons que, quand nous serons des adultes, nous défendrons les droits de l'enfant avec la même passion que maintenant, en tant qu'enfants.

Nous promettons de nous traiter les uns les autres avec dignité et respect.

Nous promettons d'être tolérants et respectueux des différences.

Nous sommes les enfants du monde, et malgré nos différences, nous partageons une réalité commune.

Nous sommes unis par notre combat pour rendre le monde meilleur pour tous.

Vous considérez que nous sommes l'avenir, nous sommes aussi le présent.

*
* *

Les représentants de chaque pays s'exprimaient ensuite à la tribune des Nations Unies.

S.A.S. le Prince Héréditaire Albert prononçait l'allocution suivante :

"Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Il y a bientôt douze ans, en 1990, lors du prestigieux Sommet mondial pour les enfants organisé par les Nations Unies, la Communauté internationale s'était surtout montrée préoccupée par des questions, alors sensibles, telles que celles liées au travail des enfants, à leur scolarisation et à leur santé.

Aujourd'hui, alors que la violence terroriste, nihiliste par nature, qui a déjà entraîné le report de cet événement, tente de détruire jusqu'aux valeurs fondatrices des Nations Unies, ces questions nous préoccupent toujours autant si ce n'est davantage tandis que d'autres, toutes aussi graves, sont venues s'ajouter qui nous affectent et nous alarment : qu'il s'agisse de l'augmentation de la pauvreté et de la pandémie du SIDA, dont souffrent inexorablement les enfants, de l'utilisation de ceux-ci dans les conflits armés ou encore de la prostitution enfantine.

La situation mondiale actuelle et les conditions économiques et sociales qui ne cessent de se détériorer dans de nombreux pays amènent à mettre inlassablement l'accent sur l'indispensable renforcement du respect et de la protection des droits des enfants que la Convention des Nations Unies du 20 novembre 1989 leur a formellement reconnus et qui devraient être la source d'inspiration fondamentale tant de nos travaux que de nos engagements et de nos actions à venir.

C'est un texte auquel adhère la quasi-totalité des Etats membres de notre Organisation qui reconnaissent, après la Déclaration de Genève de 1924 et avec la Déclaration des droits de l'enfant adoptée par notre Assemblée générale le 20 novembre 1959, la nécessité d'accorder à l'enfant une protection spéciale en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, protection reconnue aussi par la Déclaration universelle des droits de l'homme et par les deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme.

Si je rappelle brièvement les principaux instruments internationaux concernant les droits de l'homme, c'est évidemment pour souligner que, d'une manière ou d'une autre, tous les Etats, même ceux qui ne sont pas formellement partie à la Convention relative aux droits de l'enfant, sont tenus de les respecter et de promouvoir les principes et les valeurs qui les inspirent.

En leur qualité d'êtres humains, les enfants ne doivent-ils pas, à côté des droits spécifiques qui leur sont reconnus, bénéficier des droits universels, notamment sociaux et culturels, accordés au plan international à tous les êtres humains ?

La Principauté de Monaco a pris des engagements internationaux en ratifiant la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant et en signant ses deux protocoles additionnels dont un, celui concernant les enfants dans les conflits armés, a déjà été ratifié. A ce titre, le Gouvernement Princier verse depuis sa création une contribution financière au Fonds institué à ce sujet.
Elle a traduit ces engagements en termes nationaux dans sa législation dont la garantie et le respect sont assurés, avec vigilance, par les pouvoirs publics et par les tribunaux.

En faveur de l'enfance, surtout de celle la plus fragile, le Gouvernement Princier a non seulement pris des dispositions en matière juridique mais également dans les domaines économique et social, dispositions dont la mise en oeuvre est assurée par les autorités administratives compétentes qui veillent, tout particulièrement, à ce qu'elles s'appliquent intégralement et toujours dans l'intérêt supérieur de l'enfant.

Monsieur le Président,

Il y a, de fait, en Principauté, un véritable culte en faveur de l'enfance qui se manifeste par une très large adhésion des principaux acteurs de la vie politique et associative. Cette adhésion est confortée par une participation active et un soutien financier régulier de la part du Gouvernement Princier et de la population monégasque aux nombreuses institutions caritatives qui s'emploient à améliorer les conditions de vie des enfants y compris et surtout de ceux vivant dans des pays défavorisés.

Des programmes au nom évocateur, tels "Larmes sans yeux", qui contribuent à la lutte contre la cécité infantile ou "Ecoles à tous vents" qui s'emploient à développer des écoles de proximité adaptées à la vie des enfants des rues, menés par l'AMADE, l'Association Mondiale des Amis de l'Enfance, dont le siège est à Monaco, seule ou en coopération avec 1'UNICEF, le fonds des Nations Unies pour l'enfance, auquel je tiens à rendre un juste et mérité hommage. De son côté, "Mission Enfance" oeuvre sans relâche en faveur de la scolarisation, de la santé et de l'intégration d'enfants particulièrement déshérités du Sud comme du Nord alors que l'Association "Les Enfants de Frankie" tente d'apporter, en les distrayant avec affection et talent, un soulagement aux enfants malades hospitalisés. Toutes ces organisations monégasques bénévoles et sans doute beaucoup d'autres méritent d'être mentionnées en raison de leurs remarquables réalisations ainsi que du dévouement et de l'abnégation de leurs membres. Il convient aussi de ne pas oublier celles qui sans avoir une vocation exclusive au service de l'amélioration du sort des enfants comme la "Croix-Rouge Monégasque" que je préside, "Monaco Aide et Présence" ou encore "Amitiés sans Frontières" prennent ceux-ci largement en considération dans leurs oeuvres locales de bienfaisance de même que dans leur action internationale. Je citerai, encore, la Jeune Chambre Economique de Monaco qui, chaque année, le 20 novembre, jour anniversaire de l'adoption de la Convention, organise, à l'occasion d'une journée de l'enfant, des manifestations destinées à recueillir des fonds en faveur d'enfants en difficulté telle la course "No Finish Line" tout en sensibilisant l'opinion publique à propos des plus démunis d'entre eux et de leurs besoins les plus pressants. Cette organisation espère voir instituer, dans chaque pays, le 20 novembre, "une journée mondiale des droits de l'enfant".

Je citerai encore le "Centre de la Jeunesse Princesse Stéphanie" qui a pour vocation d'accueillir, pendant l'année scolaire, des jeunes à la recherche d'un lieu de séjour ludique et convivial et pendant les vacances la jeunesse toujours nombreuse en visite à Monaco.

Je citerai, enfin, "Jeune j'écoute" qui propose, toute l'année, une permanence téléphonique destinée à apporter un soutien moral aux jeunes gens en désarroi.

Monsieur le Président,

La Principauté de Monaco, grâce à l'action de ces organisations humanitaires, se présente de fait à la fois comme un centre d'impulsions et d'initiatives et comme un lieu de réflexion déontologique, réflexion que l'évolution scientifique et technique de nos sociétés impose en suscitant constamment de nouvelles interrogations dans l'ordre éthique.

C'est ainsi que s'est tenu à Monaco, en avril 2000, à la suite d'une préparation scientifique, sérieuse et approfondie, un colloque international convoqué conjointement par l'AMADE et 1'UNESCO, sur le thème "bio-éthique et droits de l'enfant". Les travaux multidisciplinaires, pour ne pas dire transdisciplinaires, de cette rencontre de très haut niveau, se sont conclus par la Déclaration de Monaco : Réflexion sur la bioéthique et les droits de l'enfant qui prône, entre autre, le respect de la dignité de l'embryon et de la diversité génétique de l'être humain.

Par ailleurs, et dans l'esprit de la résolution adoptée par notre Assemblée générale dont Monaco est co-auteur à propos d'un avenir pacifique et meilleur grâce aux sports et à l'idéal olympique, le Gouvernement Princier apporte un concours financier pour la construction et l'entretien d'infrastructures sportives destinées aux Jeux d'Amérique Centrale. Ces infrastructures seront, après les Jeux, utilisées pour promouvoir chez les jeunes gens de la banlieue de San Salvador un goût et des aptitudes pour le sport associés à une action éducative et sociale. Comme le droit à l'éducation, les enfants n'ont-ils pas droit à l'accès à la pratique de l'activité sportive ?

Evoquant le rôle irremplaçable du sport dans l'éducation de la jeunesse, je me dois de mentionner aussi son influence dans la réadaptation des jeunes handicapés mentaux. L'engagement exemplaire et particulièrement méritant de l'association "Special Olympics Monaco" mérite, à cet égard, tous nos encouragements.

Monsieur le Président,

Cet engagement envers les enfants que l'on constate partout dans le monde tant la cause de l'enfance malheureuse est universelle - sans doute la plus universelle de toutes - nous laisse espérer que cette session extraordinaire de notre Assemblée générale sera couronnée d'un très grand succès. La Déclaration et le Programme mondial d'action qui la concluront apporteront, j'en suis persuadé, un regain d'ambitions en faveur de l'amélioration des conditions de vie de tous les enfants du monde et bien entendu, en premier lieu, des plus malheureux d'entre eux ceux impliqués dans les conflits armés, ceux utilisés à des fins sexuelles perverses, ceux encore, que la pauvreté laisse en marge de la société en leur refusant les moyens indispensables à leur épanouissement, les obligeant parfois même à chercher leur survie alimentaire dans les décharges publiques, sans oublier, enfin, ceux frappés, directement ou indirectement, par des actes de terrorisme.

Parmi les questions traitées par ces textes de grande qualité, ce qui me permet de féliciter et d'en remercier le Comité préparatoire, certaines revêtent, à notre sens, une importance majeure.

Il en est ainsi par exemple de la détermination que nous manifestons d'accroître l'accès des jeunes filles à l'éducation. En élevant le niveau culturel de celles-ci, c'est, en effet, j'en suis profondément convaincu, autant de chance de bonheur et de réussite que l'on offre à leurs enfants.

Une telle éducation doit non seulement prendre en compte la spécificité féminine mais encore concourir à la protection de la petite fille en la prévenant de fléaux aux graves conséquences tels que la prostitution ou les maternités précoces.

L'AMADE Mondiale et ses vingt-cinq antennes nationales se consacrent depuis plusieurs années déjà à la promotion d'une éducation appropriée des jeunes filles, éducation d'autant plus fondamentale que la femme est de nos jours justement reconnue comme un agent irremplaçable de progrès et de développement.

Monsieur le Président,

Notre délégation représente, vous le savez, l'un des plus petits Etats de la communauté mondiale. Dans ce petit pays, sur son rocher, l'idée de protéger les enfants partout dans le monde tout en favorisant leur épanouissement est certainement depuis longtemps la mieux partagée.

C'est en 1963, il y a près de quarante ans que ma Mère, la Princesse Grace, a fondé l'AMADE Mondiale, dont je viens d'évoquer à plusieurs reprises les activités. Cette association, dont j'assure la Présidence d'Honneur, est actuellement présidée par ma Soeur, Son Altesse Royale la Princesse de Hanovre. Elle a essentiellement pour vocation de prévenir les dangers qui menacent la vie intellectuelle, morale ou physique du "petit de l'Homme" en tentant de le mettre à l'abri de toutes les formes de violence, des abus sexuels et de la maltraitance.

Comme cette institution internationale non gouvernementale le suggère, avec lucidité et détermination, n'est-il pas de notre devoir de nous employer, tant au plan national qu'international, à renforcer l'ensemble des moyens, ceux légaux compris, en vue d'assurer, par delà les contraintes du temps et des frontières, la poursuite et le châtiment des crimes contre nature perpétrés contre les enfants en les qualifiant de crimes contre l'humanité, les rendant ainsi imprescriptibles et soumis à des procédures d'extradition allégées, comme il nous appartient, de la même manière et sans relâche, de les protéger des menaces liées à la brutalité aveugle du terrorisme international dont ils sont souvent les premières et les plus innocentes victimes.

Monsieur le Président,

La Principauté de Monaco s'est associée sans réserve et avec conviction au "Consensus de Monterrey". Le "Sommet contre la pauvreté" représente une étape fondamentale et un progrès incontestable en matière de financement du développement.
L'action internationale en ce domaine y compris en faveur des enfants ne peut plus être ce qu'elle était. Le temps de la mendicité et de la charité condescendante est dépassé. Récipiendaires et donateurs doivent devenir de véritables partenaires, des alliés déterminés à imaginer et à mener des actions conjointes qui tiennent compte des réalités, c'est-à-dire des besoins des uns comme des possibilités des autres.

Les consultations entre donateurs et bénéficiaires devraient être plus larges et mieux équilibrées. Des projets d'éducation de plus en plus vastes devraient être engagés afin que, dès son départ dans la vie, l'Enfant fasse connaissance avec les valeurs humaines indispensables à son développement, et surtout à son épanouissement, à sa liberté et au respect de sa dignité.

Qu'il s'agisse de l'aide directe et concrète apportée à l'enfant malade, menacé d'épidémie ou d'endémie, à celui affecté dans sa santé par les pollutions de toutes natures dues aux atteintes irresponsables à l'environnement en particulier aux infiltrations toxiques qui empoisonnent les nappes phréatiques et à tous ceux victimes de l'ignorance conduisant à l'analphabétisme, la clé de réussite de ce nouveau partenariat auquel nous aspirons devra être une remise en question permanente fondée sur une évaluation sans complaisance des projets entrepris et de leurs résultats effectifs.

A Monaco, nous souhaitons contribuer à un nouvel essor en faveur du développement harmonieux et de la protection de l'Enfant.
Ce n'est pas pour nous un but mais un devoir. L'époque que nous vivons et celle que nous connaîtrons demain devraient être, malgré les problèmes et les difficultés rencontrées, de plus en plus celles où se développent idées et projets nouveaux à l'intention de cet enfant autour duquel nous sommes réunis en cette session extraordinaire de l'Assemblée générale.

Je vous remercie de votre attention.

*
* *

Dans l'après-midi du 8 mai, le Prince Héréditaire Albert participait à une table ronde co-présidée par le Président de la République de Roumanie et le Premier Ministre de la Mongolie, consacrée notamment à la protection sociale, aux actions éducatives et à la coopération internationale, y compris bilatérale, en faveur des enfants.

Dans le cadre du dialogue inter-générations, le Prince Héréditaire Albert s'est entretenu, le 9 mai, avec un groupe d'enfants africains de leurs difficultés dues au manque d'école, à la pauvreté des familles, aux obstacles rencontrés en matière de santé et d'emploi.

Conscient de la gravité de ces problèmes, notamment à la suite des visites qu'Il a effectuées dans de nombreux pays du Sud y compris du continent africain, le Prince Héréditaire Albert a également évoqué le rôle des organisations non-gouvernementales qui travaillent dans ces différents domaines.

Par ailleurs, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert a eu un entretien de travail avec S.E. M. Marc Formé Molné, Premier Ministre de la Principauté d'Andorre. Il a également rencontré de nombreuses personnalités du monde politique, Chefs d'Etat, de Gouvernement et de rang ministériel à l'occasion du déjeuner offert, le 9 mai, par le Secrétaire Général des Nations Unies, S.E. M. Kofi Annan, et lors de la réception donnée, la veille, par le Président de la session extraordinaire, S.E. M. Han Seung-Soo, ancien Ministre des Affaires étrangères et du Commerce de la République de Corée.

A l'invitation de S.M. la Reine Silvia de Suède, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert a également participé à une soirée de bienfaisance au profit de la "World Childhood Foundation" (Fondation Mondiale pour l'Enfance) créée, en 1999, de même qu'à la réception offerte par "The Global Alliance for Women's Health" en présence du Président roumain, S.E. M. Ion Iliescu.

S.A.S. le Prince Héréditaire Albert a également participé au déjeuner que l'Ambassadeur de la Principauté de Monaco auprès des Nations Unies et Madame Jacques L. Boisson avaient organisé en Son honneur et auquel était associé l'ensemble des membres de la délégation monégasque.

Cette session extraordinaire a réuni les représentants de plus de 180 pays dont près de 70 chefs d'Etats et de Gouvernement et près de six mille représentants du monde des affaires, de la culture, des arts, des milieux universitaires, religieux, associatifs et d'organisations non-gouvernementales.

Au terme de la session, vendredi soir, les 189 Etats membres des Nations Unies ont adopté à l'unanimité un plan d'action en 21 points. Le document de 24 pages, intitulé "Un monde digne pour les enfants", dégage quatre priorités : la santé, l'éducation, la protection contre les abus de toute nature, l'exploitation et la violence, la lutte contre le sida.

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