Visites de S.A.S. le Prince Souverain dans les anciens fiefs de la dynastie en France.
Rozoy-sur-Serre (2 avril 2018)
à l'invitation du président du Conseil départemental de l'Aisne, M. Nicolas Fricoteaux, S.A.S. le Prince s'est rendu dans la commune de Rozoy-sur-Serre, le 2 avril 2018 après-midi, afin de visiter le bourg et sa superbe collégiale.
Le motif en est que la baronnie de Rozoy fut acquise, en 1659, par le Cardinal Mazarin, en même temps que le duché de Rethel.
L'ensemble devint, en 1663, le duché de Rethel-Mazarin, au bénéfice d'Hortense Mancini, nièce du Cardinal, et de son mari, Armand Charles de la Porte, Duc de la Meilleraye. Ce fief passa, en 1777, dans la Maison des Grimaldi, par le mariage d'Aumont-Mazarin avec le futur prince Honoré IV.
Le titre est donc toujours porté par le Prince Souverain.
S.A.S. le Prince est accompagné de M. Georges Lisimachio, chef de Cabinet de S.A.S. le Prince, du lieutenant-colonel Laurent Soler, chambellan de S.A.S. le Prince, de M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier.
Il est accueilli devant la collégiale par : Mme Magali Daverton sous-préfète de Saint-Quentin (chargée de l'intérim du sous-préfet de Vervins), M. Nicolas Fricoteaux, président du Conseil départemental de l'Aisne, M. José Flucher, maire de Rozoy-sur-Serre, M. Jean Roulet, président de l'association des amis de Rozoy-sur-Serre et de sa collégiale, le clergé local.
à Son arrivée, les orgues retentissent.
Puis, Mme Lucienne Bekalarek, membre de l'association, fait une visite commentée de la collégiale.
Le Prince Souverain se recueille devant la pierre tombale de Dame Hortense Mancini avant de dévoiler la plaque établissant le rappel historique de Leur lien familial sur fond de prestation musicale des orgues.
Le cortège parcourt ensuite à pied les rues du village, Monsieur le maire et Madame Bekalarek commentant ce déplacement, pour gagner la salle de mariage de l'Hôtel de Ville où 80 personnes sont réunies.
Après le discours de MM. José Flucher et Nicolas Fricoteaux, S.A.S. le Prince prononce l'allocution suivante :
« Madame la Sous-préfète,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis de Rozoy-sur-Serre,
C'est toujours avec grand plaisir que je me trouve dans votre département. Le Laonnois m'est bien sûr très connu, vous le savez, car ma famille y possède une propriété depuis 1854.
Mais je dois d'emblée vous avouer, Monsieur le Président, que je ne suis pas encore incollable sur le reste du territoire, même si un déplacement récent au Chemin des Dames, au printemps dernier, dans les pas de mon arrière‑grand‑père le prince Louis II, m'a permis, notamment en votre compagnie, cher Monsieur Fricoteaux, de découvrir avec émotion un secteur hautement symbolique d'histoire partagée, puisque mon bisaïeul s'était illustré par son engagement comme officier de liaison sur les pentes du plateau de Craonne en 1917.
C'est une autre histoire partagée qui nous rassemble aujourd'hui, plus ancienne, en cette année de millénaire de votre collégiale.
Certes, ce très bel édifice n'a pas été construit par mes ancêtres, qui n'ont eu un contact avec votre région qu'au XVIIe siècle, mais nous conservons cependant, dans les Archives du Palais, un important fonds de documents sur votre territoire, qui remonte au Moyen âge.
En 1573, l'antique baronnie de Rozoy est unie au comté de Rethel, tous deux érigés en pairie. Le comté devient duché en 1581.
En 1659, le cardinal Mazarin, premier ministre du jeune Louis XIV, l'acquiert auprès du duc de Mantoue, Charles de Gonzague, souverain italien dont la famille avait, un siècle plus tôt, hérité du fief par mariage.
En 1663, Rethel et Rozoy sont, à leur tour, érigés en duché-pairie en faveur du mari d'Hortense Mancini, nièce et héritière du cardinal, Charles de La Meilleraye. Leur descendante épouse, en 1777, le futur prince Honoré IV de Monaco, faisant passer les terres alsaciennes, ardennaises et franciliennes des Mazarin à la maison Grimaldi.
C'est donc ce titre de duc de Mazarin que je porte aujourd'hui encore, par tradition, et qui n'a de lien avec la Sicile et la ville de Mazzarino, que j'ai découverte avec plaisir l'automne dernier, que le nom du cardinal. Car c'est là qu'était sa lointaine origine familiale.
L'ancien duché de Rethel-Mazarin est certainement moins ensoleillé que l'île méditerranéenne, mais sa population n'en est pas moins chaleureuse, si j'en vois votre accueil aujourd'hui, ce qui me touche beaucoup.
J'ai ainsi plaisir à me rendre régulièrement dans des régions liées à l'histoire de ma famille. C'est, pour moi, une source de curiosité, mais aussi de contacts et de réflexion sur les territoires d'aujourd'hui. La découverte est aujourd'hui particulièrement empreinte d'émotion, après avoir vu, dans votre belle collégiale, la pierre tombale de ma lointaine ancêtre Hortense Mancini qui repose ici, comme « comtesse de Rethel et Rozoy ».
Je ne le savais pas, et vous suis très reconnaissant, Monsieur le Président, Monsieur le Maire, de m'avoir permis d'effectuer un devoir familial de mémoire.
Comme la relation réactualisée et sans nostalgie que je souhaite avoir avec les anciens fiefs de ma famille ne doit pas se limiter à une présence unilatérale, j'ai voulu accueillir à Monaco, chaque année, les sites historiques déjà visités.
Monaco Interexpo, société d'État vouée à la promotion de la Principauté dans les expositions internationales, a été chargée de la mise en œuvre de cet événement qui aura lieu, pour la première fois, les 23 et 24 juin prochains, sur la place du Palais, en liaison avec l'association « Sites historiques Grimaldi de Monaco » qui a été créée pour rassembler, dans un même réseau, les collectivités et édifices qui ont cette histoire partagée avec la Principauté et ma famille.
De petits pavillons présenteront les sites, leurs caractéristiques géographiques, historiques, économiques, patrimoniales. De nombreuses animations, pour les jeunes et les moins jeunes, seront présentées. Deux à trois territoires seront invités lors de chaque rencontre.
D'ici quelques années, le vôtre sera donc convié, avec les représentants de tout l'ancien fief de Rethel-Mazarin, dans le département voisin des Ardennes, à venir exposer à Monaco ce qui vous caractérise, ce que vous avez de meilleur et de représentatif.
Je me réjouis de cette perspective de moyen terme qui signifie à quel point je souhaite que les relations renouées perdurent et soient entretenues. Ma présence au milieu de vous aujourd'hui doit donc être davantage un commencement qu'un aboutissement.
Je vous remercie. »
S'ensuit le traditionnel échange de cadeaux avant un vin d'honneur et la dégustation de produits régionaux.
Le Prince quitte Rozoy-sur-Serre en fin d'après-midi.
Chaumont-Porcien (3 avril 2018)
À l'invitation de M. Guy Camus, maire de Chaumont-Porcien, et du président de l'Association de sauvegarde du patrimoine de Chaumont-Porcien, S.A.S. le Prince s'est rendu dans cette commune le 3 avril 2018, afin de visiter, au Mont Saint-Berthauld, la chapelle rénovée et le village.
L'actuelle commune de Chaumont-Porcien appartient à l'ancien comté de Porcien, érigé pour la maison de Croÿ, en principauté de Château-Porcien en 1561 ; elle‑même vendue à Charles de Mantoue, duc de Nevers, en 1608, et au Cardinal Mazarin en 1659.
S'il ne reste rien de l'ancien château des Comtes de Porcien, ni de l'abbaye de Saint-Berthauld, qui étaient situés sur le mont du même nom, a été érigée, en 1876, à leur emplacement, une nouvelle chapelle, dont la restauration vient de s'achever.
S.A.S. le Prince porte toujours le titre de Prince de Château-Porcien, ce fief étant passé dans la Maison des Grimaldi par le mariage, en 1777, de Louise d'Aumont-Mazarin, avec le futur prince Honoré IV.
à l'arrivée à Chaumont-Porcien, en milieu de matinée, le Prince, accompagné de M. Georges Lisimachio, chef de Cabinet de S.A.S. le Prince, du lieutenant-colonel Laurent Soler, chambellan de S.A.S. le Prince, et de M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier de Monaco, est accueilli au pied du Mont Saint-Berthauld par M. Pascal Joly, préfet des Ardennes, M. Pierre Cordier, député, conseiller départemental, M. Benoît Huré, sénateur des Ardennes, conseiller départemental, M. Marc Lamenie, sénateur, conseiller municipal, M. Guy Camus, maire, M. Jean Rottner, président du Conseil régional Grand-Est, M. Noël Bourgeois, président du Conseil départemental des Ardennes, M. Jean-Louis Conce, président de l'Association de sauvegarde du patrimoine de Chaumont-Porcien.
à pied, les personnalités gravissent le Mont Saint-Berthauld et en visitent la chapelle, guidées par M. Jean-Louis Conce.
Puis, le cortège rejoint la Mairie où la population accueille le Prince Souverain, en présence des enfants des écoles.
Devant la Mairie, sous un petit chapiteau, prennent successivement la parole M. Guy Camus et M. Pascal Joly.
S.A.S. le Prince répond en ces termes :
« Monsieur le Préfet,
Messieurs les présidents des Conseils régional et départemental,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis de Chaumont-Porcien,
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Je me réjouis que votre invitation, Monsieur le Maire, grâce à la commémoration du 1500e anniversaire de la mort, cette année, de l'ermite évangélisateur saint Berthauld, me permette d'avoir ce premier contact avec vous aujourd'hui.
Vous le savez, depuis déjà quelques années, je prends plaisir à me rendre régulièrement dans des régions liées à l'histoire de ma famille, et je savais qu'il ne fallait pas oublier les Ardennes, ne serait-ce que parce que le principal titre historique qui me relie à votre département, est, à lui seul, une leçon d'histoire de France et de Monaco : je veux bien sûr évoquer le titre de duc de Mazarin, ou de Rethel-Mazarin plus exactement, celui du fameux Premier ministre du jeune Louis XIV.
Avant le cardinal, les possesseurs de votre territoire ont été nombreux au fil des siècles. Le comté de Porcien, un temps tenu par les Valois, descendants du roi Charles V, est vendu à la famille de Croÿ en 1438\. Il devient une principauté en 1561\. En 1608, le fief est cédé au duc Charles Ier de Mantoue, en réalité un voisin en qualité de duc de Rethel. En 1659, Mazarin acquiert les possessions ardennaises du souverain italien, le Rethelois et le Porcien, à l'exception de la principauté d'Arches, autour de Charleville. En 1663, Rethel est érigé en duché-pairie en faveur de Charles de la Meilleraye, mari d'Hortense Mancini, nièce et héritière du cardinal Mazarin. Leur descendante épouse, en 1777, le futur prince Honoré IV de Monaco, faisant ainsi passer les terres alsaciennes, ardennaises et franciliennes des Mazarin à la maison Grimaldi.
Ce duché de Mazarin n'a certes rien de commun avec la Sicile et la ville de Mazzarino, que j'ai découverte avec plaisir l'automne dernier, et d'où il était lointainement originaire. Le Rethelois et le Porcien sont certes moins ensoleillés que l'île italienne, mais leur population n'en est pas moins chaleureuse, si j'en crois votre accueil aujourd'hui, ce qui me touche beaucoup.
Sans nostalgie du passé, ces déplacements dans des lieux qui font écho à mon histoire familiale sont, pour moi, une source de curiosité, mais aussi de contacts vrais et de réflexion sur les territoires d'aujourd'hui.
Comme la relation réactualisée et sans nostalgie que je souhaite avoir avec les anciens fiefs de ma famille ne doit pas se limiter à une présence unilatérale, j'ai voulu accueillir à Monaco, chaque année, les sites historiques déjà visités.
Monaco Interexpo, société d'État vouée à la promotion de la Principauté dans les expositions internationales, a été chargée de la mise en œuvre de cet événement qui aura lieu, pour la première fois, les 23 et 24 juin prochains, sur la place du Palais, en liaison avec l'association “Sites historiques Grimaldi de Monaco” qui a été créée pour rassembler, dans un même réseau, les collectivités et édifices qui ont cette histoire partagée avec la Principauté et ma famille.
De petits pavillons présenteront les sites, leurs caractéristiques géographiques, historiques, économiques, patrimoniales. De nombreuses animations, pour les jeunes et les moins jeunes, seront présentées.
Lors de chaque rencontre, deux à trois territoires seront invités.
D'ici quelques années, vous serez donc conviés, avec vos voisins de Rozoy-sur-Serre, dans l'Aisne – où je me suis rendu hier – à venir exposer à Monaco ce qui vous caractérise, ce que vous avez de représentatif.
D'ici-là, je l'espère, j'aurais pu mieux faire connaissance avec l'ensemble du département, notamment avec Rethel et Château-Porcien, sans oublier Charleville-Mézières, puisque Mézières appartenait au fief des Mazarin, alors que Charleville était devenue capitale de la principauté souveraine d'Arches, gardée par le duc de Mantoue et finalement rattachée à la France en 1708\. Les archives sur votre département conservées au Palais, à Monaco, permettront sans doute d'envisager une valorisation en coopération avec les différentes institutions patrimoniales départementales locales, dont l'Association de sauvegarde du patrimoine de Chaumont-Porcien, qui, avec vous, Monsieur le Maire, m'a invité aujourd'hui, et que je remercie d'avoir rejoint l'association des “Sites historiques Grimaldi de Monaco”.
Je me réjouis vivement de ces perspectives de moyen terme qui nous permettront de nous retrouver. Car je souhaite que les relations renouées aujourd'hui perdurent et soient entretenues.
Je vous remercie. »
S.A.S. le Prince dévoile ensuite une plaque sur la façade de la Mairie.
Puis, il est procédé à l'échange de cadeaux, tandis que les membres de la chorale et de l'école de musique donnent une aubade.
S.A.S. le Prince signe en ces termes le livre d'or :
« En souvenir de ma visite à Chaumont-Porcien, commune de l'ancien duché de Rethel-Mazarin, fief de mes ancêtres, à l'occasion du 1500e anniversaire de la mort de l'ermite évangélisateur irlandais Berthauld, saint venu par la mer, comme Dévote, patronne de la Principauté et de ma famille.
Avec ma vive reconnaissance pour l'accueil chaleureux des élus et de la population, qui restera dans ma mémoire comme un signe d'une histoire commune et d'un avenir à partager. »
Enfin, le cortège se dirige vers la salle des fêtes où sont offerts un vin régional et une dégustation de produits locaux.
À midi, S.A.S. le Prince quitte Chaumont-Porcien.
Prats-de-Mollo-la-Preste (6 avril 2018)
à l'invitation du maire, M. Claude Ferrer, S.A.S. le Prince s'est rendu le 6 avril dans la commune de Prats-de-Mollo-la-Preste, afin de visiter le bourg et son église.
La visite du Prince était motivée par la bénédiction par Monseigneur Norbert Turini, évêque de Perpignan-Elne, de l'église Saintes-Juste-et-Ruffine restaurée, dans laquelle repose Marie-Charles-Auguste Grimaldi.
Marie-Charles-Auguste Grimaldi, né le 1er janvier 1722, était le frère du prince Honoré III, titré d'abord Comte de Carladès (1722-1731), puis d'Estouteville (1731-1743), enfin de Matignon (1743-1749). D'abord enseigne dans le régiment d'infanterie commandé par son frère Honoré III, il prend part à la guerre de succession d'Autriche, devient colonel du régiment du Forez en 1744, et enfin brigadier (correspondant au grade actuel de général). à la fin de la guerre, son régiment est cantonné à la frontière espagnole, dans la forteresse de Prats-de-Mollo. Le Prince y meurt le 24 août 1749 d'une épidémie de variole. Son corps n'est pas ramené à Monaco. Il figure sur le grand tableau de la famille du Duc de Valentinois, par Pierre Gobert, accroché dans la Salle du Trône.
à l'arrivée à l'aéroport de Perpignan, en début de matinée, S.A.S. le Prince, accompagné de Son Excellence Monseigneur Bernard Barsi, archevêque de Monaco, M. Georges Lisimachio, chef de Cabinet de S.A.S. le Prince, S.E. M. Bernard Fautrier, vice-président, administrateur-délégué de la Fondation Prince Albert II, du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, aide de camp de S.A.S. le Prince et de M. Thomas Fouilleron, directeur des Archives et de la Bibliothèque du Palais princier de Monaco, est accueilli par M. Philippe Vignes, préfet des Pyrénées-Orientales, et par Mme Carole Garcia, consul de Monaco à Toulouse.
Le transfert sous escorte s'effectue ensuite vers Prats-de-Mollo-la-Preste.
Le Prince est accueilli par M. Claude Ferrer, maire, en présence de M. Michel Vauzelle, ancien ministre.
à pied, le cortège rejoint l'espace public contigu à l'église des Saintes-Juste-et-Ruffine où l'accueillent Leurs Excellences Monseigneur Norbert Turini et Monseigneur Bernard Barsi.
Suit l'accueil républicain par M. Sébastien Cazenove, député, Mme Véronique Riotton, députée de la Savoie, originaire de Prats-de-Mollo, Mme Lauriane Josende, suppléante du sénateur François Calvet, M. Jean Sol, sénateur, et Mme Del Poso, sa suppléante, Mme Agnès Langevine, représentante de Mme la présidente du Conseil Régional d'Occitanie, Mme Hermeline Malherbe, présidente du Conseil départemental des Pyrénées‑Orientales, M. Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan, président de la communauté urbaine de Perpignan Méditerranée Métropole (PMM) et M. Henri Sicre, ancien député de la circonscription.
Est ensuite planté un olivier, cadeau offert à S.A.S. le Prince, à l'occasion de Sa venue.
Dans l'église, S.A.S. le Prince dévoile une plaque commémorative devant laquelle Il se recueille et dépose une gerbe de fleurs en hommage à Marie‑Charles‑Auguste Grimaldi.
Puis, une messe solennelle est concélébrée par Leurs Excellences Monseigneur Barsi et Monseigneur Turini, lequel prononçait une homélie d'une haute élévation de pensée.
Cette belle cérémonie, célébrée dans une église comble, est rehaussée par les chants de la Maîtrise de la cathédrale de Perpignan.
à l'issue de la messe, le cortège se rend à pied vers la Mairie par la rue centrale et les escaliers.
Le Prince assiste au dévoilement par le maire de la plaque de la rue « Escotes Paulette Dehoux », ancienne résistante et paroissienne dévouée, décédée en 2016.
Le cortège gagne ensuite la Mairie.
Y est signée une convention officialisant les liens entre la commune et la Fondation Prince Albert II dans le domaine des énergies renouvelables, avant le traditionnel échange de cadeaux.
Enfin, le cortège se déplace vers la Place du Foirail, où une assistance nombreuse attend S.A.S. le Prince et Lui réserve un accueil des plus chaleureux.
Monsieur le Maire prononce une allocution de bienvenue des plus amicales.
S.A.S. le Prince lui répond par le discours ci-après :
« Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Madame la présidente du Conseil départemental,
Messieurs les maires,
Monseigneur l'Archevêque,
Monseigneur l'Évêque,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis de Prats-de-Mollo,
L'homme qui nous rassemble aujourd'hui, vous l'avez rappelé, Monsieur le Maire, est mort ici il y a près de deux cent soixante-dix ans, à l'âge de vingt‑sept ans seulement.
Marie-Charles-Auguste Grimaldi était le frère cadet de mon aïeul Honoré III, qui régna sur la Principauté de 1733 à 1793\. Le plus long règne de l'histoire de Monaco. À sa naissance, Marie-Charles-Auguste porte le titre de Comte de Carladès. Ce territoire, à cheval sur les actuels départements du Cantal et de l'Aveyron, est traditionnellement dévolu, depuis l'alliance de Monaco avec la France en 1641, au deuxième enfant dans la ligne de succession. Marie-Charles-Auguste sera ensuite comte d'Estouteville de 1731 à 1743, puis de Matignon, et ce jusqu'à sa mort, tous deux titres normand et breton. Il est vrai que son père, Jacques IV de Matignon, devenu Jacques Ier de Monaco, avait tendance à favoriser ses régions d'origine et de cœur.
L'accession rapide au trône du prince Honoré III après la mort prématurée de sa mère, la princesse souveraine Louise-Hippolyte, et l'abdication de son père Jacques, fait de Marie-Charles-Auguste, jusqu'à sa mort, l'héritier présomptif de la Principauté après son frère.
Après des études chez les jésuites, il embrasse, comme son aîné, la carrière des armes. Il devient colonel du régiment du Forez en 1744, avec lequel il participe aux campagnes de la guerre de Succession d'Autriche, puis est promu brigadier en 1748, c'est‑à‑dire presque officier général.
En août 1749, il se retrouve en garnison à Prats‑de‑Mollo. Il y est emporté par une forme maligne de variole, en trois jours, après avoir reçu les sacrements de la pénitence et de l'extrême-onction, mais sans avoir pu communier, ni faire de testament, comme le précise son acte d'inhumation. Il est enterré sans cérémonial le 25 août, lendemain de sa mort, dans l'église Saintes-Juste-et-Ruffine. Son corps ne sera pas ramené à Monaco.
C'est donc, grâce à vous, un légitime et émouvant devoir de mémoire que j'ai pu remplir, tout à l'heure, lors de ce moment de recueillement dans votre église paroissiale, avant la célébration de la messe.
Je vous sais particulièrement gré, Monsieur le Maire, d'avoir placé une plaque commémorative en souvenir de mon parent, dont le nom ne pourra désormais être oublié, à défaut d'avoir une sépulture identifiée.
En présence des autorités départementales et du maire de Perpignan, je souhaite aussi évoquer un autre lien historique entre mes prédécesseurs et votre territoire. C'est au moment même où le Roussillon allait devenir français, au milieu du XVIIe siècle, que Monaco, abandonnant un protectorat espagnol devenu pesant, choisissait la France comme protecteur de sa souveraineté et de son indépendance.
Ainsi, à la suite du traité signé à Péronne le 14 septembre 1641, le roi Louis XIII reçut une première fois le Prince de Monaco, Honoré II, devant Perpignan, dont l'armée royale faisait alors le siège. Les Pyrénées‑Orientales sont donc doublement un site historique pour les Grimaldi et la Principauté.
Pour matérialiser ce passé commun, nous avons planté ensemble tout à l'heure, un olivier. Ce symbole de paix, particulièrement dans une région frontalière comme la vôtre, qui a été parfois le théâtre d'affrontements, a toute sa force. Je voudrais qu'il soit aussi le symbole de ce que nous pouvons faire ensemble, aujourd'hui et demain.
Ma venue à Banyuls, il y a quelques mois, avait été l'occasion de relancer une coopération séculaire entre l'Institut océanographique, fondation de mon trisaïeul le prince Albert Ier, et l'observatoire océanologique.
J'avais été aussi très heureux, il y a quelques années, de découvrir le site préhistorique de Tautavel, valorisé par les fouilles du professeur de Lumley, qui dirige l'Institut de paléontologie humaine, fondé également par le prince Albert Ier.
L'accord “Prats'EnR” que vous venez, Monsieur le Maire, de signer avec ma Fondation, par l'intermédiaire de son vice-président, est représentatif de ce qui est pour moi essentiel :
prendre appui sur le passé, lorsque l'histoire a tissé des liens qui nous rapprochent naturellement, pour mieux préparer l'avenir, en garantissant un développement durable aux générations futures.
En effet, l'action contre le changement climatique est l'une des principales urgences de notre époque.
Elle passe avant tout par la sortie d'une énergie carbonée et le développement qui peut être décentralisé, d'énergies alternatives, susceptibles de concilier les besoins des hommes et les exigences de la planète.
Elle passe par une implication de tous : depuis les organisations internationales, comme l'ONU, jusqu'aux collectivités locales, comme Prats-de-Mollo, qui doivent relever ces défis. C'est ce que vous faites avec inventivité, enthousiasme et énergie.
Tous ensemble, nous pourrons progresser et changer de modèle.
Avec les nouvelles énergies qui se développent, avec les technologies innovantes qui les soutiennent, c'est une nouvelle organisation de notre vie commune qui se profile. à cet égard, le projet “Prats'EnR” me paraît emblématique.
C'est pourquoi je suis heureux que ma Fondation le soutienne, dès cette année.
Je ne doute pas qu'il tiendra toutes ses promesses, et je vous fais confiance pour qu'il porte du fruit.
Je n'oublierai pas, pour conclure, la chaleur de votre accueil en cette belle journée. Je voudrais assurer toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette visite de ma vive reconnaissance, et vous dire “à bientôt !” car je pense n'avoir pas encore tout à fait épuisé les richesses de votre département.
Je vous remercie. »
Au terme de ce discours, S.A.S. le Prince, chaleureusement applaudi, passe dans la foule et y serre de nombreuses mains.
Un vin d'honneur est alors servi avec animation musicale sardaniste, certains des habitants esquissant des pas de danse dans une ambiance bon enfant.
Le maire convie ensuite le Prince à un déjeuner gastronomique au « Bellavista », déjeuner auquel participent les personnalités susmentionnées.
Pendant le déjeuner, il présente au Prince les efforts et expériences de sa commune en matière d'économie d'énergie et de préservation de l'environnement.
Après le déjeuner, les deux délégations se rendent en voiture au Fort Lagarde, où était en garnison le prince Marie-Charles-Auguste Grimaldi, pour une visite privée et commentée.
Puis, le cortège rejoint l'aéroport de Perpignan duquel l'avion princier décolle en fin d'après-midi pour Nice.