Commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale
S.A.S. le Prince Souverain a effectué plusieurs déplacements mémoriels depuis le début de la période de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale.
Ainsi, le 1er octobre 2015, accompagné par le lieutenant-colonel Laurent Soler, Son chambellan, M. Didier Gamerdinger, conseiller au Cabinet princier, et M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais, le Prince est accueilli par M. Jean-François Copé, député-maire de Meaux, ancien ministre, président de l'agglomération du pays de Meaux (Seine-et-Marne), au Musée de la Grande Guerre. Accompagné de M. Jean-Pierre Verney, historien à l'origine de la collection, et de M. Michel Rouger, directeur du musée, Son Altesse Sérénissime découvre les 3.000 m² d'exposition, située sur le territoire de la première bataille de la Marne en 1914.
Le 28 octobre 2016, accompagné par le lieutenant-colonel Laurent Soler, Son chambellan, le colonel Luc Fringant, commandant supérieur de la Force publique, premier aide de camp, et M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais, Il Se rend à Verdun, ville honorée par le prince Louis II de la croix de chevalier de l'ordre de Saint-Charles en 1929\. Accueilli par M. Claude Léonard, président du Conseil départemental de la Meuse, M. Samuel Hazard, maire de Verdun, et par le colonel Alain Artisson, directeur de la mission histoire au Conseil départemental de la Meuse, le Souverain visite d'abord, au Centre mondial de la paix, l'exposition « Que reste-t-il de la Première Guerre mondiale ? », guidé par Mme Véronique Harel. Le Prince est accueilli l'après-midi par Mgr Jean-Paul Gusching, évêque de Verdun, à l'ossuaire de Douaumont, sur la façade duquel figure le nom de Monaco et les armes des Grimaldi, car le prince Louis II avait tenu à participer au financement du monument. Le Souverain visite ensuite le fort de Douaumont et le nouveau Mémorial de Verdun, récemment inauguré à l'occasion du centenaire de la fameuse bataille. La journée s'achève sur la butte de Vauquois, lieu symbole de l'acharnement des combats.
Le centenaire de la bataille du Chemin des Dames revêtait une importance particulière en raison de l'engagement du prince Louis II, arrière-grand-père du prince Albert II, dans cette bataille, engagée le 16 avril 1917, et la distinction de son action par une citation à l'ordre du corps d'armée.
Le 18 avril 2017, venant du château de Marchais, S.A.S. le Prince Albert II Se rend à Cerny-en-Laonnois (Aisne), pour un moment de recueillement dans la chapelle-mémorial de la bataille du Chemin des Dames, dont Il a contribué à financer les nouveaux vitraux. Accompagné par le lieutenant-colonel Laurent Soler, Son chambellan, M. Didier Gamerdinger, conseiller au Cabinet, M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais, et M. Nicolas Saussier, chef du service de presse du Palais, Il est accueilli, peu avant 10 h, par M. Nicolas Basselier, préfet de l'Aisne, M. Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemental de l'Aisne, le général d'armée Elrick Irastorza, président de la mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale, M. Claude Vuaroqueaux, maire de Cerny-en-Laonnois, le colonel Jérôme Bouju, délégué militaire départemental de l'Aisne, chef de corps du 94e régiment d'infanterie, le lieutenant-colonel Daniel Cian, délégué militaire départemental adjoint de l'Aisne, Mme Jacqueline Dufayot de la Maisonneuve, présidente du comité du mémorial du Chemin des Dames, le colonel Alain Artisson (er), chef de la mission histoire du Conseil départemental de la Meuse. Une des verrières réalisées par Mme Élodie Lemaître, de l'atelier Berthelot de Saint-Pierre-Aigle, porte l'inscription « Don de S.A.S. Albert II Prince de Monaco 2017 ».
Le Prince et Sa délégation arrivent vers 11 h à Jonchery-sur-Vesle (Marne), où était installé le quartier général de la 5e armée de l'automne 1914 au printemps 1918\. Le prince héréditaire Louis y a été affecté comme officier d'état-major et de liaison. Ils étaient accueilli par M. Denis Conus, préfet de la Marne, Mme Catherine Vautrin, députée de la Marne, présidente de la communauté urbaine de Reims-métropole, ancienne ministre, M. Arnaud Robinet, député-maire de Reims, et M. Michel Hannotin, maire de Jonchery-sur-Vesle. M. Jean-Pierre Mabillon, président de l'E.S.A.T. « La Jonquière », fait visiter son établissement. Pendant la Grande Guerre, le bâtiment abritait les bureaux de l'état-major de la 5e armée. Une photo est prise sur le perron autour du Prince, à l'endroit où les photos d'état-major avec le prince Louis avaient été faites en 1914 et 1916, autour du général Franchet d'Espèrey.
Le Souverain Se rend ensuite à pied, en saluant la population locale, à la Médiathèque municipale de la commune pour inaugurer une exposition préparée par les Archives du Palais princier, intitulée « Un prince engagé volontaire. Louis II de Monaco soldat de la Grande Guerre ». M. François Cochet, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Metz, membre du conseil scientifique national de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, et M. Thomas Fouilleron guident le Prince en son sein. Le catalogue de cette exposition, qui a été également présentée à Monaco, au Théâtre Princesse Grace, du 20 septembre au 19 novembre 2017, a été inséré dans le numéro 41 des Annales monégasques (www.annales-monegasques.mc), paru en novembre 2017\.
Après la visite commentée, l'ensemble des autorités présentes se rendait dans la salle polyvalente voisine, située dans le parc où le général Franchet d'Espèrey avait sa résidence. M. Michel Hannotin, maire de Jonchery-sur-Vesle, le général Irastorza et enfin S.A.S. le Prince prennent la parole. Le Souverain prononce les paroles suivantes :
« Monsieur le Préfet,
Madame la Ministre,
Monsieur le Député,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais, Monsieur le Maire, vous remercier pour la cordialité de votre accueil et la chaleur des échanges noués, à votre initiative, avec la population. Votre invitation me touche particulièrement en ce qu'elle s'inscrit dans le cadre d'un projet qui me tenait tellement à cœur. Cent ans après la Première Guerre mondiale, j'ai souhaité en effet engager une démarche personnelle sur les lieux emblématiques de ce conflit planétaire qui a tant meurtri les corps et les âmes. Ce parcours mémoriel m'a conduit les années précédentes au Musée de la Grande Guerre à Meaux en 2015, puis à Verdun et dans la Meuse en 2016 sur les sites des principaux combats, Douaumont et la Butte de Vauquois notamment.
Après l'accueil dans votre commune, je me rendrai à la Caverne du Dragon et sur le Chemin des Dames, où était située l'une des terribles lignes de front de l'époque. Je connaissais bien sûr cette région pour les raisons que vous devinez. Je désirais m'imprégner davantage de l'atmosphère de ces territoires aujourd'hui apaisés mais où se sont noués des drames humains il y a quelques générations seulement.
Je voulais mieux comprendre la succession des évènements ayant conduit à l'affrontement total et effroyable de peuples aujourd'hui heureusement réconciliés. Mon trisaïeul, le Prince Albert Ier, pacifiste convaincu, n'a pas réussi malgré ses efforts à éviter cet embrasement. Son fils, le Prince Héréditaire Louis a décidé de servir pour défendre la France.
Mon histoire familiale me conduit ainsi jusqu'à vous. L'exposition préparée par les Archives du Palais, que vous avez souhaité accueillir, M. le Maire, et que nous venons d'inaugurer, parcourt les quatre années passées dans votre commune par mon arrière-grand-père le Prince Louis entre 1914 et 1918\. Pour en rendre compte des objets personnels, des correspondances et des photographies ont été utilisés. Bien qu'ayant fait sa formation militaire dans l'armée française, mon bisaïeul aurait très bien pu ne pas se sentir concerné par le conflit qui commençait en août 1914\. Il avait quitté l'armée depuis quinze ans, son pays était neutre, son père soutenait ardemment l'idée d'un monde en paix ; sa fille était adolescente et il était l'héritier direct du trône. Estimant qu'il aurait été « peu digne » de sa part « de rester inactif » et de ne pas se rendre utile en montrant son « attachement » à sa « seconde patrie », le Prince Louis a demandé à s'engager volontairement. Affecté à l'état-major de la 5e armée, il a voulu connaître la première ligne et a accompli, durant tout le conflit, la mission exposée d'officier de liaison entre le quartier général et les tranchées.
Quand, il y a cent ans quasiment jour pour jour, a été lancée la grande offensive du Chemin des Dames et que chaque mètre gagné sur l'ennemi a coûté des dizaines de vies, l'hécatombe humaine a porté un coup décisif au moral des combattants. Dans ces circonstances, à en croire ses chefs, le Prince Louis a « toujours été prêt à marcher pour toutes les missions » sur les pentes du funeste plateau de Craonne. Soldat presque comme les autres, témoin de tous les aspects du conflit : aérien, mécanique, cosmopolite, ayant partagé à la fois la convivialité de l'engagement patriotique et l'effroi de ce qu'est véritablement la guerre, mon bisaïeul le Prince Louis avait gardé de l'expérience combattante des fidélités amicales durables qui transcendaient les couches de la société.
En acceptant votre invitation, Monsieur le Maire, j'ai voulu rendre un hommage à la fois personnel et public à l'exemple que constitue ce parcours. Il n'a rien en soi d'extraordinaire mais il nous enseigne une certaine idée du devoir, de l'engagement au service de valeurs à défendre, hier comme aujourd'hui.
En pensant aux hommes du Chemin des Dames, je ne voudrais pas oublier le nom d'un carabinier du Prince, français, mobilisé par son pays en 1914\.
Le sous-lieutenant Simon Grac, le 16 avril 1917, « a pris le commandement de sa compagnie […] alors que son capitaine venait d'être tué et les autres officiers blessés ». Il « a réussi à prendre pied dans la ligne ennemie, s'y est maintenu et a fait neuf prisonniers ». Cité à l'ordre de sa division, il est tué quelques mois plus tard, dans la Somme, à 31 ans. Il fait partie des huit carabiniers de la Compagnie des Carabiniers du Prince de Monaco morts au champ d'honneur, auxquels il est rendu hommage par la garde montante, chaque jour à 11 h 55, dans la caserne de la place du Palais. Je n'oublie pas non plus les treize militaires de la Compagnie des Sapeurs-Pompiers de Monaco tombés eux aussi au champ d'honneur lors de ce conflit.
Je ne peux, enfin, ne pas penser à l'expérience de la guerre d'un autre « enfant de Monaco », le poète Guillaume Apollinaire. Il a été grièvement blessé au Bois des Buttes, au pied du Chemin des Dames, le 18 mars 1916\. Evacué à Jonchery le surlendemain, Jamais vraiment remis, il mourra de la grippe espagnole deux jours avant l'armistice, le 9 novembre 1918\. L'écrivain avait été scolarisé au collège Saint-Charles à Monaco de 1888 à 1895\. Il est l'auteur d'un très profond poème sur les épouvantables tranchées que je voudrais partager avec vous, je le cite :
“Ô jeunes gens je m'offre à vous comme une épouse
Mon amour est puissant j'aime jusqu'à la mort
Tapie au fond du sol je vous guette jalouse
Et mon corps n'est en tout qu'un long baiser qui mord”.
Je vous remercie de votre attention. »
Un échange de cadeaux a lieu et S.A.S. le Prince dévoile une plaque commémorative de Son passage, rappelant la présence de Son bisaïeul dans la commune de 1914 à 1918\.
À 13 h, un déjeuner privé, regroupe au château de Courcelles-sur-Vesle (Aisne), autour de S.A.S. le Prince et à Son invitation, MM. Nicolas Basselier, Denis Conus, Nicolas Fricoteaux, Michel Hannotin, Mme Marie-Christine Hallier, le général d'armée Elrick Irastorza, les colonels Jérôme Bouju et Alain Artisson, le lieutenant-colonel Laurent Soler, MM. Didier Gamerdinger, Thomas Fouilleron, Nicolas Saussier et André Saint-Mleux.
Après le déjeuner, le Souverain Se rend dans la commune d'Oulches-la-Vallée-Foulon (Aisne), où est située la Caverne du Dragon, systèmes de galeries construits par les Français et les Allemands de part et d'autre de la ligne de crête, et qui abrite le Musée du Chemin des Dames. Il est accueilli par le président du Conseil départemental et par M. Denis Defente, conservateur des musées et de l'archéologie auprès du Conseil départemental de l'Aisne. La visite est guidée par M. Vincent Dupont, doctorant en histoire. À l'issue de la visite, S.A.S. le Prince signe le livre d'or de l'institution et un échange de cadeaux a lieu.
Le cortège princier parcourt ensuite en voiture la route du Chemin des Dames, sur le plateau de Californie. Un arrêt est marqué au niveau de l'arboretum de l'ancien village et de la tour-observatoire de Craonne. De son sommet, le Souverain Se fait expliquer l'intérêt stratégique du secteur et les principales opérations.
À 18 h, S.A.S. le Prince arrive, pour une prise d'armes, au monument national des chars d'assaut de Berry-au-Bac (Aisne), où a eu lieu, cent ans auparavant, la première offensive blindée de l'histoire militaire française. Il est accueilli par le préfet de l'Aisne, par Madame Marie-Christine Hallier, maire de la commune, et par le général Irastorza. Les honneurs sont rendus par un groupe de combat et un clairon du 94e régiment d'infanterie. La Marseillaise est chantée par les enfants des écoles. Le lieutenant-colonel Henri Caron (er), vice-président du Comité du mémorial du Chemin des Dames, donne des explications sur le char Schneider installé près du monument.
À 18 h 30, un vin d'honneur réunit, à la mairie de Berry-au-Bac, autorités civiles et militaires ainsi que la population. Après un mot d'accueil de Madame le Maire, un échange de cadeaux a lieu. Le Souverain peut alors échanger avec l'ensemble des présents. Avant de quitter Berry-au-Bac vers 19 h 30, Il signe le livre d'or de la commune, et regagne le château de Marchais.
Le 18 juillet 2017, S.A.S. le Prince Souverain se rend de nouveau dans le secteur historique du Chemin des Dames, à Cormicy (Marne), à l'invitation de l'association mémorielle locale « Cormicy, ma ville, son histoire », pour inaugurer un pupitre signalétique marquant l'emplacement d'un observatoire militaire situé sur la côte 186, lieu stratégique pendant la Première Guerre mondiale, où le prince Albert Ier, en visite sur le front français, et son fils le prince héréditaire Louis, étaient passés le 9 août 1916.
Venant du château de Marchais, le Prince arrive à 10 h 30, accompagné par son chambellan, le lieutenant-colonel Laurent Soler, M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier, et M. Nicolas Saussier, chef du service de presse du Palais princier. Il est accueilli par M. Dominique Decaudin, maire de la commune, et par Mme Marie-Noëlle Boulard, présidente de l'association. Le Souverain est invité à emprunter à pied un chemin forestier, sur environ 700 m, jusqu'au site. Mme Marie-Noëlle Boulard propose un tour d'horizon au Prince, Lui indiquant l'emplacement des anciennes tranchées jusqu'à la crête, aujourd'hui partiellement masquée par la végétation. Elle rappelle que Sapigneul, petit hameau de Cormicy, qui surplombe le passage de la rivière et du canal de l'Aisne, a été entièrement détruit en 1917\.
M. Bernard Robert, vigneron et passionné d'histoire, montre au Souverain, à proximité du blockhaus, une coupole métallique ayant la forme d'un casque, d'où l'utilisation courante de ce nom pour désigner l'endroit. C'est la partie visible d'une casemate d'observation, relativement étroite, dans laquelle le Prince est invité à s'installer. Avant que M. Fouilleron fasse lecture du récit de la journée du 9 août 1916 dans le journal du prince Albert Ier, le Souverain dévoile le pupitre préparé par l'association du patrimoine « Cormicy, ma ville, son histoire » et l'association « La baïonnette ». Composé d'un plateau d'environ un mètre carré, il rappelle, en français et en anglais, ce que fut la mission de cet observatoire de la côte 186 et les caractéristiques de l'ouvrage. Six photographies d'époque illustrent cette description ; l'une d'elles représentant la visite du prince Albert Ier et du prince héréditaire Louis.
Au retour vers le bourg, Mme Marie-Noëlle Boulard invite le Souverain et Sa délégation à s'arrêter dans la propriété familiale de champagne, dite Boulard-Bauquaire, située à quelques centaines de mètres. Dans une ambiance détendue et conviviale, le Souverain est accueilli par une cinquantaine de personnes, pour partager le verre de l'amitié. À 12 h, le Souverain prend congé de ses hôtes et regagne le château de Marchais.