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LE VIIIe SOMMET DE LA FRANCOPHONIE

  • N° journal 7409
  • Date de publication 24/09/1999
  • Qualité 100%
  • N° de page 1349
Le VIIIe Sommet de la Francophonie réunissant les Chefs d'Etat et de Gouvernement ayant le Français en partage s'est tenu à Moncton (Canada) du 3 au 5 septembre 1999. S.A.S le Prince Héréditaire Albert a prononcé l'allocution de présentation du volet économique du Sommet. Le Prince Héréditaire s'est exprimé en ces termes :

Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d'abord saluer nos Hôtes canadiens et leur dire combien je suis sensible, ainsi que toute la délégation monégasque, à la chaleur de leur accueil en cette terre d'Acadie riche d'une longue tradition de culture francophone, mais réputée aussi, et à juste titre, pour la généreuse hospitalité de ses habitants.

Nous savons tous ici que la Francophonie a, dès l'origine, soutenu l'idée toujours vivace et indispensable d'un développement durable et solidaire ; elle a engagé dans cette perspective des actions qui font partie intégrante, et je dirais même qui constituent l'essentiel, des programmes auxquels les Etats participent.

Cependant, les mécanismes de l'Economie internationale se modifient sous nos yeux de manière continue. Nous savons qu'ils se caractérisent désormais par une tendance à la mondialisation accrue des échanges et de la vie des entreprises, ce que le développement des technologies de l'information tend encore à accentuer. Ce phénomène incontournable provoque, en retour, des efforts d'intégration régionale ainsi qu'une revendication plus forte d'identité culturelle. Toutes ces tendances remettent en question la primauté, naguère incontestable, du rôle des Etats dans le fonctionnement des économies. L'Etat omniprésent, noyau dur de tous les échanges, cède la place à un Etat recentré sur des fonctions de régulation des échanges marchands, mais dont l'intervention directe dans les circuits économiques est de plus en plus mesurée.

Une actualisation de nos réflexions était donc devenue nécessaire. La diversité de notre Communauté constitue d'ailleurs un atout pour l'analyse de ces problèmes et notre très grande "représentativité économique", liée à nos diversités et au poids que nous représentons, donne de la pertinence aux propositions que nous pouvons faire.

A Hanoï, à l'initiative des Autorités vietnamiennes que je tiens à remercier particulièrement, nous avons donc décidé de réunir une Conférence Ministérielle dédiée aux questions économiques afin de faire entendre plus fort la voix de notre Organisation dans un domaine qui n'avait pas constitué, jusque-là, le coeur de ses préoccupations.

La Conférence qui s'est tenue à Monaco en Avril de cette année sur le thème du Commerce et de l'Investissement a fourni le cadre de cette nécessaire actualisation.

C'est dans la perspective d'une acceptation raisonnée et raisonnable du processus de Mondialisation en cours que nos Ministres ont organisé leurs réflexions et formulé des propositions qui, toutes, tendent au même but : permettre au plus grand nombre possible de nos Pays de participer pleinement au système du commerce mondial .

En ce sens, la formation des acteurs économiques, publics et privés dans le domaine des technologies nouvelles et du commerce international revêt une importance capitale.

De même, les évolutions en cours dans le monde de l'Economie font ressentir la nécessité, pour tous nos Pays, de partager l'information et d'organiser fortement une concertation qui nous soit propre avant chacune des grandes échéances mondiales. Le prochain cycle du Millénaire que l'Organisation Mondiale du Commerce ouvrira à la fin de cette année, offre une occasion de mettre en pratique, en marge d'une négociation internationale de grande importance, cette volonté de concertation.

C'est dans cet esprit que la Principauté entend participer à la mise en place à Monaco d'un dispositif d'information économique, dont l'objectif est de favoriser l'émergence et la visibilité internationale de l'Espace francophone de coopération économique. Je suis heureux que la création de ce Centre ait été approuvée par la Conférence ministérielle et figure dans le Plan d'action de Moncton. Je puis vous assurer que Monaco fera tout le nécessaire pour que son installation et sa mise en oeuvre aient lieu dans les délais les plus rapides. Afin de mieux réunir les volontés et les énergies nécessaires à sa pleine efficacité, ce Centre, s'appuiera par ailleurs sur toutes les sources d'information économique francophones existantes, dont naturellement le Forum Francophone des Affaires. Je saisis cette occasion pour inviter tous les Etats et Gouvernements qui le souhaitent à nous apporter leur aide en vue de la mise en place de ce nouvel instrument de coopération.

En outre, pour contribuer à une meilleure prise en compte et à une connaissance mutuelle des réalités économiques des différents Pays francophones, Monaco réitère également sa disponibilité pour organiser, sur son territoire, toutes conférences ou rencontres d'ordre général ou spécialisé dans certains secteurs, comme le tourisme ou les nouvelles technologies.

Ces manifestations pourraient réunir des acteurs économiques privés ou publics, des universitaires, des experts et des décideurs politiques, selon l'idée qui a été développée à Monaco et ici même par M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Il s'agit en effet de faire en sorte que la société civile participe plus pleinement à notre réflexion et aux orientations de notre action.

Ces propositions reflètent un souci constant de conduire des actions concrètes où apparaisse une plus-value offerte par le savoir-faire de nos opérateurs économiques.

Mais, comme je le laissais entendre à l'instant, la Francophonie marque aussi son attachement à l'idée, essentielle, d'une maîtrise des effets de la mondialisation, afin que le Développement qu'elle induit profite aux populations de tous nos Pays et ne soit pas une source d'aggravation des inégalités.

Car notre Communauté doit aussi s'attacher à infléchir les évolutions susceptibles de peser sur la situation des Pays les plus faibles, et, partout, de menacer les conditions d'existence de populations dont nous connaissons trop souvent la très grande vulnérabilité.

Ainsi, nous devons réaffirmer que la lutte contre la grande pauvreté, le maintien de l'Aide Publique au Développement et un traitement généreux de la Dette sont indispensables pour que de grandes difficultés sociales ne viennent pas annuler les bénéfices que la Mondialisation procure à nos Economies, prises dans leur globalité, mais toujours en premier lieu à leurs secteurs les plus dynamiques.

Des Administrations publiques efficaces sont donc, dans ce cadre nouveau que nous voyons naître et prendre corps sous nos yeux, plus que jamais indispensables. Leur mission fondamentale sera d'oeuvrer au maintien et à l'amélioration des services sociaux essentiels, à l'édification des infrastructures qui accompagnent le développement ainsi qu'à la création d'un environnement propice à la croissance des entreprises.

Enfin, nous devons sans doute considérer que la libéralisation des échanges, pour favorable qu'elle soit à l'Economie mondiale, ne sera acceptée par les peuples que si ces derniers peuvent préserver ce qu'ils considèrent comme leur identité. C'est tout le sens de l'indispensable combat pour la diversité culturelle. De même, les processus volontaires d'intégration régionale, quelle que soit la forme qu'ils revêtent, peuvent constituer un chemin plus aisé vers l'internationalisation des économies.

Mon Pays continuera de participer aux réflexions et aux programmes de la Francophonie, dans l'esprit des considérations que je viens d'exposer. J'ajouterai simplement que je suis particulièrement sensible à la thématique de la Jeunesse, que le Sommet de Moncton a retenue. Notre rencontre ne sera une réussite que si les jeunes d'aujourd'hui s'intéressent à la Francophonie, s'ils la considèrent comme un enjeu important pour l'avenir. Il nous appartient d'adresser à tous les jeunes de la Francophonie un message les appelant à partager nos valeurs de solidarité et de justice, comme nos projets dans le domaine du développement durable et équitable.

Je tiens enfin, en conclusion, à rendre hommage à M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de notre Organisation, pour son enthousiasme et le rôle éminent qu'il joue dans l'accomplissement des missions de la Francophonie et sa reconnaissance internationale.
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