Déplacement de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert II à Grasse (26 septembre 2017)
Dans le cadre de Ses déplacements sur des territoires fortement liés à l'histoire de Sa Famille, S.A.S. le Prince Albert II se rend à Grasse le 26 septembre 2017.
Il est accompagné de M. David Tomatis, conseiller au cabinet de S.A.S. le Prince, de M. Thomas Fouilleron, directeur des archives et de la bibliothèque du Palais et du Lcl Philippe Rebaudengo, Son aide de camp.
À 10 h 30, S.A.S. le Prince arrive à la mairie de Grasse. Il est accueilli par M. Jérôme Viaud, maire de la ville et président de la communauté d'agglomération du pays de Grasse, et M. Stéphane Daguin, sous-préfet de Grasse. Sont également présents MM. Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, Jean-Pierre Leleux, maire honoraire de Grasse, sénateur des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot, vice-président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur.
S.A.S. le Prince est conduit dans la cour d'honneur de la mairie où les élus Lui sont présentés.
Le Souverain se rend ensuite dans le bureau du maire pour un entretien en présence de M. Daguin, des élus et des membres de la délégation monégasque.
À 10 h 50, S.A.S. le Prince se dirige à pied vers le parvis de la cathédrale, où les Grassois l'attendent.
M. Viaud prononce un discours puis le Souverain prend la parole :
« Monsieur le Sous-Préfet,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Tout d'abord, Monsieur le Maire, je vous remercie pour votre accueil chaleureux et celui des Grassois. En dépit de la proximité de votre ville avec la Principauté, il ne m'avait pas encore été donné l'occasion de la visiter officiellement.
Cette omission est aujourd'hui réparée. J'y suis d'autant plus sensible que des liens historiques anciens nous unissent.
La ville de Grasse n'a jamais été administrée civilement par les Grimaldi, à la différence d'Antibes ou de Cagnes, par exemple. Toutefois, deux membres de ma famille se sont succédés comme évêque de Grasse entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle :
D'abord Jean-André Grimaldi, issu de la branche d'Antibes-Cagnes, de 1483 à 1505 ;
Ensuite, Augustin Grimaldi, qui prend la succession de son oncle Jean-André, jusqu'à sa mort en 1532.
Je voudrais m'arrêter un instant sur cette belle figure humaniste de son temps, d'autant que vous avez souhaité, Monsieur le Maire, qu'une plaque rappelle désormais sa mémoire dans votre hôtel de ville, à l'emplacement de la chapelle de l'ancien palais épiscopal. Je vous en suis très reconnaissant.
Du fait de la disparition prématurée et violente de ses deux frères aînés, Augustin devient seigneur de Monaco en 1523, alors qu'il est déjà évêque de Grasse depuis dix-huit ans. Formé aux universités de Turin et de Bologne, il est lié à des personnalités lettrées, comme le cardinal Jacques Sadolet, avec lesquelles il échange une abondante correspondance. Les livres de sa bibliothèque montrent qu'il incarne parfaitement l'esprit nouveau de la Renaissance.
Prélat rigoureux, il réforme l'abbaye de Lérins, aux mœurs alors un peu décadentes. Aménageur du territoire, il s'efforce de mieux répartir la population en refondant Vallauris, Pégomas et Valbonne.
Habile politique au contact des trois grandes puissances européennes de son temps – le roi de France, l'empereur germanique et le pape – Augustin Grimaldi assure l'indépendance de Monaco en faisant reconnaître pour la première fois la souveraineté temporelle des Grimaldi par l'empereur et le pape.
L'évêque Augustin est donc non seulement un facteur commun de l'histoire de nos territoires, mais un acteur majeur de leur construction.
Au début de l'ère industrielle et à l'époque des grandes expositions universelles, Grasse organise en 1876 une exposition départementale. Un pavillon de Monaco y est présent.
Marie Blanc, épouse du fondateur de la Société des Bains de Mer et artisan, avec le Prince Charles III, du succès de Monte-Carlo, amène alors à Grasse, ce qui était certainement intrépide et même téméraire, des parfums et eaux de toilette fabriqués dans la Principauté par la Société artistique et industrielle de Monaco qu'elle avait créée.
Lorsqu'il s'est agi de concourir, la comparaison avec la parfumerie grassoise fut évidemment âpre. Le Journal de Monaco rapporte, je le cite : « Monaco ne connaît que les luttes pacifiques, mais sur ce terrain, la Principauté est heureuse de rencontrer des adversaires qui lui disputent la palme, et il faut reconnaître qu'à Grasse elle s'est trouvée aux prises avec de rudes concurrents ».
Le 20 avril 1891, mon trisaïeul le Prince Albert Ier et son épouse la Princesse Alice viennent dans votre ville pour rendre visite à la reine Victoria, alors en villégiature.
Enfin, le 21 janvier 1964, ma mère la Princesse Grace est accueillie au Musée d'art et d'histoire de Provence pour présider le dîner de gala du premier festival littéraire international de Grasse. Je suis heureux de pouvoir inaugurer tout à l'heure, dans le jardin du Musée, un carré de roses en sa mémoire, et je tiens à vous dire combien me touche votre délicate pensée.
Ces différents croisements entre l'histoire de votre cité et l'histoire de ma famille et de la Principauté vous ont conduit, Monsieur le Maire, à vouloir rejoindre le réseau des « Sites historiques Grimaldi de Monaco », dont a pris l'initiative, voici deux ans, Jean-Claude Guibal, alors président du Groupe d'amitié France-Monaco à l'Assemblée nationale. Merci aussi de ce geste de sympathie.
Si j'apprécie de me rendre régulièrement dans les lieux qui partagent avec Monaco un pan d'histoire, ce n'est certes pas par nostalgie du passé, mais dans un souci de rappeler une identité commune, de saluer les initiatives qui valorisent le patrimoine local et stimulent le développement touristique, tout en assurant la protection de l'environnement.
C'est aussi l'occasion d'échanger, directement et en toute simplicité, avec les élus et la population.
Pour conclure, et vous redire ma joie d'être aujourd'hui parmi vous, à Grasse, cité des fleurs et capitale mondiale du parfum, je voudrais, si vous me le permettez, rappeler ce que ma mère, la Princesse Grace, a pu justement écrire à propos de la reine des fleurs. Je la cite :
« Qu'y-a-t-il de si spécial dans une rose qui en fait bien plus qu'une fleur ? Peut-être est-ce le mystère accumulé en elle au cours des temps, peut-être est-ce la joie qu'elle ne cesse de procurer ».
Je vous remercie. »
Un échange de cadeaux a lieu entre S.A.S. le Prince et M. le Maire.
Le Souverain est ensuite invité à dévoiler une plaque commémorative.
Puis S.A.S. le Prince effectue une visite de la cathédrale Notre-Dame-du-Puy, accompagné par l'archiprêtre Cyril Geley et Mme Laurence Argueyrolles, directrice de l'animation et du patrimoine. Deux de ses aïeuls, Jean-André Grimaldi et son neveu Augustin Grimaldi, y officièrent en tant qu'évêques de Grasse entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle.
Vers 11 h 30, S.A.S. le Prince se déplace à pied jusqu'au Musée d'art et d'histoire de Provence, où Il est accueilli par M. Olivier Quiquempois, directeur des musées de Grasse et conservateur du musée d'art et d'histoire de Provence.
S.A.S. le Prince visite le musée en finissant par les jardins où Il inaugure le « Carré princier », parterre de roses plantées en l'honneur de la Princesse Grace, en souvenir de sa venue en 1964, en tant que présidente du premier festival littéraire international de Grasse.
À l'issue, le Souverain rejoint à pied la Villa Musée Fragonard pour un déjeuner.
Au moment du café, un deuxième échange de cadeaux a lieu avec les autorités présentes. Le livre d'or de la commune est présenté à la signature de S.A.S. le Prince.
S.A.S. le Prince quitte la ville de Grasse dans l'après-midi.