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Nomination de S.A.R. la Princesse de Hanovre comme "Ambassadrice de Bonne Volonté" de l'UNESCO

  • N° journal 7630
  • Date de publication 19/12/2003
  • Qualité 98.72%
  • N° de page 2096
S.A.R. la Princesse de Hanovre S'est rendue au siège de l'Unesco à Paris le 2 décembre 2003 afin de recevoir des mains de M. Koïchiro Matsuura, Directeur Général de l'Unesco, sa nomination comme Ambassadrice de "Bonne Volonté" auprès de cette Organisation internationale.

La Princesse de Hanovre était accompagnée de Son époux, S.A.R. le Prince de Hanovre, de S.E. M. Christian Orsetti, Ambassadeur de Monaco en France, de S.E. M. Roger Passeron, Délégué permanent de Monaco, ainsi que de nombreuses personnalités de l'AMADE (Association Mondiale des Amis de l'Enfance) et du monde de la recherche médicale, dont M. et Mme Gilbert Pierre, Amade France ; Dr Edwige Antier-Regard et son époux ; M. et Mme Jacques Danois, Vice-Président de l'Amade Mondiale ; M. Francis Kasasa, Secrétaire Général de l'Amade Mondiale venu spécialement de Cape Town où il réside ; Mme Anne Willing Grinda, Représentante de l'Amade Mondiale à l'Unesco, le Professeur Jean-Claude Weill de l'Institut Necker, le Professeur Philippe Evrard de l'Hôpital Robert Debré ; Dr Nadine Cerf-Bensoussan; Mme Claudine Morey Forquy, du Service social de l'Hôpital Necker.

Rappelons que Son Altesse Royale préside l'organisation "AMADE Mondiale" depuis 1993 ainsi que la Fondation Princesse Grace de Monaco.

M. Matsuura conduisait la Princesse de Hanovre dans son bureau ainsi que Mme Basma Irsheid, Chef de l'Unité des Ambassadeurs de Bonne Volonté, M. Roger Passeron et Mme Sayeeda Rahman, spécialiste du programme à la section de l'alphabétisation et éducation non formelle, afin de s'entretenir du projet dont Son Altesse Royale aura la charge. Celui-ci concerne l'amélioration de la qualité de vie des jeunes filles et des femmes grâce à des programmes d'éducation et de formation professionnelle et à l'octroi de micro-crédits.

La cérémonie de nomination se déroulait au dernier étage du siège de l'Organisation, qui domine l'Ecole Militaire.

M. Matsuura prenait la parole afin de souhaiter la bienvenue aux nombreuses personnes présentes rappelant dans son discours les prises de positions courageuses et les actions entreprises par la Princesse de Hanovre en faveur de l'enfance. Il s'exprimait en ces termes :

"Monseigneur, Excellences, Mesdames, Messieurs,

Cher amis,

Madame,

Je suis heureux et honoré d'accueillir ce soir Votre Altesse Royale au Siège de l'Organisation ainsi que toutes les personnalités présentes pour votre nomination en qualité d'Ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO. Je tiens tout particulièrement à souhaiter la bienvenue au Prince de Hanovre, aux représentants des Hôpitaux de Paris et aux Ambassadeurs de bonne volonté qui ont tenu à vous accompagner dans cette cérémonie : Son Excellence le Sheikh Ghassan Sheiker, Madame Claudia Cardinale, M. Patrick Baudry, Pierre Bergé, M. Kittin Munoz et son épouse la Princesse Kalina de Bulgarie, ainsi que M. Madanjeet Singh.

Par cette nomination, Votre Altesse Royale se joint aux éminentes personnalités qui ont accepté la mission de diffuser, à travers leurs activités professionnelles et leur rayonnement personnel, les idéaux et les messages de l'Organisation qui concernent l'éducation, la science, la culture et la communication.

En vous recevant ici à l'UNESCO, Madame, j'accueille non seulement une des plus éminentes personnalités monégasques, mais également la Présidente de l'Association Mondiale des Amis de l'Enfance (AMADE), qui a pour objectif la protection de la vie et l'intégrité physique et morale des enfants. A travers la Fondation Princesse Grace de Monaco que vous dirigez, vous mobilisez également d'importants soutiens financiers en faveur des enfants hospitalisés dans des hôpitaux publics français, en particulier l'Hôpital Necker et l'Hôpital Robert Debré à Paris. Toutes vos actions témoignent de votre compassion envers la souffrance des enfants. Vos engagements sont fondés sur des valeurs que nous partageons et à la défense desquelles nous travaillons quotidiennement.

Je dois dire que ce n'est pas la première fois que j'ai l'honneur de vous rencontrer, puisque mes anciennes fonctions d'ambassadeur du Japon en France m'ont amené à représenter mon pays également auprès de la Principauté de Monaco.
J'avais eu dans ce contexte le grand privilège de participer à l'un des dîners de gala organisés au profit de l'AMADE.

Je suis très heureux que vous ayez accepté d'apporter votre soutien à nos projets éducatifs, et tout particulièrement d'être la marraine d'un projet d'éducation non formelle pour des jeunes filles et des femmes de pays en développement. L'éducation des jeunes filles et des femmes est l'un de six objectifs prioritaires que la communauté internationale, s'est fixés au Forum de Dakar, et je suis par conséquent enchanté que vous ayez choisi de vous y associer, participant ainsi, à votre manière, au succès de cet objectif majeur.

L'éducation non formelle a permis à des millions d'enfants, d'adolescents et d'adultes, ne bénéficiant pas ou pas totalement des opportunités éducatives offertes par le système éducatif formel, d'accéder à une éducation de base et à l'acquisition de compétences essentielles à leur intégration sociale.

Elle contribue ainsi à atteindre les objectifs de l'Education Pour Tous en optimisant les résultats obtenus et en offrant un environnement concret et pertinent pour l'apprentissage à travers des méthodes flexibles.

Les Centres d'apprentissage communautaires, institutions locales d'éducation, situés le plus souvent dans les villages et les zones rurales, sont généralement mis en place et gérés par la population locale pour fournir les diverses opportunités de formation et de développement, en particulier aux jeunes filles et aux femmes.

En offrant son soutien aux projets de l'UNESCO en faveur de l'éducation des jeunes filles et des femmes, Votre Altesse pourra donc promouvoir des projets utilisant ces expériences réussies du passé et intégrant cette approche innovante de l'UNESCO en matière d'éducation.

L'éducation des jeunes filles et des femmes est en effet une des clés du développement. C'est donc avec raison qu'il est primordial de s'intéresser plus particulièrement au problème de la paupérisation des femmes dans les pays les moins favorisés.

Votre contribution, Altesse, sera sans nul doute un apport exceptionnel à l'amélioration de la vie quotidienne de jeunes filles et des femmes dans des pays très démunis.

Ma récente visite officielle dans la Principauté de Monaco, où j'ai été très chaleureusement accueilli par Votre Père, le Prince Rainier, ainsi que la récente visite au Siège de Votre Frère, le Prince Héréditaire Albert, ont permis de resserrer les liens déjà étroits qui se sont instaurés au fil des ans entre la Principauté et l'UNESCO. La Principauté est devenue un important partenaire de l'Organisation dans nombre d'activités, notamment dans le domaine de la bioéthique.

C'est donc pour moi une véritable joie que de Vous nommer officiellement ce soir Ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO, ce qui ne fera que consolider ce lien de coopération entre la Principauté de Monaco et l'UNESCO. Je vais à présent Vous remettre Votre diplôme, en Vous renouvelant tous mes voux de succès pour Votre nouvelle mission au service de la communauté internationale."


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La Princesse de Hanovre prenait à Son tour la parole en ces termes :

"Monsieur le Directeur Général, Excellences, Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je vous remercie de tout coeur pour cet accueil si chaleureux.

L'an dernier, lorsqu'il m'a été proposé de devenir ambassadeur de bonne volonté et de rejoindre des rangs aussi prestigieux, je me suis tout d'abord posée la question : pourquoi moi ?

Et puis, en étudiant les propositions de missions que vous songiez à me confier, je me suis longuement penchée sur celle-ci :
"Education non formelle et microcrédits pour l'avenir des jeunes filles et des femmes en milieu rural"

Et ma réponse fut : pourquoi pas moi ?

Etant armée de bonne volonté depuis pas mal d'années, tant au service de la Fondation Princesse Grace que de l'Amade, toutes deux fondées par ma Mère, et qui oeuvrent sans relâche dans des domaines différents pour l'amélioration des conditions d'existence des enfants sur le plan éducatif, culturel, moral et sanitaire, une évidence s'est imposée à moi :

Toute aide à l'enfance, si elle veut être efficace, dépend obligatoirement, impérativement dirais-je, d'une aide à la femme, à la mère.

C'est en tant que femme et mère privilégiée que je me sens concernée et responsable quant à la prise en charge et la réalisation de ce programme.

Il y a une phrase de Joseph Conrad qui peut nous faire sourire, nous autres femmes occidentales qui avons vu nos droits reconnus et affirmés, mais qui reflète dans le reste du monde une vérité alarmante :

"Etre une femme est en réalité terriblement difficile : en effet, cela consiste essentiellement à avoir affaire à des hommes".

Personne ne remet en question la différence entre un homme et une femme ; seules les situations créant des injustices suscitent la controverse.

En raison des discriminations envers les femmes et les jeunes filles, celles-ci demeurent toujours privées du bénéfice de nombreuses initiatives majeures pour le développement.

Par conséquent, leurs taux d'analphabétisme et de chômage sont très élevés, ce qui d'une part, limite leurs opportunités et d'autre part, accroît leur dépendance, particulièrement envers les hommes de leur famille.

L'analphabétisme affecte 860 millions d'adultes dont près des trois quarts sont des femmes. Cette situation ne représente pas uniquement une violation évidente des droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles, elle s'avère en outre extrêmement coûteuse pour le développement de l'être humain et la réduction de la pauvreté.

En effet, l'on sait que le pouvoir de décision des femmes au sein de leur famille augmente selon leur niveau d'éducation et leur activité professionnelle.

Or, ces derniers facteurs ont une influence certaine sur :

- la réduction des taux élevés de fécondité à l'origine de surpopulation.

- La réduction des pathologies courantes et du taux de mortalité infantile.

- Une meilleure information quant aux dispositions à prendre pour sauver les enfants dans les cas de maladies endémiques ou d'épidémies.

Les initiatives louables pour éduquer et encourager les femmes à travailler en acceptant des emplois formels soulèvent des inquiétudes.

Les emplois rémunérés ne libèrent pas forcément les femmes de l'oppression au sein de leur famille et ne donnent pas forcément aux femmes le contrôle de leurs conditions, parfois désastreuses, de travail.

Nous pouvons constater une augmentation de la charge de travail globale des femmes, surtout celles des femmes pauvres dans les pays pauvres.

Mais ce sont encore les femmes essentiellement qui portent la responsabilité de la prestation de soins aux membres de la famille. Elles font face à une double corvée : celle du travail rémunéré et celle de la prestation de soins non rémunérés.

Des pressions s'exercent sur la santé des femmes pauvres et sur celle de leurs enfants ; des pressions s'exercent au niveau de la scolarité des filles qui peuvent être obligées d'abandonner l'école pour remplacer leur mère.

Mais ces pressions n'apparaissent pas immédiatement dans les calculs des responsables des politiques économiques. Et l'on se retrouve quelques années plus tard face aux mêmes problèmes : déscolarisation ou non-scolarisation des filles et exploitation des femmes.

Comment espérer de femmes épuisées qu'elles fassent du bénévolat au sein des ONG communautaires ou qu'elles passent du temps à surveiller les devoirs de leurs enfants et maintenir des réseaux de réciprocité avec leur famille et les voisins que les économistes appellent maintenant "le capital social".

Les programmes de microcrédits sont devenus l'une des stratégies clés dans la lutte contre la pauvreté des femmes, ils ciblent les femmes pour des raisons de coût-efficacité et d'égalité, car les taux de remboursements sont plus élevés chez les femmes.

Serions-nous donc non seulement plus endurantes, plus travailleuses, plus aimantes mais aussi plus honnêtes !

Les projets de microfinancement ont permis une augmentation du niveau des revenus des femmes et le contrôle de leur revenu dans une grande partie des régions du monde. Néanmoins, le microfinancement tout seul ne constitue pas une solution suffisante pour renforcer le pouvoir d'action des femmes démunies.

Il est important qu'une mise en valeur du microfinancement ne crée pas l'illusion que les femmes démunies qui en bénéficient ont de ce fait moins besoin de l'aide des services publics.

Il est également important que les établissements financiers macro économiques, nationaux et internationaux, fonctionnent selon des critères sociaux et non seulement selon des critères financiers.

Le défi que vous me proposez, Monsieur le Directeur Général, est passionnant et je vous en suis reconnaissante.

Les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim ainsi que de réaliser l'égalité des sexes servent de lignes directrices au présent projet.

Sans vouloir entrer dans leur détail, des chiffres inquiétants nous montrent l'urgence d'une telle initiative.
Il est, je crois, fondamental de se demander :

Qu'est-ce qu'une femme quand elle n'est qu'une esclave et qu'elle a peur ?

A quoi sert une mère si elle ne peut nourrir, soigner et protéger son enfant ?

Que devient une petite fille lorsqu'elle est vendue par ses parents ?

Et enfin, quelle sorte d'homme sera le petit garçon qui a vu et vécu tout cela ?

Ce sont des questions douloureuses, mais nous sommes ici aujourd'hui unis par la même volonté pour qu'elles ne soient plus jamais posées, car je suis convaincue qu'éduquer une femme c'est éduquer toute une nation".

La cérémonie s'achevait par un cocktail suivi d'un dîner dans les salons de l'UNESCO.
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