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Visites de S.A.S. le Prince Souverain dans les anciens fiefs de la dynastie en Italie et pour recevoir le doctorat honoris causa de l'Université de Naples (15-16 mai 2018)

  • No. Journal 8417
  • Date of publication 18/01/2019
  • Quality 100%
  • Page no.

Ayant souhaité rendre visite assez régulièrement aux territoires français ou italiens, anciennes possessions de la famille Grimaldi ou fortement liés à l'histoire de Sa famille, S.A.S. le Prince Albert II s'est rendu successivement en Émilie-Romagne et en Campanie les 15 et 16 mai 2018\. Il était accompagné par Son aide de camp, le lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, par M. Richard Milanesio, conseiller à Son Cabinet, et par M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier.
Bardi & Compiano (Émilie-Romagne) (15 mai 2018)
Accueilli à Sa descente d'avion, à l'aéroport de Parme, par les autorités civiles et militaires de la province, ainsi que par S.E. M. l'ambassadeur de Monaco en Italie et Mme Robert Fillon, par le consul de Monaco à Bologne, M. Augusto Spaggiari, S.A.S. le Prince se rend immédiatement par la route à Bardi.
En 1595, Hercule Ier Grimaldi avait épousé Marie Landi, sœur de Frédéric Landi, prince de Val di Taro. Bardi était une des forteresses de cette petite souveraineté qui sera intégrée dans le duché de Parme en 1682\. Marie Landi meurt en 1599 et Hercule Ier est assassiné en 1604\. Federico Landi s'occupe alors personnellement de son neveu Honoré II de Monaco, qui lui-même adopte le titre de prince en 1612.
À Son arrivée à Bardi, S.A.S. le Prince Albert II est reçu par Mme Valentina Pontremoli, maire, le conseil municipal, le président de la région Émilie-Romagne, Stefano Bonacini, et par le préfet de la province de Parme, Giuseppe Forlani. Une foule importante d'adultes et d'enfants, ainsi qu'un grand nombre de journalistes sont rassemblés sur la Piazza Vittoria. Une visite à pied du centre historique débute alors.
Au Groppo Predella, esplanade dominant le spectaculaire val de Ceno, remodelée, modernisée et rebaptisée Piazzale dei principi di Monaco, S.A.S. le Prince dévoile une plaque commémorative de Sa visite.
Le cortège princier se rend ensuite, à travers les rues et ruelles, jusque dans l'église Saint-François, au pied du château. Aujourd'hui transformée en centre de conférences et d'animation culturelle, cette église est un lieu marquant pour l'histoire de la dynastie des Grimaldi, puisque l'union entre Hercule Ier et Marie Landi y a été célébrée en 1595\. Le Souverain et Sa suite y sont accueillis par un concert de musique ancienne. De là, ils se rendent au château.
Bâti au début du IXe siècle par la suite, ce puissant ouvrage de défense et de contrôle du territoire a été acquis en 1257 par un ancêtre de Marie Landi, Ubertino Landi di Piacenza, qui en a fait la demeure seigneuriale de la famille. Aujourd'hui, le château, parfaitement restauré, est l'une des attractions touristiques de la région. Lors de Sa visite, S.A.S. le Prince parcourt notamment le spectaculaire chemin de ronde, les salles intérieures et le riche musée de la vie et des traditions rurales, installé dans une partie du bâtiment.
Une plaque marquant l'appartenance du château à l'association Sites historiques Grimaldi de Monaco est dévoilée. La biographie en italien Onorato II, par Ricardo de Rosa, érudit ayant consacré une bonne part de ses recherches aux fiefs et à la présence de la famille Grimaldi en Italie du Nord, fait l'objet d'une présentation par son auteur. Le maire de Bardi prend alors la parole pour accueillir officiellement S.A.S. le Prince au nom de sa commune, de ses habitants et des autorités locales. Elle souligne notamment l'importance de la dynastie des Grimaldi dans la mémoire collective des habitants de Bardi et dans l'attractivité de sa commune pour les touristes et curieux qui s'y rendent en nombre. S.A.S. le Prince s'exprime ensuite, rappelant, en particulier, l'intérêt qu'Il attache à ces visites de fiefs de Sa famille et se réjouissant de l'accueil extrêmement chaleureux et amical qui Lui est réservé à chacune de Ses étapes. La réaffirmation du lien entre Sa famille et les lieux dans lesquels certains de Ses ascendants ont vécu est un projet qui Lui tient particulièrement à cœur et que traduit, concrètement, la création de l'« Association des sites historiques Grimaldi de Monaco ».
À l'issue de ces allocutions, un apéritif convivial est servi. Un déjeuner officiel, préparé et servi par l'école hôtelière voisine, réunit ensuite les autorités régionales et locales dans la « salle Grimaldi », dont la clé de voûte s'orne du blason des Grimaldi « en gloire », peint à fresque, et qui est, avec la « salle Landi », l'une des deux salles d'apparat de ce château. Un timbre-poste monégasque représentant le château de Bardi a été émis à l'occasion de cette visite princière.
L'après-midi est consacré à la visite de Compiano, dans la haute vallée du Taro, qui appartenait également à la souveraineté des Landi. Le château de Compiano recèle aujourd'hui un hôtel-restaurant haut de gamme et deux musées historiques régionaux. À Son arrivée, le Souverain et Sa délégation sont accueillis par le maire, Mme Sabina Delnovo, et son conseil municipal. Après l'exécution des hymnes nationaux, S.A.S. le Prince inaugure la place centrale du village, dédiée à la marquise Gambarotta (propriétaire du château avant son rachat par la commune de Compiano, et à qui un musée est consacré), puis dévoile une plaque destinée à rappeler Sa visite.
Une cérémonie officielle d'accueil a lieu ensuite dans la grande salle du château. Le maire a souligné dans son allocution combien Compiano et ses habitants restent sensibles à l'histoire qui les lie aux familles Grimaldi et Landi ; elle donne connaissance à l'assistance d'une délibération du conseil municipal par laquelle le château de Compiano est désormais dédié au souverain monégasque. Dans Sa réponse de remerciements, S.A.S. le Prince fait part une nouvelle fois de Son émotion d'être aussi bien reçu dans les anciens fiefs de Sa famille, ce qui dénote l'attachement des habitants à une histoire qu'ils considèrent, même éloignée dans le temps, comme faisant partie de leur patrimoine vivant.
À l'issue de la visite à Compiano, S.A.S. le Prince et Sa suite se rendent à Parme où le Souverain reçoit à dîner, pour les remercier, les maires l'ayant accueilli ainsi que les représentants des autorités régionales et locales.
Naples (Campanie) (16 mai 2018)
Le lendemain mercredi 16 mai, S.A.S. le Prince se rend à Naples pour y recevoir le diplôme de docteur honoris causa de l'université « Parthénope ». Accueilli à Sa descente d'avion par le consul de Monaco en Campanie, M. Mariano Bruno, le Souverain s'est immédiatement rendu à la villa Doria d'Angri, siège de représentation de cette université.
L'y attendent le professeur Alberto Carotenuto, recteur, et le professeur Giorgio Budillon, directeur du département des sciences et technologies. S.A.S. le Prince est tout d'abord invité à revêtir la toge des doctorants, puis à participer au traditionnel cortège académique jusque dans l'ancienne chapelle où doit se dérouler la cérémonie. L'ensemble des autorités et du corps académique ayant pris place, le recteur s'adresse à l'assistance en rappelant tout d'abord la puissante tradition culturelle et académique de Naples et l'attention particulière que cette ville a toujours portée aux questions maritimes. L'université « Parthénope » possède un département des technologies au sein duquel se mènent des recherches et études visant à analyser les « maladies » de toute nature (pollution mais aussi réchauffement et acidification) dont souffrent aujourd'hui les mers, afin de promouvoir les principes d'un développement durable du milieu marin. Le recteur souligne, en terminant, que cette cause est aussi depuis longtemps celle de S.A.S. le Prince Albert II, raison pour laquelle l'université, en reconnaissance de Ses mérites, a décidé de Lui attribuer le titre de docteur honoris causa.
Prenant ensuite la parole pour prononcer la traditionnelle laudatio, le professeur Giorgio Budillon, directeur du département des sciences et technologies, rappelle que le fort engagement de la famille régnante de Monaco en faveur des océans date du prince Albert Ier, fondateur du Musée océanographique, aujourd'hui mondialement connu. Par la suite, le prince Rainier III s'est inscrit dans la continuité de cet engagement. S.A.S. le Prince Albert II, devenu Prince Souverain en 2005, a toujours affirmé Sa volonté à la fois d'impliquer Son pays et de militer lui-même pour une meilleure prise en compte de la fragilité des océans. C'est dans cet esprit que S.A.S. le Prince Albert II a conduit personnellement une exploration au pôle Nord en 2006\. De semblables objectifs L'ont conduit à créer en 2006 la fondation qui porte Son nom et dont les trois domaines d'intervention principaux sont le changement climatique, l'eau et la biodiversité. En 2009, le Souverain monégasque se rendait en Antarctique pour alerter l'opinion publique sur les dangers extrêmes qui menacent ce continent. C'est sous Son impulsion qu'est née et qu'a été promue la Monaco Blue initiative, ainsi que la « Déclaration de Monaco », afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent à l'acidification des océans. La C.I.E.S.M. (Commission Internationale pour l'Exploration Scientifique de la Méditerranée), créée par Son trisaïeul le prince Albert Ier, soutenue constamment depuis lors par les autorités monégasques, coordonne, à partir de Monaco, les activités de recherche scientifique pouvant contribuer à une meilleure connaissance et à une meilleure préservation du milieu marin méditerranéen, à la fois très riche et très menacé. C'est dans la même ligne que S.A.S. le Prince Albert II a fortement voulu et apporté tout Son soutien à la campagne scientifique désignée sous le nom des « Explorations de Monaco ». Concluant son intervention en mentionnant la vocation de son université à favoriser les échanges scientifiques et techniques portant sur le domaine maritime, le professeur Giorgio Budillon indique que c'est un plaisir et un honneur pour l'institution qu'il représente de conférer ce jour le titre de docteur honoris causa à S.A.S. le Prince Albert II de Monaco.
Prenant ensuite la parole, le Souverain s'exprime dans les termes suivants :
« Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les professeurs,
Excellences,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je voudrais très sincèrement vous remercier de l'honneur que vous me faites aujourd'hui en me remettant ce diplôme de docteur honoris causa de votre prestigieuse université. Je suis en effet particulièrement fier de recevoir cette distinction ici, dans cette institution qui fait des problématiques environnementales, et en particulier maritimes, des enjeux à part entière. Former les jeunes générations aux questions maritimes, les sensibiliser aux périls qui menacent nos mers et aux manières d'y faire face, professionnaliser ces sujets trop souvent négligés : ces tâches sont essentielles à notre avenir à tous.
À Naples comme à Monaco, nous avons le privilège de mesurer cela très concrètement, à travers le spectacle quotidien de la Méditerranée, dont nous savons à quel point elle est précieuse, à quel point elle est fragile. Et nous savons surtout tout ce qu'elle signifie.
La Méditerranée, c'est pour nous la Mare nostrum des Romains : un lieu partagé, un lieu qui divise bien sûr parfois, mais qui réunit plus souvent encore, et dont nous avons la responsabilité commune.
C'est à travers la Méditerranée qu'Ulysse et Énée ont écrit notre mythologie. C'est sur ses eaux que les Phéniciens ont inventé le commerce et esquissé une première forme de mondialisation. C'est sur ses rivages que sont nées les grandes religions qui ont façonné le monde. C'est cette mer qui a vu éclore de nombreux empires au fil des siècles – romain, ottoman, espagnol, français, britannique ou russe. C'est elle qui fut le berceau des grands voyageurs qui ont les premiers sillonné la planète. Et c'est elle qui supporte aujourd'hui la plupart des enjeux de notre temps et est le théâtre de nombreux drames.
La Méditerranée subit en effet les tensions économiques, sociales, culturelles et religieuses de notre monde. Mais elle offre plus encore, je crois, l'exigence d'une action collective, au service de son avenir, de notre avenir. C'est de cette dimension collective que je voudrais vous parler aujourd'hui, car elle guide mon action, et car elle est la condition indispensable de l'efficacité. Comme l'a très justement dit Nelson Mandela, “we know it well that none of us acting alone can achieve success.”… Je me limiterai ici aux questions environnementales, qui sont plus directement au cœur de cette cérémonie. Mais je suis persuadé que ces questions ont un lien direct avec les autres enjeux que j'évoquais.
Les dégradations de l'environnement sont porteuses d'inégalités, car elles frappent toujours les plus faibles. Elles sont porteuses de maladies, voire de famines car elles bouleversent les équilibres biologiques de régions entières et affaiblissent la biodiversité. Elles sont porteuses de conflits, car elles raréfient les ressources. Et elles sont porteuses de déracinements, car elles rendent inhospitalières  des régions entières et poussent leurs habitants à l'exil. C'est pourquoi il est essentiel de s'en préoccuper, y compris en Méditerranée, et de s'en préoccuper ensemble.
Agir ensemble pour la Méditerranée, c'est bien entendu agir avec les sociétés civiles, avec tous ceux qui comme vous, comme moi, habitent autour de cette mer et sont soucieux de son avenir. Nous devons dialoguer avec eux et favoriser l'émergence des projets et des idées qu'ils portent.
C'est ce que nous faisons avec ma fondation, par exemple sur la question centrale des pollutions plastiques, ce fléau qui décime de nombreuses espèces et contamine de plus en plus l'ensemble de la chaîne alimentaire.
Ainsi, le projet Beyond Plastic Med est né de la volonté d'un panel d'acteurs concernés par la pollution plastique en mer, que nous avions réunis en 2015 à Monaco. Leurs travaux ont abouti  à la création de la Task Force BeMed, qui a permis de faire émerger et de soutenir des projets locaux de lutte contre les pollutions plastiques.
Émanant des sociétés civiles des pays riverains de la Méditerranée, ces projets nous permettront, à leur tour, de mobiliser le plus largement possible sur un sujet qui concerne chacun, et qui requiert la participation de tous. Agir avec les sociétés civiles, c'est les encourager plus largement à inventer un nouveau mode de développement, plus respectueux de l'environnement.
Ce mode de développement se fonde sur le changement des gestes quotidiens de chacun. Mais  aussi sur la mise en œuvre de solutions innovantes, notamment par les acteurs économiques. Ceux-ci doivent comprendre que leur clientèle attend cela, et qu'il y a là des potentialités de croissance très importantes. Je vous rappelle que le Boston Consulting Group évaluait il y a quelques mois le poids de l'économie bleue à 270 milliards d'euros. En Méditerranée plus qu'ailleurs, il s'agit de développer ces potentialités, en suscitant les initiatives et en favorisant leur développement.
Et agir avec les sociétés civiles, c'est aussi, tout simplement, susciter une prise de conscience des citoyens qui entraînera une forme de civisme environnemental. C'est parler à leur cœur, en leur faisant partager la beauté des ressources naturelles menacées. C'est mieux expliquer les conséquences des choix de chacun. Et favoriser le partage de l'information sur la situation réelle de notre planète.
Je pense à cet égard à l'importance d'une communication efficace dans la lutte contre les pollutions, puisque je vous rappelle que 80% des pollutions marines sont d'origine tellurique, résultant du ruissellement des eaux pluviales, des cours d'eau se déversant dans la mer ou des rejets d'eaux usées non traitées.
Toutes ces causes peuvent être éradiquées. Mais il faut pour cela des moyens et une volonté politique. Or, pour cela aussi, la mobilisation des citoyens est essentielle. De même qu'ils sont capables d'inciter les entreprises à faire le pari de la croissance bleue, ils ont le pouvoir de pousser les dirigeants politiques à s'engager dans une voie plus responsable.
Car ces initiatives ont évidemment besoin, pour se déployer, du soutien des pouvoirs publics. De ce point de vue, agir ensemble pour la Méditerranée, c'est encourager une alliance entre les différents acteurs nationaux, les individus, les ONG, les autorités locales et les dirigeants nationaux.
C'est dans cette optique que j'ai développé, depuis douze ans, l'action de ma fondation. Celle-ci agit en effet en complément de mon action à la tête de l'État monégasque. Non pas pour pallier quelque lacune, mais pour prolonger notre engagement à d'autres niveaux. Pour permettre des alliances plus concrètes, plus efficaces, avec des acteurs privés. Et pour agir au niveau local comme au niveau international. Pour cela, cette fondation s'appuie systématiquement sur des acteurs locaux, ainsi que sur des expertises scientifiques précises. C'est ainsi que nous permettons aux talents de se rencontrer et de coopérer au service d'objectifs tangibles.
Mais l'action politique que la mobilisation des sociétés civiles peut encourager, c'est aussi, plus simplement, celle des réglementations. Je pense notamment à l'exemple du thon rouge de Méditerranée, une espèce  emblématique, qui joue un rôle central dans la chaîne alimentaire, mais dont les stocks ont été décimés par une pêche de plus en plus industrialisée, aux moyens de plus en plus puissants. Face au danger d'une extinction de cette espèce, la mobilisation s'est faite à tous les niveaux. Elle s'est faite au niveau politique, lorsque nous avons porté la question devant la CITES, dont les pouvoirs contraignants auraient pu permettre d'interdire le commerce international de cette espèce. Même si elle n'a pas abouti à l'interdiction de son commerce international, cette démarche a servi de détonateur. Spontanément, les restaurateurs de Monaco ont cessé de cuisiner cet animal. D'importantes associations se sont mobilisées. Et l'ICCAT, organisme régulateur de sa pêche, a répondu à la pression en révisant drastiquement ses positions. Au final, les pêcheurs eux-mêmes ont admis de diminuer leurs prises, comprenant qu'il en allait de la survie de leur activité. Voilà l'exemple même d'une action collective qui, sans avoir réussi à tous les niveaux, a su mobiliser les différents acteurs concernés, et agréger de nombreuses volontés pour finalement sauver une espèce qui était gravement menacée…
Plus largement, cette coopération nécessaire passe par des accords entre États. C'est ainsi que Monaco et l'Italie se sont engagées, avec la France, pour la protection des mammifères marins de nos côtes, au sein du sanctuaire Pelagos. Et nous sommes fiers d'accueillir le secrétariat d'un accord sur la protection des cétacés réunissant 23 pays du pourtour méditerranéen et de la mer Noire. De la même manière, nous avons récemment créé, avec la France et la Tunisie, un fonds fiduciaire dédié au financement d'aires marines protégées en Méditerranée. Réunissant des capitaux publics et privés, il vise à renforcer et pérenniser les aires marines existantes, à soutenir les réseaux régionaux, à susciter l'implication des États, et, dans l'avenir, à financer de nouvelles aires.
Cette coopération entre États est une étape indispensable de toute action efficace au service de la Méditerranée. Mais elle doit se prolonger par de vraies initiatives au sein des instances multilatérales, qui offrent généralement le cadre le plus adapté à la gestion de problématiques qui par nature dépassent les frontières. L'Europe, de ce point de vue, joue un rôle majeur, et je veux saluer le travail conduit à Bruxelles, où j'étais il y a quelques jours encore, par de nombreux acteurs pleinement mobilisés au service des mers, et qui font avancer leur cause.
Mais je veux aussi, plus largement, saluer le travail accompli à l'ONU, dont nous savons qu'elle incarne mieux qu'aucune autre organisation l'échelle pertinente pour la gestion des problématiques environnementales. Je pense notamment à la question climatique, dont les interactions avec les mers sont nombreuses et importantes. Comme vous le savez, les mers jouent en effet un rôle d'atténuation essentiel du changement climatique, puisque l'on estime qu'elles ont absorbé jusqu'à 90 % du surplus de chaleur créé par les activités humaines, et qu'elles absorbent 25 % du CO2 que nous rejetons dans l'atmosphère. Mais inversement, les mers subissent directement les impacts de nos activités : le CO2 accroît dangereusement leur acidité, le réchauffement entraîne une élévation de leur niveau, des écosystèmes entiers sont bouleversés par le changement de température, et le système des courants lui-même en est affecté…
C'est pourquoi il était essentiel d'intégrer la question des mers aux négociations sur le climat, et c'est pourquoi je suis particulièrement heureux que cela ait été fait au cours des dernières années. Cela a démarré en 2015, lors de la COP 21, où la question des mers a pour la première fois été officiellement inscrite au programme des négociations. L'année suivante, la COP 22 leur a consacré une journée spécifique. En 2016, le GIEC a accédé à la demande, portée notamment par la Principauté de Monaco et par ma fondation, de consacrer un rapport intermédiaire aux océans et à la cryosphère, après avoir réservé un chapitre de son dernier rapport aux océans.
En 2016, toujours, l'ONU a énoncé, parmi les objectifs de développement durable, celui de “Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines”. Parallèlement, des négociations ont été engagées pour l'adaptation du droit international de la mer, qui fut conçu à une époque où les enjeux environnementaux et climatiques n'apparaissaient pas de la même manière. En 2016, un travail a ainsi été lancé, auquel  nous  participons  activement, autour de la biodiversité au-delà des juridictions nationales.
Toutes ces évolutions prouvent l'importance d'un travail collectif. Mais elles prouvent aussi, je crois, l'importance de fonder ce travail sur la seule démarche capable de rassembler le plus largement possible autour de constats communs. Je pense bien entendu à la science, et à la nécessité, toujours, d'en faire la pierre angulaire de toute action environnementale, en particulier lorsqu'elle est collective.
C'est pourquoi la Principauté de Monaco a fait du soutien à la science un principe fondateur de son action.
Je veux à cet égard citer l'accueil à Monaco de la Commission Internationale pour l'Exploration Scientifique de la Méditerranée (C.I.E.S.M.), dont Monaco fut, avec notamment l'Italie, parmi les membres fondateurs, sous l'autorité du prince Albert Ier. La C.I.E.S.M., qui étudie les caractéristiques hydrographiques et biologiques des différentes parties de la Méditerranée, joue un rôle très important dans l'exploration de notre mer, en favorisant notamment l'utilisation internationale des institutions de recherche nationales.
Mais je veux aussi citer le travail de médiation de l'Institut océanographique, qui établit le lien entre la science  et le grand public. Je veux citer l'accueil d'institutions scientifiques, outre la C.I.E.S.M., notamment le laboratoire marin de l'AIEA, qui travaille en particulier sur la question de l'acidification des mers. Je veux citer les liens nombreux de ma fondation avec de prestigieuses institutions scientifiques à travers le monde.
Toutes ces initiatives se retrouvent notamment lors de la Monaco Ocean Week, événement global sur les mers que nous avons lancé en 2017, et dont la seconde édition s'est tenue il y a quelques semaines. Et je crois que leur rencontre sur le petit territoire de Monaco offre un nouvel exemple de la vertu d'une coopération fructueuse entre acteurs, entre pays et entre talents variés.
C'est ainsi, avec les scientifiques, et en rassemblant autour de leur travail la puissance des États et l'énergie des sociétés civiles, que nous pourrons préserver  la Méditerranée, et construire à travers elle un nouveau mode de développement. Un mode de développement qui sera partagé, car la Méditerranée doit plus que jamais rester un lieu de rencontre, et non un lieu de fracture de notre monde.
Comme l'a écrit le grand historien français Fernand Braudel, qui fut l'un des grands penseurs de l'originalité méditerranéenne, « dans son paysage physique comme dans son paysage humain, la Méditerranée carrefour, la Méditerranée hétéroclite se présente dans nos souvenirs comme une image cohérente, comme un système où tout se mélange et se recompose en une unité originale ». C'est cette unité qu'il faut préserver ensemble, en préservant notre mer. Je sais que cette rencontre entre les disciplines et cette union des talents sont au cœur de votre université.
C'est pourquoi je suis particulièrement heureux d'en faire en quelque sorte partie désormais, par l'honneur que vous me faites. Un honneur dont je tâcherai d'être digne, en poursuivant de toutes mes forces ce travail de coopération et de conviction. Je vous remercie. »
La cérémonie se conclut par un apéritif, servi sur la terrasse de la villa Doria d'Angri, suivi d'un déjeuner officiel réunissant les autorités académiques, les autorités publiques régionales et locales, ainsi que la délégation monégasque. À l'issue de ce déjeuner, S.A.S. le Prince et Sa suite prennent la route pour se rendre à Campagna.
Campagna (Campanie)
À Son arrivée à Campagna, dans la province de Salerne, S.A.S. le Prince est accueilli sur le Largo Sant'Antonio, place principale de la ville, par le maire, Roberto Monaco, et par le préfet de la province, Salvatore Malfi. De nombreux habitants de la ville et des alentours, ainsi que des élus locaux, se sont massés sur la place et tout au long des rues de la ville que S.A.S. le Prince parcourt à pied. La visite débute au couvent de San Bartolomeo, siège actuel du Musée de la mémoire et de la paix, qui rend notamment compte du « siècle d'or » de Campagna, entre 1532 et 1673, durant lequel la ville a été, en grande partie, le fief de la famille Grimaldi.
Accordé par l'empereur Charles Quint, en tant que roi de Naples, à Honoré Ier Grimaldi en 1532, le marquisat de Campagna visait à renforcer le lien d'alliance noué par le seigneur de Monaco Augustin Grimaldi et l'Espagne en 1524\. L'alliance du prince Honoré II de Monaco avec la France, en 1641, a mis fin à la possession de ce marquisat qui était alors devenu l'apanage de l'héritier du trône monégasque.
La visite se poursuit par la découverte des fontaines publiques établies pendant le temps des Grimaldi, celle de la Cortiglia – comme en témoigne une inscription latine – et de la Giudecca (1634), ainsi que du ponte Tenza. Deux plaques sont dévoilées par le Souverain, la première, à l'entrée du bourg historique, marquant l'affiliation de Campagna au réseau des « Sites historiques Grimaldi de Monaco », la seconde destinée à rappeler Sa visite, apposée devant l'ancien palais des gouverneurs du marquisat, où l'on voit encore le blason des Grimaldi peint à fresque sur une voûte.
S.A.S. le Prince est ensuite reçu solennellement à la mairie par les hymnes nationaux monégasque et italien. Dans son allocution de bienvenue, le maire Roberto Monaco rappelle, en particulier, les liens historiques entre sa ville et la famille Grimaldi et souligne l'attachement qui unit, de ce fait, les habitants de Campagna et de toutes les cités environnantes à la Principauté. Prenant ensuite la parole, S.A.S. le Prince remercie chaleureusement les autorités locales et régionales de leur accueil et de l'excellente préparation de cette visite, en rappelant Sa volonté constante de mieux faire connaître et comprendre les liens historiques unissant certains lieux ou territoires et Sa famille.
La visite du Souverain à Campagna s'achève par un cocktail, servi à l'hôtel-restaurant Maccarunera, ancien moulin à eau dont l'activité avait, en son temps, largement contribué au dynamisme et à la prospérité de la cité de Campagna.
En fin d'après-midi, S.A.S. le Prince décolle de l'aéroport de Salerne.

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