Installation du Conseil de la Couronne – le 22 juin 2018 – Allocution de S.A.S. le Prince Souverain.
« Monsieur le Président,
Madame, Messieurs les membres du Conseil de la Couronne,
J'ai tenu, ce soir, à installer le Conseil de la Couronne nommé par mon Ordonnance du 4 mai 2018, comme j'avais eu l'occasion de le faire pour la première fois en 2009.
Avant de vous exprimer mes attentes à votre égard, je souhaite remercier M. Michel-Yves Mourou qui siégea durant 15 années au sein du Conseil de la Couronne, dont les 9 dernières en qualité de président.
Il a toujours démontré une grande fidélité à mon égard et envers ma famille, ce dont je lui sais particulièrement gré.
Mes remerciements vont également à S.E. Mme Yvette Lambin-Berti et M. Jean-François Cullieyrier pour l'apport qui fut le leur durant le dernier mandat de cette assemblée.
Et je souhaite la bienvenue à MM. Guy Magnan et Claude Cellario qui seront désormais associés aux réflexions du Conseil de la Couronne et le feront bénéficier de leur expérience et de leur connaissance de la Principauté et des Monégasques.
Enfin, cher Président Boeri, vous accédez à cette éminente fonction dont vous connaissez les grandeurs et les vicissitudes.
Je suis certain que l'impulsion que vous donnerez vous permettra de travailler dans la sérénité, à mon service, en ayant toujours à l'esprit les intérêts supérieurs de la Principauté.
Car le Conseil de la Couronne est, à mes yeux, un des rouages essentiels de notre équilibre institutionnel. Comme je l'avais déjà mentionné il y a 9 ans, ce « Comité des Sages » a vocation, hormis les attributions précises que lui confèrent la Constitution et les statuts de la Famille Souveraine, à me faire part de son avis sur toutes questions touchant aux intérêts de l'État, que ce soit à ma demande comme de sa propre initiative.
Le champ de ses avis et de ses suggestions n'est nullement limité et je souhaite que vous m'apportiez votre contribution éclairée sur les problématiques auxquelles la Principauté aura à faire face.
En premier lieu j'ai demandé à mon Gouvernement de conduire des discussions avec l'Union européenne en vue de la signature d'un accord d'association.
J'ai fixé pour cela des lignes rouges et je serai intransigeant sur leur respect car elles représentent
la préservation des particularismes et de l'identité monégasques.
Je sais que dans quelques minutes, M. Gilles Tonelli viendra vous présenter l'état d'avancement de nos négociations et j'en profite pour rendre hommage à l'ensemble de l'équipe de négociateurs qu'il pilote pour le tact, la diplomatie et la finesse dont ils font preuve pour faire entendre à notre grand voisin européen ce qu'est la réalité de la Principauté.
Tout ceci se fait dans la discrétion et dans l'efficacité, loin des effets de manche et des punch line que l'on peut entendre ici ou là.
Si nous achevons positivement nos discussions dans le cadre que j'ai fixé, une procédure de ratification du traité sera mise en œuvre et l'avis du Conseil de la Couronne sera requis conformément à l'article 77 de la Constitution. Je compterai alors sur votre indéfectible soutien dans ce dossier capital pour l'avenir de la Principauté.
Le Conseil de la Couronne fait également partie du subtil équilibre institutionnel de la Principauté et je compte sur votre engagement pour contribuer à sa préservation ainsi qu'à la perpétuation des valeurs qui font l'identité de notre pays.
Vos réflexions pourront donc vous inspirer dans cette voie, celle de l'équilibre toujours recherché d'une communauté nationale pour laquelle le sentiment d'appartenance ne doit pas se limiter à la couleur du passeport.
Les évolutions récentes du mode d'acquisition de la nationalité monégasque amènent aujourd'hui à certaines réflexions qui ont pu se traduire notamment par la mise au vote d'une proposition de loi lors de la précédente mandature.
Il m'apparaît que les réflexions et analyses du Conseil de la Couronne pourront être utiles aux orientations qui seront en définitive arrêtées de même que sur des problématiques telles que celle des enfants du pays qui préoccupe bon nombre de monégasques au-delà de la communauté directement concernée.
Je sais que vous m'aiderez et me soutiendrez dans la tâche rude mais exaltante qui est la mienne en ayant présent à l'esprit l'impérieuse nécessité que chaque composante de notre pays occupe sa place et sa juste place, sans dérive susceptible d'altérer ni notre équilibre institutionnel, ni d'autres équilibres subtils qui nous tiennent à cœur.
Je vous remercie. »