Deuxième Rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco (22-23 juin 2019)
La « 2e Rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco » est organisée le samedi 22 et dimanche 23 juin 2019 sur la place du Palais princier.
Durant ces deux jours, le pays de Matignon, situé en Bretagne (Côtes-d'Armor), le duché de Valentinois, dont la principale ville est Montélimar (Drôme), la commune de Dolceaqua (Imperia, Italie), et la ville de Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), sont mis à l'honneur, au travers notamment d'animations, de danses et de musiques folkloriques, de jeux pour enfants et de stands d'artisanats ainsi que de spécialités locales.
Le 22 juin, à 10 h 45, S.A.S. le Prince Souverain sort du Palais, accompagné du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac et du lieutenant-colonel Philippe Rebaudengo, Ses aides de camp. Il est accueilli par M. Georges Marsan, maire de Monaco, et M. Albert Croesi, directeur de Monaco Inter Expo, en charge de l'organisation des Rencontres des Sites historiques Grimaldi de Monaco, sur une scène installée sur la place du Palais pour l'occasion.
Après un discours de M. Georges Marsan, le Souverain prend la parole, ouvrant officiellement l'évènement :
« Excellences,
Mesdames et Messieurs les maires, élus et représentants des sites historiques,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Merci beaucoup, Monsieur le Maire de Monaco – cher Georges Marsan – de vos mots d'accueil et de la mobilisation de vos collaborateurs pour la réussite de ces journées.
Comme un deuxième rendez-vous, une deuxième rencontre est toujours décisive.
Les premières fois mêlent souvent enthousiasme, fébrilité et espérance de tous les possibles. Les deuxièmes fois doivent confirmer ou infirmer les promesses des premières.
Pour ma part, je ne doute pas. Cette deuxième fois, cette deuxième rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco, préparée sous la houlette toujours efficace de l'équipe de Monaco Inter Expo, dirigée par Albert Croesi, confirmera les belles promesses de la première édition.
Je crois le rendez-vous maintenant bien installé, à cette date, sous cette forme, et pour quelques années, le temps au moins de mener à terme un premier cycle d'invitations des principales collectivités historiquement liées, en France et en Italie, à ma famille et à la Principauté.
Cette deuxième rencontre gagne en maturité, en taille, et a même pris un peu d'embonpoint, comme en témoignent les différentes installations qui occupent une place plus importante sur la place du Palais. J'en suis heureux.
La gastronomie des régions est désormais bien mise à l'honneur. Nous pourrons l'apprécier dans quelques minutes, lorsque sera venu le temps des nourritures terrestres, après quelques rapides considérations sur ce qui nous rassemble durant ces deux jours.
Les différents sites historiques ont bien sûr des liens avec les Grimaldi et Monaco d'origines et d'anciennetés variées.
Pour nous rapprocher et construire une histoire un temps commune, il a parfois fallu :
• un mariage – c'est le cas du pays de Matignon en 1715 ;
• un traité diplomatique – c'est le cas de l'ancien duché de Valentinois en 1641-1642 ;
• un achat pour construire une souveraineté viable – c'est le cas de Roquebrune en 1355 ;
• ou même un événement tragique – c'est le cas de Dolceacqua en 1523.
Je ne rentrerai pas plus dans les détails : c'est le rôle du spectacle « son et lumière », que nous verrons projeté sur la façade du Palais ce soir, de mettre en perspective, dans le cours des sept siècles de présence de ma famille sur le Rocher, les moments de l'histoire auxquels se rattachent les territoires invités.
Mais finalement, ce qui réunit ces espaces divers, ce qui nous réunit tous aujourd'hui, c'est l'amitié :
• l'amitié que je perçois lors de mes visites régulières dans les régions, et qui, à travers ma personne, est manifestée à la Principauté par les forces vives locales et la population ;
• mais aussi l'amitié que je souhaite, en retour, vous manifester, au nom de la Principauté, en vous accueillant ici, et en donnant ainsi à voir, à nos résidents et à nos visiteurs, le meilleur de vos territoires.
Je suis très sensible, Monsieur le Maire, cher Georges Marsan – vous venez vous-même de l'évoquer – à votre initiative de faire jouer par un élève de l'Académie de musique, à l'occasion de cette cérémonie d'ouverture, la pièce de clavecin spécialement composée par François Couperin pour une fille du prince Antoine Ier.
L'évocation en musique de cette « muse de Monaco », que son père avait lié symboliquement à la cité de Chabeuil, fief du Valentinois, va résonner, dans quelques instants, comme le symbole d'une histoire partagée et le signal d'un temps présent à partager.
Cela me rappellera avec plaisir la journée du 17 mai 2013, lorsque nous avions inauguré ensemble, Monsieur le Maire, cher Pascal Pertusa, une place « Marie-Pelline Grimaldi de Monaco, demoiselle de Chabeuil », ou celle du 21 octobre 2017, lorsque vous m'avez accueilli une deuxième fois dans votre commune, pour m'introniser dans la Confrérie du taste caillette.
Comme j'avais déjà été accueilli dans la Confrérie de la défarde crestoise en 2013 – merci encore, Monsieur le Maire, cher Hervé Mariton, pour cette expérience en pays, pour moi un peu exotique, des abats – je ne pouvais qu'accepter avec plaisir – dans un souci d'absolue équité drômoise – la généreuse proposition que vous m'avez faite, Monsieur le Maire de Montélimar, cher Franck Reynier, de rejoindre aujourd'hui la Confrérie du nougat.
L'éloge de ces spécialités locales peut faire sourire. Mais elles sont toutes des expressions du patrimoine culturel et de l'identité de chacune de ces communes ou collectivités.
Leur seule évocation ouvre en tout cas nos appétits, surtout à cette heure. Et encore n'ai-je pas encore cité les galettes-saucisses bretonnes du pays de Matignon, les fameuses formes des « Michette » de Dolceacqua ou les amandrines de Roquebrune.
Ces spécialités sont, à mes yeux, des ambassadeurs d'excellence car, bien souvent, elles participent de la qualité et de la vitalité de la filière agroalimentaire locale.
Je souhaite que tous les Monégasques, habitants et amis de Monaco deviennent à leur tour, après avoir profité des différents pavillons installés sur la place, des visiteurs et des ambassadeurs de vos régions.
Pour ne pas retarder davantage le moment, que chacun attend désormais impatiemment, de la découverte des ateliers d'artisanat, de gastronomie et de jeu, et en vous remerciant d'être déjà tous des ambassadeurs de bonne volonté de la Principauté – donc du barbajuan national – je déclare officiellement ouverte cette 2e Rencontre des Sites historiques Grimaldi de Monaco ! ».
S.A.S. le Prince et M. Albert Croesi remettent les plaques commémoratives émaillées aux maires des communes invitées.
Puis une animation musicale est proposée par un claveciniste, élève de l'Académie de musique. Est exécutée la pièce intitulée La Princesse de Chabeuil ou La Muse de Monaco (15e ordre, 3e livre, 1722), composée par François Couperin pour la fille du prince Antoine Ier, Marie-Pelline (1708-1726), dite Mademoiselle de Chabeuil.
Les Enfants princiers, S.A.S. le Prince héréditaire Jacques, marquis des Baux, et S.A.S. la Princesse Gabriella , comtesse de Carladès, rejoignent ensuite le Souverain, qui est intronisé dans la Confrérie du nougat de Montélimar.
S.A.S. le Prince visite longuement les divers stands d'animations artisanales et gastronomiques, goûtant les spécialités locales proposées par les anciens fiefs. Il se rend également sur le stand de l'Institution François d'Assise - Nicolas Barré, dont des professeurs d'histoire et un professeur d'arts plastiques ont préparé un jeu de l'oie avec des questions de connaissance et de découverte, et dont le tapis de jeu permet de parcourir les différents sites Grimaldi de Monaco, français et italiens.
Les animations se poursuivent toute la journée.
À 19 h, les maires des anciens fiefs et cent soixante invités se rendent sur l'esplanade de la nouvelle aile du Palais. Le Souverain les accueille, avant de prononcer un discours :
« Monsieur le Ministre d'État,
Monseigneur l'Archevêque,
Monsieur le Président du Conseil national,
Excellences,
Monsieur le Vice-Président de l'Assemblée nationale française,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs, membres du groupe d'amitié France-Monaco,
Monsieur le Président de l'Association Sites historiques Grimaldi de Monaco,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord saluer chaleureusement la délégation de sénateurs français, membres du groupe d'amitié France-Monaco, qui a choisi d'effectuer, à l'occasion de la manifestation festive qui nous réunit ce soir, une visite d'étude en Principauté. Je vous remercie de cette initiative, Madame la Présidente, chère Colette Giudicelli.
Plusieurs des membres de votre groupe représentent, en effet, des territoires historiquement liés à mes aïeux.
Mais ce qui rapproche vraiment votre haute assemblée de ma famille – le président Larcher le rappelait il y a quelques semaines lors de sa venue à Monaco –, c'est la figure du prince Honoré V.
Lors de la Restauration en 1814, comme héritier de l'une des pairies de 1789, le duché de Valentinois, mon lointain prédécesseur est nommé, par le roi Louis XVIII, membre de la Chambre des pairs, chambre haute de la monarchie constitutionnelle.
Esprit philanthrope, il intervient souvent à la tribune, sur des sujets économiques et sociaux notamment, adoptant une ligne légitimiste d'ouverture, proche du positionnement de Chateaubriand, dont il partage quasiment la génération et la trajectoire :
« Je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue. ».
Ces paroles sont du vicomte malouin, extraites des dernières pages des Mémoires d'outre-tombe – dont l'évocation ne déplaira pas, je l'espère, aux nombreux Bretons présents ce soir –. Ces mots auraient pu être écrits par Honoré V.
Je ne doute pas que sa singularité de parlementaire français et de souverain étranger sera particulièrement mise à l'honneur lorsque l'exposition « Princes et princesses de Monaco. Une dynastie européenne », initialement produite pour la Cité interdite de Pékin, sera accueillie au Musée du Luxembourg, à la fin de l'année 2020.
J'aurai alors grand plaisir à revoir cette belle fresque historique, chez vous, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, dans ce lieu si signifiant pour notre histoire partagée.
En attendant cette nouvelle rencontre, je veux vous exprimer publiquement, et, à travers vous, à toute votre haute assemblée, ainsi qu'à l'ensemble du parlement français, mes sincères remerciements pour l'attention constante que vous portez, lors des débats de ratification d'accords conclus entre le gouvernement de la République et mon gouvernement, au maintien de l'excellence de la relation franco-monégasque.
J'y suis moi-même très attaché.
C'est dans ce même souci de faire vivre, au-delà de l'évocation et de l'invocation rituelle, notre « communauté de destin », aussi bien dans sa profondeur historique, géographique, que dans sa nécessaire actualisation, que je m'efforce de porter un regard bienveillant à toutes les collectivités locales que le temps a liées à Monaco.
À l'invitation de leurs représentants, je leur rends régulièrement visite, avec grand plaisir, découvrant non seulement les traces laissées par mes ancêtres, mais aussi l'opiniâtre esprit d'innovation qui, en dépit des difficultés d'adaptation, anime jusqu'au plus périphérique des territoires français. Je pense, en particulier, à toutes les initiatives liées à la transition énergétique, auxquelles je suis particulièrement attentif.
C'est cet esprit de mise en valeur de l'excellence de nos « anciens fiefs » – comme nous les appelons affectueusement et sans nostalgie – qui sous-tend la volonté d'organiser à Monaco ces rencontres des sites historiques Grimaldi.
Monaco Inter Expo, qui est rompu à l'exercice de présentation de la Principauté dans les expositions internationales, avait toutes les compétences pour accomplir cette tâche. Je renouvelle mes remerciements à son équipe, dirigée par Albert Croesi.
Comme j'exprime de nouveau ma gratitude à l'Association des Sites historiques, créée en 2015 à l'initiative du président du groupe d'amitié à l'Assemblée nationale, que vous étiez alors, Monsieur le Maire de Menton, cher Jean-Claude Guibal, et que vous continuez à animer avec beaucoup de conviction et de fidélité.
Je sais que vous avez tenu, cet après-midi même, en mairie de Monaco, un conseil d'administration du réseau. Comme l'on se retrouve au sein d'une grande famille, il est important de se donner plusieurs rendez-vous dans l'année. Nous nous sommes ainsi plusieurs fois retrouvés, au cours de l'année passée, pour dévoiler les panneaux signalétiques d'entrée d'agglomération.
Ces manifestes d'appartenance, élégants et visiblement appréciés, pourront sans doute être complétés par de petits supports de communication, afin de fournir des éléments de compréhension simples et efficaces aux visiteurs et aux habitants des communes. Je crois que vous y travaillez déjà, soyez en remerciés.
Avant de voyager dans le temps tout à l'heure, grâce au son et lumière historique projeté sur la façade du Palais, c'est à un véritable tour de France... et d'Italie, que les chalets installés sur la place du Palais nous ont invités.
J'ai apprécié de faire ce tour, parmi les chalets, au moment du déjeuner. Je ne vous indiquerai pas mon podium personnel des spécialités bretonnes, drômoises, roquebrunoises ou liguriennes. Elles sont toutes sur la plus haute marche.
Mais je peux, pour conclure et en vous souhaitant une excellente soirée, vous révéler qu'en 2020, pour la troisième rencontre des sites historiques Grimaldi de Monaco, nous voyagerons en Normandie, dans la Manche ; dans l'Est belfortin ; et chez nos chers voisins de Peille.
Excellente soirée.
Je vous remercie. ».
Un court récital de piano est donné par la jeune monégasque Stella Almondo, et un cocktail est servi aux invités.
À 22 h 15, S.A.S. le Prince se rend à la caserne des carabiniers de la place du Palais, où Il est accueilli par le colonel Tony Varo, commandant supérieur de la Force Publique. Il assiste, en compagnie des Enfants princiers, de la famille de Massy et des maires, à un spectacle son et lumière, projeté sur la façade du Palais, retraçant l'histoire de la Principauté et des fiefs invités, conçu avec le conseil historique de M. Thomas Fouilleron, directeur des archives et de la bibliothèque du Palais princier.