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Déplacement de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II en Nouvelle-Aquitaine (4-5 juillet 2017)

  • No. Journal 8435
  • Date of publication 24/05/2019
  • Quality 100%
  • Page no.

S.A.S. le Prince Albert II, dans le cadre de Ses déplacements sur des territoires fortement liés à l'histoire de Sa famille, se rend en Nouvelle-Aquitaine du 4 au 5 juillet 2017.
Il est accompagné de M. Georges Lisimachio, Son chef de Cabinet, du lieutenant-colonel Laurent Soler, Son chambellan, de M. Pierre Lurton, consul honoraire de Monaco à Bordeaux, de M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier de Monaco, et du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, Son aide de camp.
Dans la matinée du 4 juillet 2017, après une brève étape au château de Bellevue, où L'accueille M. Yves d'Amecourt, maire de Sauveterre-de-Guyenne, et descendant de la sœur de la princesse Antoinette, née de Mérode, épouse du prince Charles III, S.A.S. le Prince se rend à Duras, petite commune du Lot-et-Garonne. Il est accueilli par Mme Patricia Willaert, préfète du Lot-et-Garonne, et Mme Bernadette Dreux, maire de Duras.
Débute alors une visite de la halle du XVe siècle, au cours de laquelle est inaugurée la salle « Louise-Félicité de Monaco ». S.A.S. le Prince dévoile une plaque rendant hommage à Louise-Félicité de Monaco, petite-fille d'Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, qui épousa en 1777 le futur prince Honoré IV de Monaco.
Le cortège princier chemine ensuite jusqu'au château de Duras. Des clichés sont pris devant le porche d'accès à la cour du château en compagnie des membres du conseil municipal.
Dans la cour du château où se sont regroupés les invités et la population du village venue nombreuse pour L'accueillir, le Souverain prononce un discours :
« Madame la Préfète,
Madame le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais vous remercier, Madame le Maire, pour la cordialité de votre accueil et les marques de sympathie qui m'ont été réservées par la population de Duras.
Il y a quelques instants j'ai dévoilé une plaque dans l'une des salles de la halle du XVe siècle superbement rénovée. Elle rend hommage à l'une de mes aïeules du XVIIIe siècle, Louise-Félicité de Monaco.
Cette ancêtre est, si je puis dire, notre dénominateur commun. Née dans la famille d'Aumont-Mazarin, elle avait épousé le futur prince Honoré IV de Monaco en 1777\. Et sa mère, la duchesse de Mazarin, qui fut une célèbre amatrice et collectionneuse d'art du siècle des Lumières, était née Durfort.
Ce nom de Durfort résonne profondément ici, à Duras ; car cette famille, dont l'ancienneté est presque légendaire en Guyenne, a façonné votre terroir et a fait votre patrimoine actuel. Nous en avons un bel aperçu avec ce château. Et comme je visiterai demain Bordeaux, je n'oublie pas que Jean de Durfort a été longtemps maire de cette ville à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. À travers l'engagement de certains de ses représentants – je pense au grand-père de Louise-Félicité de Monaco – la lignée des Durfort a aussi contribué, au-delà de votre région, au service et à la construction de l'État.
Ayant pris part glorieusement à toutes les campagnes militaires du règne de Louis XV, Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras, devient ainsi maréchal de France puis ambassadeur en Espagne. Esprit éclairé de son temps, il est élu à l'Académie française à la fin de sa vie.
Fier de cet héritage, je suis particulièrement heureux de l'hommage rendu aujourd'hui à cette branche de mes ancêtres, car cela témoigne de notre attachement commun aux racines.
Soucieux de garder la mémoire de ceux qui m'ont précédé, j'apprécie ainsi de me rendre, chaque année, dans les territoires qui sont liés à mes ancêtres, afin d'aller à la rencontre des habitants et des élus.
J'ai ainsi effectué une visite en Alsace l'année dernière, à Granville, dans la Manche, en 2015, et dans le Carladès, en Auvergne, en 2014, pour ne retenir que les dates les plus proches.
Je le fais sans nostalgie du passé, mais avec l'intention d'échanger sur un héritage partagé et sur les préoccupations d'aujourd'hui.
C'est aussi l'esprit de l'association “ Sites historiques Grimaldi de Monaco ”, qui a été constituée en 2015 pour promouvoir tous ces territoires qui ont une histoire commune, et à laquelle votre commune a, je crois, adhéré. J'y suis sensible.
Les temps de ces visites historiques de terrain sont toujours extrêmement enrichissants car ils permettent des contacts directs et chaleureux avec les habitants et les personnes en charge de responsabilités.
J'apprécie ces discussions car elles nous conduisent à constater qu'au-delà de notre éloignement géographique et du temps qui est passé, les sujets de convergence restent nombreux entre nous.
Il s'agit par exemple de l'aménagement optimal du territoire, de la préservation de notre environnement, des politiques de proximité et des défis économiques qu'il nous faut relever.
De la cour de ce superbe château, on mesure le travail effectué par la municipalité pour préserver, restaurer et mettre en valeur ce joyau de votre patrimoine. Bien sûr, cela suppose d'y consacrer, chaque année, une part des ressources pour lui redonner son allure et le présenter au mieux.
C'est une belle fierté pour l'ensemble de la collectivité d'avoir conduit cet ambitieux projet. Il symbolise son attachement à son patrimoine et à ses spécificités. Dans le même temps, il constitue un facteur d'intérêt touristique pour la commune, susceptible de générer une activité économique créatrice d'emplois.
Je sais que vous avez préparé de longue date cette visite et y avez mis tout votre cœur. Je remercie les personnalités, la population, la confrérie de maintenance et les enfants de l'école de leur présence. Elle témoigne du désir conjoint de se retrouver dans une atmosphère de fête.
J'aurai, tout à l'heure, l'occasion de partager des moments de convivialité avec vous. Les contacts directs permettent de garder un souvenir incarné de ces instants privilégiés. Je m'en réjouis par avance en vous redisant le plaisir de partager ma visite parmi vous. J'en garderai longtemps le souvenir.
Je vous remercie tous pour votre accueil et pour votre attention.
Et que perdurent les liens fructueux et amicaux entre Duras et Monaco !
Je vous remercie de votre attention. »
À l'issue de cette allocution, un échange chaleureux a lieu avec les habitants de Duras.
Après une visite du château, la délégation princière est reçue à déjeuner.
À l'issue, il est procédé à un échange de cadeaux et à la signature du livre d'or de la mairie par S.A.S. le Prince.
Le cortège princier se rend ensuite à Saint-Michel-de-Montaigne, village de Dordogne, où le rejoint S.E. M. Serge Telle, ministre d'État. Le Souverain est accueilli par Mme Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc, préfète de la Dordogne, M. Gérard De Miras, maire de Saint-Michel-de-Montaigne, et M. et Mme Nicolas Mahler-Besse, propriétaires du château.
Après une présentation générale du site, la délégation princière effectue une visite guidée de la tour  de Montaigne. Il s'agit d'un monument historique classé du XIVe siècle, sanctuaire de Michel de Montaigne, où ce dernier passa de nombreuses journées à penser et à rédiger Les Essais notamment.
S'en suit une visite du château de Montaigne, ancienne maison forte du philosophe, qui fut transformée en un somptueux château du XIXe siècle par Pierre Magne, ministre des Finances sous Napoléon III. Le Prince Albert Ier, encore prince héréditaire, y séjourna à la fin de l'année 1879 et au début de l'année 1880.
Une dégustation des vins de la propriété est ensuite organisée.
Puis S.A.S. le Prince part vers le château Cheval Blanc, à Saint-Émilion, dont Il visite la cave, accompagné par M. Pierre Lurton, directeur du domaine.
La journée se clôture par un dîner à Bordeaux offert par S.A.S. le Prince, au restaurant du chef Philippe Etchebest, Le Quatrième Mur, auquel étaient notamment invités Mme Bernadette Dreux, maire de Duras, M. Didier Cazabonne, adjoint au maire de Bordeaux, Mme Patricia Willaert, préfète du Lot-et-Garonne, M. Pierre Dartout, préfet de la Gironde, M. Nicolas Mahler-Besse, le colonel Corentin Lancrenon, chef de corps du 13e Régiment de dragons parachutiste[1], M. Yves d'Amecourt, maire de Sauveterre-de-Guyenne et la délégation monégasque.
Le lendemain, mercredi 5 juillet 2017, le Souverain et Sa délégation se rendent aux Archives de Bordeaux Métropole. À Son arrivée, Il est accueilli par Mme Virginie Calmels, adjointe au maire et vice-présidente de Bordeaux Métropole, M. Pierre Dartout, préfet de la Gironde et M. Frédéric Laux, directeur des Archives.
Le Souverain effectue la visite de l'exposition « Montaigne-Matignon », réalisée avec la collaboration des archives du Palais, sur les traces de Son ancêtre le maréchal Jacques de Matignon, lequel succéda en 1585 à Michel de Montaigne en tant que maire de Bordeaux.
S.A.S. le Prince visite ensuite l'exposition « Bordeaux et la folie du chemin de fer 1838-1938 ».
Après la signature du livre d'or des Archives par le Souverain, il est procédé à l'échange de cadeaux.
Puis S.A.S. le Prince se rend à l'ancienne « mairerie », qui fut la résidence du maréchal de Matignon lors de sa mandature, et aujourd'hui couvent de la communauté des Dominicains, où Il est accueilli par le Père Pavel Sissoev. Le Souverain y dévoile une plaque commémorative.
Le cortège princier emprunte le tramway puis finit à pied son trajet jusqu'à l'hôtel de ville de Bordeaux, S.A.S. le Prince saluant au passage la foule venue à Sa rencontre.
Arrivé à l'hôtel de ville, le Souverain prononce un discours :
« Monsieur le Préfet,
Madame le Premier adjoint, représentant M. le Maire[2],
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie de votre invitation à venir visiter Bordeaux, en souvenir des liens historiques qui unissent plusieurs figures de ma famille à cette belle ville.
Je compte en effet, parmi mes ancêtres – mais je ne sais pas si c'est un record – trois maires de Bordeaux :
Jean de Durfort, qui exerça ces responsabilités de 1480 à 1485 et de 1495 à 1515\. Seigneur de Duras, dans le Lot-et-Garonne, où je me suis rendu hier, c'était un aïeul de Louise-Félicité d'Aumont-Mazarin, qui épouse, en 1777, le futur Prince Honoré IV de Monaco.
Jacques II de Matignon fut, quant à lui, choisi par les Bordelais pour succéder à l'éminent Michel de Montaigne en 1585\. L'un et l'autre s'estimaient beaucoup, comme en témoigne la correspondance que nous sommes très fiers de conserver au sein des Archives du Palais. Le pouvoir royal avait initialement envoyé le maréchal de Matignon comme gouverneur de Guyenne, pour pacifier le Sud-Ouest en cette époque troublée des guerres de religion. Extérieur à la région, issu d'une famille à la fois bretonne et normande, qui, comme chacun sait, s'unira aux Grimaldi en 1715, il a été retenu par les Bordelais comme premier magistrat. Signe, je pense, d'une bonne acclimatation locale et de quelques mérites… Exemplaire pour sa fidélité et son loyalisme à l'égard du pouvoir central, il a visiblement su éviter l'écueil des désunions locales pour ramener la concorde sociale.
Enfin, Charles de Matignon, qui est maire de Bordeaux durant deux années, à la mort de son père en 1597.
Je suis aujourd'hui heureux d'être parmi vous pour raviver le souvenir de cette époque, qui est révolue, mais dont les enseignements philosophiques sont toujours d'actualité. Les écrits de Montaigne appartiennent éminemment à leur temps, mais sont aussi intemporels, sources de méditations renouvelées dans notre époque malheureusement parfois troublée.
Mes déplacements historiques dans les anciens fiefs de ma famille me permettent aussi, et par-dessus tout, d'aller à la rencontre des habitants et de m'imprégner des territoires que je découvre, ou redécouvre.
Je le fais avec plaisir car j'apprécie le contact humain vrai et convivial.
C'est précisément ce que vous avez mis en œuvre, M. le Maire, pour mon accueil chez vous.
Je souhaite pour cela vous remercier de la très intéressante exposition que les archives de Bordeaux  Métropole ont consacrée aux figures de Montaigne et du maréchal de Matignon, ensemble au service de votre ville. Les trésors issus de vos collections, qui rendent compte de la présence parmi vous de mes ancêtres, sont passionnants et touchants.
À la présentation de ces témoignages concrets de l'histoire, s'ajoute la décision que vous avez prise de faire apposer une plaque commémorative sur le mur de l'ancienne mairerie, aujourd'hui lieu de prière de la communauté des Dominicains.
Votre intervention chaleureuse lors de cette brève cérémonie est le signe d'une ville qui tient à valoriser son passé.
Dans le même temps, vous êtes résolument tourné vers la modernité et la promotion des énergies propres. Vous savez que je m'engage moi-même pour la préservation de l'environnement. C'est pourquoi je ne pouvais que souscrire à l'idée d'une arrivée à l'hôtel de ville en empruntant le tramway, symbole de modes de déplacements alternatifs.
En évoquant le développement durable, je ne peux pas ne pas faire allusion à la visite qu'avait rendu à votre ville mon trisaïeul le prince Albert Ier, le 27 mai 1902, à l'occasion d'un congrès d'océanographie. Dans un toast assez visionnaire sur les dangers de la surpêche et les risques d'épuisement des stocks, le prince Albert indiquait que la science nouvelle dont il était le propagateur avait, je le cite, “ pour devoir de signaler le péril causé dans tous les pays par l'abus d'une exploitation, mal réglée ou mal surveillée, des ressources de la mer ”. Puisse ce message de vigilance environnemental continuer à être entendu et à être perçu, par tous les responsables politiques, comme une ardente nécessité. C'est, en tout cas, une exigence que je continuerai à porter avec détermination lors de mes différents déplacements internationaux.
Tout à l'heure, les contacts avec les représentants de la société civile, puis avec les habitants, lors de mon arrivée sur le parvis, ont été extrêmement chaleureux et directs.
J'aurai plaisir cet après-midi à poursuivre cette belle journée en votre compagnie par la visite de la cité du vin, musée emblématique du savoir-faire local.
Ces marques d'attention de la part des élus, de l'administration municipale et de la population me touchent beaucoup. Elles sont le signe d'un attachement mutuel, façonné par une histoire commune, que l'éloignement et le temps n'ont pas altérée.
Cette force de caractère qui a toujours porté cette ville et ses habitants trouve aujourd'hui à s'exprimer sur les nouveaux défis de notre siècle. Ce que j'ai vu me porte à penser que votre engagement vous conduira à être sans cesse innovants, tout en restant vous-mêmes, sans dénaturer ce qui fait votre richesse culturelle.
Vous rendrez ainsi en permanence un concret hommage à cette belle phrase de Montaigne, je le cite : “ J'aime mieux forger mon âme que la meubler ”.
Je vous remercie de votre attention. »
À l'issue du discours un cocktail puis un déjeuner sur place sont offerts au Souverain et à Sa délégation.
Ensuite, S.A.S le Prince embarque sur un bateau pour descendre la Garonne jusqu'à la Cité du Vin, où Il est accueilli par M. Alain Juppé, maire de Bordeaux, pour une visite de ce lieu inédit dédié au vin à travers les âges et les civilisations.
La visite du musée s'achève par une dégustation de vin et un échange de cadeaux.
En fin d'après-midi, S.A.S. le Prince quitte l'aéroport de Bordeaux-Mérignac à bord de Son avion.

 

[1]  Le 3 juillet 2017, à 17 h 15, S.A.S. le Prince est accueilli à Martignas-sur-Jalle (Gironde) dans le camp de Souge, par le colonel Corentin Lancrenon, commandant le 13e RDP.  Un piquet d'honneur est présenté au Souverain, puis le Prince se déplace vers la salle de traditions où les missions du Régiment Lui sont présentées. S.A.S. le Prince est ensuite invité à découvrir sur le terrain les différentes procédures de travail de l'unité : camouflage, tir, chuteurs opérationnels, déplacement de nuit en VPS (Véhicule Patrouille Spécial).  Un débriefing au « 013 », mess des officiers du régiment, conclut cette visite du Prince au 13e RDP.

[2]  M. Alain Juppé, ancien Premier ministre, maire de Bordeaux, assistait en cette matinée du 5 juillet 2017 aux obsèques nationales de Mme Simone Veil.

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