Commémorations du centenaire de la guerre 1914-1918 Déplacement de S.A.S. le Prince Albert II à Rethondes (Oise), Péronne (Somme) et Cormicy (Marne) (6-7 décembre 2018)
Les 6 et 7 décembre 2018, S.A.S. le Prince Albert II se rend dans la clairière de l'armistice à Rethondes (Oise), à l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme), ainsi qu'à Cormicy (Marne), achevant ainsi Son parcours de mémoire à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, en hommage aux résidents de Monaco mobilisés pendant le conflit et à Son arrière-grand-père le prince Louis II, officier de liaison dans la 5e armée française de 1914 à 1918\. Le Souverain s'était déjà rendu dans la Marne en 2015, à Verdun en 2016, et sur le Chemin des Dames en 2017, ainsi qu'à Paris pour participer aux commémorations internationales du 11 novembre 2018 (voir le Journal de Monaco du 21 février 2020).
Le 6 décembre 2018 en fin de matinée, l'avion princier se pose à l'aéroport de Paris-Le Bourget. La délégation officielle monégasque se compose de M. Georges Lisimachio, chef de Cabinet du Souverain, du lieutenant-colonel Philippe Rebaudengo, aide de camp du Souverain, et de M. Thomas Fouilleron, directeur des archives et de la bibliothèque du Palais princier.
À leur arrivée à Rethondes, S.A.S. le Prince et la délégation sont accueillis devant le monument des Alsaciens-Lorrains par M. Ghyslain Chatel, sous‑préfet de Compiègne, représentant M. le préfet de l'Oise, M. Philippe Marini, maire de Compiègne et sénateur honoraire de l'Oise, Madame Carole Bruneau-Bonnard, députée de l'Oise, vice-présidente de l'Assemblée nationale, et M. Pierre Vatin, député de l'Oise.
Ils rejoignent l'allée de la Victoire, où cinq cents élèves de l'Institution Sévigné attendent le Souverain, constituant une haie d'honneur et agitant des drapeaux français et monégasques.
Le Souverain se recueille devant la statue du maréchal Foch, puis dépose une gerbe de fleurs devant la Dalle sacrée. La sonnerie aux morts, l'Hymne monégasque puis la Marseillaise sont joués. Les porte-drapeaux sont salués.
Une photo de groupe avec les cinq cents enfants est ensuite prise devant le monument de l'Alliance de la Paix. Le Souverain visite le musée abritant le wagon de l'Armistice et signe le livre d'or. Il découvre, sur le précédent livre d'or, la signature de Sa mère, la Princesse Grace, en date du 29 mai 1973\.
S.A.S. le Prince et M. Philippe Marini ravivent la flamme dans la salle du Mémorial, puis une réception est offerte. Après une prise de parole du maire de Compiègne, le Souverain prononce l'allocution suivante :
« Monsieur le Sous-préfet, représentant Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
À l'issue d'un parcours de mémoire qui m'a mené, pendant les quatre années de commémoration de la Grande Guerre, sur les principaux théâtres d'opération du front français (la Marne – à Meaux, en 2015 ; la Meuse – à Verdun en 2016 ; le Chemin des Dames – à Cerny-en-Laonnois, Jonchery-sur-Vesle, la Caverne du Dragon et Berry-au-Bac en 2017), je souhaitais me rendre dans la Somme et surtout venir dans l'Oise, à Compiègne, dans la clairière de l'armistice.
Je serai tout à l'heure à l'Historial de Péronne, pour conclure ce cheminement dans un lieu d'interprétation et d'histoire, mais je tenais beaucoup à venir à Rethondes, symbole de paix retrouvée ; en mémoire de tous les artisans de la victoire des valeurs européennes en 1918 ; en hommage à toutes les victimes, notamment celles de la Principauté – résidents français, belges, italiens qui ont été mobilisés par leur patrie ; mais aussi engagés volontaires monégasques –.
Je crois à la force pédagogique des lieux de mémoire. L'image de la chancelière allemande et du président de la République française, ensemble dans le wagon de l'armistice, le 10 novembre dernier, a marqué les esprits.
Certes, les manifestations de l'entente franco-allemande retrouvée, dans des lieux emblématiques du déchirement passé, sont déjà anciennes. Je pense au général de Gaulle et à Konrad Adenauer, en 1962, dans la cathédrale de Reims, qui fut le symbole de l'affrontement de civilisation entre les deux peuples en 1914\.
Mon trisaïeul le prince Albert Ier, défenseur et militant de la paix durant toutes les années qui ont précédé la guerre, avait été choqué par le bombardement de l'édifice religieux, perçu comme la preuve de la barbarie germanique. Il écrivit à Raymond Poincaré que cet acte l'avait « aussi consterné que le meilleur des Français ».
En même temps, Albert Ier, qui avait dressé bilan et perspectives de ses pensées et de ses actions pacifistes d'avant-guerre dans un texte intitulé « Réflexions sur seize années de visites à Kiel », remis le 13 juillet 1914 au président de la République et à Aristide Briand, ne voyait pas l'avenir de l'Europe autrement que sur le pilier double de l'entente franco-allemande. Sa vision était passée alors pour de la « candeur » aux yeux de Poincaré, à un moment où la marche à la guerre paraissait inéluctable du fait de l'engrenage des systèmes d'alliance. Aujourd'hui, elle nous paraît presque prophétique et annonciatrice des bases de la reconstruction européenne de l'après Seconde Guerre mondiale.
Je le cite : « je songe aux conséquences probables d'une rencontre plus bienfaisante encore dont la baie de Kiel serait témoin un jour si le Président de la République revenant de Pétersbourg aussi fort que jamais, y fondait la base d'un rapprochement qui enlèverait à l'Alliance et à l'Entente des grands États leur aspect de méfiance réciproque, pour lui donner la nature d'une fédération européenne, véritable garantie d'une paix générale ».
J'ai évoqué mon trisaïeul, son œuvre de paix, et sa vision d'avenir après la fin des hostilités, mais je ne peux pas ne pas avoir une pensée ici, comme vous l'avez eue vous-même, Monsieur le Maire, pour mon arrière-grand-père le prince Louis. J'imagine ce que ce lieu représentait pour lui et je vous suis très reconnaissant d'avoir associé à ma visite un hommage à son engagement.
Bien qu'ayant fait sa formation militaire dans l'armée française, mon bisaïeul aurait très bien pu ne pas se sentir concerné par le conflit qui commençait en août 1914\. Il avait quitté l'armée depuis quinze ans ; son pays était officiellement neutre ; son père était pacifiste ; sa fille était adolescente, et il était l'héritier direct du trône.
Estimant qu'il aurait été « peu digne » de sa part « de rester inactif » et de ne pas se rendre utile en montrant son « attachement » à sa « seconde patrie », le prince Louis a demandé à s'engager volontairement.
Affecté à l'état-major de la 5e armée, il aurait très bien pu n'être qu'un de ces officiers distants, arbitraires et éloignés des troupes, tels que ceux que décrit le film de Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire.
Soucieux d'être traité normalement, le prince Louis a voulu connaître la première ligne, ne pas être surprotégé, et a accompli, durant tout le conflit, la mission exposée d'officier de liaison, entre le quartier général et les tranchées. Visiblement apprécié par ses camarades pour son accessibilité, sa bonne humeur et sa serviabilité, il se place même « modestement, derrière les autres », lorsque le président de la République Poincaré vient visiter l'armée.
En souvenir de mon arrière-grand-père et de sa contribution, je serai heureux de vous remettre, dans quelques instants, Monsieur le Maire, pour le mémorial de l'armistice, une photographie du « capitaine de Monaco » en 1915.
Je vous remercie. ».
S.A.S. le Prince offre également au directeur de l'Institution Sévigné un ouvrage dédicacé, qui rejoindra la bibliothèque de l'établissement. M. Philippe Marini Lui remet la médaille de la ville, ainsi qu'une montre commémorative unique.
Le Souverain et Sa délégation sont ensuite conduits à Péronne. Ils sont accueillis à l'Historial de la Grande Guerre par M. Philippe de Mester, préfet de la Somme, Mme Thèrèse Theygers, maire de Péronne, et Mme Séverine Mordacq, présidente de l'Historial de la Grande Guerre.
S.A.S. le Prince dévoile une plaque commémorative rappelant que la ville de Péronne est connue, dans l'histoire de la Principauté, pour avoir été le lieu de signature du traité franco-monégasque du 14 septembre 1641, étape importante dans l'affirmation de la souveraineté de Monaco. Il effectue, sous la conduite de M. Hervé François, directeur, une visite guidée de l'Historial, musée de référence depuis plus de vingt-cinq ans sur l'histoire de la Première Guerre mondiale, situé dans le château de Péronne.
À l'issue de la visite, le Souverain prononce le discours suivant :
« Monsieur le Préfet,
Madame le Maire,
Madame la Présidente de l'Historial,
Mesdames, Messieurs,
J'achève ce soir, ici à Péronne, un chemin de mémoire qui m'a mené, pendant les quatre années de commémoration du centenaire de la Grande Guerre, dans les lieux emblématiques du souvenir, de la mémoire et de l'interprétation. Je l'ai commencé en 2015 dans un musée, celui du pays de Meaux ; et je le clos dans un autre musée, votre historial. Ces deux musées sont au plus près de deux grands théâtres d'opération du conflit, au plus près des lieux de sacrifice et de souffrance de toute une génération, la Marne et la Somme ; comme le furent aussi le territoire de Verdun, que j'ai visité en 2016, et du Chemin des Dames, où je me suis rendu en 2017.
Un siècle après, j'ai tenu, en tant que chef d'État, à rendre d'abord hommage à tous les résidents de la Principauté, Français en premier lieu, mais aussi Belges ou Italiens, qui ont été mobilisés par leur mère patrie, et ont payé de leur vie ce service à leur pays.
J'ai aussi voulu rappeler que si la Principauté de Monaco elle-même n'a évidemment pas été officiellement belligérante, elle a participé, dès les premières semaines, à l'effort de guerre allié :
- D'abord, parce que des Monégasques se sont engagés volontairement dans l'armée française.
- Ensuite, parce que Monaco a accueilli, à la demande de mon trisaïeul le prince Albert Ier, des soldats blessés, qui ont été soignés dans des hôtels transformés en hôpitaux temporaires.
Mon parcours mémoriel a également été une démarche d'ordre familial et intime, en souvenir de mon arrière-grand-père, engagé volontaire en 1914\. Le prince Louis avait alors quarante-quatre ans, avait la charge d'une fille de seize ans, qui allait servir comme infirmière de guerre, et était l'héritier de la Principauté.
Néanmoins, mon bisaïeul a tenu à montrer l'exemple et à faire son devoir à l'égard de sa « seconde patrie », comme il qualifiait lui-même la France lors de son engagement en août 1914\. Officier de formation, saint-cyrien et saumurien, il avait servi, à titre étranger, dans l'armée française jusqu'en 1899\. Affecté comme capitaine à l'état-major de la 5e armée, il reste dans le secteur du Chemin des Dames, à Jonchery-sur-Vesle, dans la Marne, de l'automne 1914 au printemps 1918\. Chargé du courrier puis de la liaison entre le commandement et le front, il se distingue notamment lors de l'offensive d'avril 1917\. Trois citations, à l'ordre de l'armée et du corps d'armée, viennent couronner son engagement.
Aussi, en tant qu'arrière-petit-fils de « poilu » de 14, ai-je été très heureux de découvrir l'historial, son souci didactique et la rigueur de son approche scientifique. Une photographie originale du « capitaine de Monaco » en 1915 viendra, dans quelques instants, enrichir vos collections et conserver le souvenir de mon bisaïeul en ce haut lieu.
Mais je dois maintenant vous avouer que les Monégasques continuent certainement à connaître davantage Péronne pour son traité que pour son historial.
De votre côté, Madame le Maire, vous gardez mémoire de ce traité franco-monégasque signé dans votre ville en 1641, puisqu'un quartier de votre commune, porte le nom de Monaco depuis 1963\. Même si je crois comprendre que nous ne savons pas précisément où a logé le roi lors de son séjour à Péronne, on peut penser que Louis XIII a signé dans ce château le traité conclu avec mon ancêtre Honoré II. C'est pourquoi je vous suis reconnaissant, Madame la Présidente de l'Historial, d'avoir proposé que soit apposée, à l'occasion de ma visite, une plaque rappelant ce fait historique qui lie ma famille et mon pays à Péronne. J'ai eu le plaisir de la dévoiler lors de mon arrivée. Je vous remercie aussi, Madame le Maire, d'avoir souhaité m'accueillir, au nom de la population péronnaise, à l'hôtel de ville.
Nous nous y rendrons tout à l'heure, et j'aurai le plaisir de vous remettre une statuette en bronze représentant François Grimaldi, dit Malizia, premier membre de ma famille à avoir gravi, en 1297, le Rocher. Cette image, que j'offre régulièrement aux collectivités historiquement liées à Monaco, est, pour moi, le symbole d'une mémoire partagée, porteuse et gage de liens d'avenir.
En votre présence, Monsieur le Préfet, je voudrais rappeler que cet accord diplomatique de Péronne demeure, aujourd'hui encore, une référence très importante dans le processus d'affirmation de la souveraineté de la Principauté, et qu'il a marqué le point de départ de la fameuse « communauté de destin » entre la France et Monaco, maintes fois évoquée par les présidents de la République successifs et mes prédécesseurs.
La Principauté sortait alors d'un protectorat espagnol, devenu encombrant, à un moment où la France, désormais principale puissance d'Europe à l'issue de son long affrontement avec l'Espagne et les Habsbourg, pouvait mieux garantir la pérennité de Monaco comme souveraineté respectée à l'échelle européenne. De son côté, le Rocher apportait, en direction de l'Italie, un point d'appui stratégique à la France.
En hommage au premier maillon de la chaîne qui a forgé l'amitié franco-monégasque, je souhaiterais, pour revenir à l'évocation de la Grande Guerre et conclure mon propos, me placer dans le sillage de la pensée internationale du président de la République, exprimée le 11 novembre dernier sous l'Arc de triomphe. Je répèterai ainsi la belle phrase qu'il y avait évoquée, d'un soldat de la Grande Guerre mort il y a cent ans, qui fut enfant de Monaco de 1888 à 1895 : Guillaume Apollinaire. Dans ses Méditations esthétiques, le poète écrivait : « Nos pieds ne se détachent qu'en vain du sol qui contient les morts ».
Tout en étant résolument tourné vers les enjeux internationaux actuels, notamment l'urgence environnementale et ses enjeux diplomatiques, sur lesquels je me suis récemment exprimé lors du premier Forum de la Paix de Paris, je crois qu'il nous faut toujours asseoir notre action sur l'histoire et ses leçons. Tel le géant Antée de la mythologie, nous prenons force et vigueur en touchant la terre dans laquelle dorment ceux qui nous ont précédés.
Je vous remercie. ».
Le Souverain se rend ensuite à l'hôtel de ville de Péronne. Il visite le Musée Alfred Denicourt, sous la conduite de son directeur David de Sousa, puis signe le livre d'or de la commune. Un échange de cadeaux a lieu. Le Prince Albert II offre à la commune la traditionnelle statuette en bronze représentant François Grimaldi, dit Malizia, comme il le fait pour chaque commune qui peut être qualifiée de « Site historique Grimaldi de Monaco ».
S.A.S. le Prince et Sa délégation sont ensuite conduits au château de Marchais.
Le lendemain matin, le Souverain se rend dans la commune de Cormicy (Marne), où L'accueillent M. Jacques Lucbéreilh, sous-préfet de Reims, M. Dominique Decaudin, maire de Cormicy, et les élus du conseil municipal. Il participe à l'inauguration du sentier dit du « Prince soldat », un chemin de mémoire, créé par la commune de Cormicy, en partenariat avec l'Office national des forêts (ONF), en hommage au prince Louis II, engagé volontaire dans l'armée française en 1914, et qui participa à la bataille du Chemin des Dames.
Le Souverain dévoile un pupitre signalétique qui permet de découvrir des vestiges de la Première Guerre mondiale, dont le site de l'observatoire dit le « Casque ».
S.A.S. le Prince prononce un discours :
« Monsieur le Sous-préfet,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je voudrais d'abord vous dire le plaisir que j'ai de retrouver Cormicy, après mes deux précédentes venues, qui ne sont pas si lointaines, et je souhaite d'emblée vous remercier tous pour votre accueil toujours aussi attentionné.
Vous m'aviez d'abord invité, Monsieur le Maire, le 18 juillet 2017, à me rendre sur la côte 186, où mon bisaïeul, le prince Louis, engagé volontaire dans l'armée française en 1914, et qui a servi comme officier de liaison dans le secteur du Chemin des Dames pendant plus de trois ans, a accompagné son père, le prince Albert Ier, dans sa visite du front français, le 9 août 1916. Nous avions dévoilé un premier pupitre informatif sur cette journée, bien illustré par des clichés d'époque.
Le 14 octobre dernier, j'ai également été très heureux d'être votre hôte, à titre privé, pour la fête des vendanges.
Ce matin, la commémoration du centenaire de la Grande Guerre nous a ramenés dans l'épaisseur de vos bois, pour inaugurer le « Sentier du prince soldat ». Je vous suis très reconnaissant d'avoir voulu rendre ainsi hommage à mon arrière-grand-père, à son service dans un secteur où, lors de l'offensive d'avril 1917, il a obtenu une de ses trois citations. Vous avez voulu que soit évoqué l'engagement, souvent mal connu, de la Principauté toute entière dans le premier conflit mondial : ses résidents – français, italiens, belges – mobilisés ; ses hôtels transformés en hôpitaux temporaires pour soigner les blessés alliés ; ma grand-mère, la princesse Charlotte, qui y a travaillé comme infirmière ; mon trisaïeul le prince Albert Ier, pacifiste militant avant-guerre, qui a parcouru le terrain, alors bouleversé de votre commune, et y a observé la ligne de front avec son fils le prince Louis.
Ce spectacle, si vous me permettez l'expression, lui a inspiré des réflexions, aussitôt consignées dans son journal autographe, sur ce qui devrait être l'après-guerre. Sans allonger ce moment et empiéter sur le temps des « nourritures terrestres » que vous avez préparées, je voudrais, pour conclure, citer quelques-unes de ses pensées, écrites à la date du 9 août 1916, après être passé dans votre commune :
« Le temps un peu éclairci me permet de voir le camp de Sissonne, et j'en éprouve une émotion tandis que je songe à tous les actes de sauvagerie que la guerre provoque : à la folie qui remplace alors dans le cerveau des hommes la raison qui devrait y régner en maîtresse quand la civilisation fournit à notre espèce tant de jouissances dans tous les domaines.
Je songe à la punition que méritent les hommes haut placés dont l'ambition criminelle et monstrueuse a répandu sur le monde et depuis deux années des horreurs sans nom. Je songe que l'humanité doit à l'honneur et à la dignité de son histoire de former un tribunal qui jugera les créatures affreuses, et quel que soit le rang auquel elles appartiennent, qui font servir à la réalisation de leurs desseins les plus vils sentiments, les plus honteuses passions de l'âme humaine. […]
Je songe que pour la sécurité future du monde il est nécessaire qu'un exemple puissant rassure tous les peuples qui peuvent aujourd'hui se voir menacés dans leurs garanties les plus précieuses. »
Puissent l'histoire et l'esprit de service et de sacrifice de ceux qui nous ont précédés servir d'exemple et de leçon.
Je vous remercie. ».