Installation des Comités de commémoration du prince Albert Ier (29 janvier 2019)
Le mardi 29 janvier 2019, S.A.S. le Prince Albert II lance officiellement au Musée océanographique, un cycle de commémoration en l'honneur de Son trisaïeul le Prince Albert Ier, dont le centenaire de la disparition marquera l'année 2022.
À cette occasion, un comité de pilotage et un comité exécutif, présidés par S.E. M. Robert Fillon, ambassadeur de Monaco en Italie, comprenant de nombreuses personnalités monégasques, hautes autorités politiques et responsables d'institutions en rapport avec l'œuvre du « Prince savant », ont été installés, nommés par Ordonnance Souveraine du 14 décembre 2018.
À 15 h 25, S.A.S. le Prince quitte le Palais princier, accompagné du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, Son aide de camp, pour se rendre au Musée océanographique. À Son arrivée, le Souverain est accueilli par S.E. M. Serge Telle, ministre d'État, S.E. M. Robert Fillon, président des Comités de commémoration du prince Albert Ier, et M. Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique. Dans un second temps, Il salue M. Thomas Fouilleron, directeur des archives et de la bibliothèque du Palais princier, M. Bernard Reilhac, directeur du développement de l'Institut océanographique, et M. Stéphane Lamotte, secrétaire des Comités de commémoration du prince Albert Ier.
Le Souverain est conduit à Sa place dans la salle de conférence.
M. Robert Calcagno prononce un mot de bienvenue et invite S.A.S. le Prince à le rejoindre à la tribune. Le Souverain prononce le discours suivant :
« Monsieur le Ministre d'État,
Madame et Messieurs les Conseillers-Ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est parce qu'il me tient à cœur de rendre hommage au prince Albert Ier, mon trisaïeul. 2022 marquera, comme vous le savez, le centième anniversaire de sa disparition.
Dans le monde qui est le nôtre aujourd'hui, où l'environnement est menacé, où les valeurs humaines indispensables à toute politique sont trop souvent ignorées ou remises en cause, les messages que contient son œuvre de pionnier ont plus que jamais quelque chose d'essentiel à nous enseigner.
« Prince savant », « Prince humaniste », « Prince de science et d'art, prince utile » comme le disait le musicien Massenet : les marques de distinction et d'admiration ne lui ont pas manqué de son vivant comme après son décès. Toutes correspondent à une réalité.
Mais elles ne prennent leur pleine signification que si l'on songe à sa conviction inébranlable : la foi en un progrès possible et nécessaire pour l'humanité. Tout devait y contribuer simultanément : la science, la création, les valeurs morales. Beauté et vérité devaient ensemble montrer le chemin à l'homme. Avec les mots d'aujourd'hui, et bien que ce terme soit un peu réducteur, on pourrait parler, dans une grande unicité de vision, d'une approche interdisciplinaire.
Le Comité de commémoration que j'ai le plaisir d'installer aujourd'hui, ensemble avec le Comité exécutif qui en sera l'outil opérationnel, est le reflet de cette pluralité. Je l'ai voulu aussi large que possible.
J'en ai confié la présidence à Son Excellence Robert Fillon, mon ambassadeur en Italie, car je sais pouvoir compter à la fois sur son intérêt et sa connaissance de l'histoire et de la culture de notre pays, et sur sa capacité de mobiliser différents types d'acteurs pour mener à bien des projets concrets. Il sera assisté par Stéphane Lamotte, professeur agrégé au Lycée Albert Ier, dans sa tâche active.
Je sais que vous tous, membres des comités, aurez à cœur de les aider et de les orienter dans ce travail en commun, qui ne pourra être un plein succès qu'avec l'implication de toutes les parties prenantes.
Le Comité exécutif va dès demain débuter ses travaux au Palais et je m'en réjouis. Il lui appartiendra de me proposer, à travers le Comité de commémoration lui-même, instance de pilotage dont j'assure la présidence d'honneur, un programme d'activités et de réalisations qui couvriront toute la période nous séparant de la date anniversaire de 2022, à des dates si possible significatives.
C'est ainsi que la Commission pour l'exploration scientifique de la mer Méditerranée aura cent ans en 2019\. Sur la proposition du prince Albert Ier, le siège de cet important organisme international dans le domaine de la recherche scientifique a été fixé à Monaco. En fêtant l'anniversaire de la conférence fondatrice de Madrid, nous contribuerons à souligner son importance.
Je suis convaincu qu'une bonne célébration de l'œuvre du prince Albert Ier ne peut être qu'à l'image de celle-ci : variée dans la forme comme dans le fond. Elle devra s'adresser à différents publics : aussi bien le monde académique, les curieux de l'histoire des sciences, des relations internationales, de la militance pacifiste, que toutes les personnes qui s'intéressent à la Principauté à un titre ou à un autre, sans oublier les étudiants et les élèves de nos écoles. J'attends, bien sûr, qu'elle recoure aux techniques de production et de diffusion les plus modernes, sans délaisser les supports traditionnels lorsqu'ils apparaîtront mieux adaptés.
J'accorde une grande importance à la dimension internationale que pourra prendre la dynamique commémorative. Je souhaite précisément que soit rapidement mobilisé le réseau diplomatique et consulaire de la Principauté afin de développer localement, avec les différentes autorités nationales, des initiatives qui donneront à voir et à comprendre l'œuvre de mon trisaïeul, particulièrement là où lui‑même a posé ses pas.
Qu'il me soit permis, presque en conclusion, de dire publiquement toute ma reconnaissance à Mme Jacqueline Carpine-Lancre qui, depuis soixante ans, contribue hautement à maintenir la flamme de la mémoire de mon trisaïeul par sa recherche historique exigeante. À l'initiative de mon père, elle a été le ferment de la célébration, en 1998, du cent‑cinquantenaire de la naissance du prince Albert Ier. Je la remercie de tout ce qu'elle continue à faire, inlassablement, et de tout ce qu'elle transmet, de manière aussi volontaire que désintéressée.
Je veux aussi remercier notre hôte d'aujourd'hui, Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique. Le musée où nous nous trouvons, ce vaste et ambitieux bâtiment, a été voulu, pensé et porté sur les fonts baptismaux par le prince Albert Ier. Il l'avait conçu comme un hommage solennel et vibrant aux connaissances humaines et à leur diffusion.
Ce n'est jamais sans une réelle émotion que je m'y rends, depuis l'âge de deux ans, lorsque le Musée n'avait que cinquante ans, et que je me suis retrouvé très impressionné et intrigué – les photos en témoignent – face à la superbe représentation sculptée en marbre, du prince Albert Ier sur le pont de son navire, œuvre du prix de Rome Denys Puech.
Pour manifester cet attachement personnel, ainsi que ma confiance dans la participation active de l'Institut océanographique dans les commémorations à venir, je souhaite aujourd'hui symboliquement remettre le bicorne d'académicien de mon trisaïeul à la fondation qui porte son nom et qui garde mémoire de son œuvre maritime.
Ce couvre-chef était initialement lié à l'habit de membre de l'Institut de France, qui avait été offert en 1996 par mon père le prince Rainier III à l'Institut océanographique, lorsque le professeur François Doumenge dirigeait le Musée. Il n'était pas logique qu'ils restent séparés. Leur réunion temporaire récente dans une vitrine de l'exposition « Princes et princesses de Monaco. Une dynastie européenne », qui a eu lieu de septembre à novembre dernier au sein de la Cité interdite de Pékin, m'a donné l'idée de les réunir définitivement, afin qu'ils soient conservés ensemble.
Ce bicorne vaut bien sûr par la relique qu'il constitue, représentatif du couronnement de l'œuvre intellectuelle du prince Albert Ier qu'a été son élection comme associé étranger de l'Académie des sciences en 1909\.
Il vaut aussi comme un symbole de la continuité des forces de l'esprit, lorsque ce qui nous a précédé peut nous aider à comprendre ce que nous sommes, mais aussi à anticiper ce qui attend ceux qui nous suivront. Cette chaîne du temps, à constamment renouer, est pleinement l'orientation de ce centenaire, comme je viens de l'indiquer.
J'ai eu plaisir à rappeler récemment, in situ, lors de la réception à l'Académie des sciences morales et politiques de notre compatriote Pierre-André Chiappori ce que représentait l'habit d'académicien pour mon trisaïeul. Il disait que cet uniforme, je le cite, « imprime au travailleur une marque de la noblesse moderne ».
C'est sous le signe académique des feuilles d'olivier brodées sur ce bicorne, symboles méditerranéens par excellence, que je souhaite placer vos travaux et votre réflexion, en vous remerciant tous par avance de votre implication et de votre inventivité pour faire vivre et actualiser le message, souvent si prémonitoire, du prince Albert Ier. Ce qui est sûr, quitte à démentir le poète René Char, c'est que notre héritage est précédé d'un testament.
Je vous remercie. »
Le Souverain remet ensuite le bicorne d'académicien des sciences du prince Albert Ier à Mme Marie-Pierre Gramaglia, vice-présidente de l'Institut océanographique et conseiller de gouvernement-ministre de l'Équipement, de l'Environnement et de l'Urbanisme, et à M. Robert Calcagno. En retour, S.A.S. le Prince reçoit une pince à cravate ayant appartenu au prince Albert Ier, et qui était un souvenir de son grand ami, océanographe également, le roi Carlos Ier de Portugal.
S.E. M. Robert Fillon prend ensuite la parole pour remercier le Prince Souverain de la confiance qu'Il lui témoigne pour les célébrations prévues.
À l'issue de la cérémonie, des photos sont réalisées sur scène avec les membres des comités puis un cocktail est proposé aux invités.