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Cérémonie de remise des insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres à S.A.R. la Princesse de Hanovre - 21 janvier 2016

  • No. Journal 8266
  • Date of publication 26/02/2016
  • Quality 97.81%
  • Page no. 436
Jeudi 21 janvier 2016, S.A.R. la Princesse de Hanovre a reçu au Ministère de la Culture à Paris, les insignes de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, de Mme Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et de la Communication.
Cette cérémonie s’est déroulée en présence de Ses amis et de nombreuses personnalités du monde de la mode et de la culture dont MM. Karl Lagerfeld, Christian Louboutin et Guillaume Gallienne, de la Comédie-Française.
S.A.R. la Princesse de Hanovre était entourée de Ses enfants, MM. Andrea et Pierre Casiraghi, Mme Charlotte Casiraghi et S.A.R. la Princesse Alexandra de Hanovre.
Dans son discours, Mme Fleur Pellerin a rappelé l’engagement de la Princesse au sein des entités monégasques qu’Elle préside, Son implication dans la Fondation Prince Pierre et Son soutien constant aux jeunes créateurs :
« Altesse,
Chère Caroline de Hanovre,
Entre le Palais Royal, où nous nous trouvons aujourd’hui, et ceux de Monte-Carlo que nous célébrons à travers Vous, deux figures tutélaires, deux grands artistes font le lien.
Cocteau, qui vécut ici dans sa « cave » de la rue de Montpensier, et contribua, durant les années folles à l’effervescence de l’Opéra. Cocteau qui marqua Monaco d’une trace indélébile avec La Dame de Monte Carlo, ce très beau texte que Poulenc transfigura bien des années plus tard.
Colette, dont on peut encore apercevoir ici la marque durable, depuis les jardins, en levant les yeux vers l’aile nord. Dans cet appartement qu’occupe aujourd’hui le décorateur Jacques Grange, un C entrecroisé d’un soleil est aujourd’hui gravé au balcon de sa chambre.
Colette, que Votre aïeul, le Prince Pierre, fit venir jusqu’à lui de Saint-Tropez, pour compter enfin, disait-il, « une Goncourte » à Monaco.
Colette et Cocteau ne furent pas les seuls à « faire » Monte-Carlo. Il y eut Diaghilev, Picasso, Gabrielle Chanel, et bien d’autres encore.
Vous racontez si merveilleusement leur contribution à la vie artistique de la Principauté, dans cet article que Vous avait publié il y a un an et demi dans Politique internationale, que je m’en serais voulue de ne pas les mentionner aujourd’hui.
Si la scène culturelle de Monaco est aussi vivace depuis plus d’un siècle, c’est parce que la Maison Grimaldi, génération après génération, a cultivé cette passion pour les arts et ce goût de l’avant-garde.
Vous avez pris merveilleusement la suite de cet héritage, Madame. Un héritage auquel Vous aimez Vous référer, par pudeur sans doute, car, écriviez-Vous « c’est nous qui le fabriquons, consciemment ou inconsciemment, mais c’est lui qui nous façonne ».
Mais avec quel talent avez-Vous apporté Votre pierre à cet héritage ! Voilà qu’en 1985, Vous annoncez la création des Ballets de Monte-Carlo, comme en rêva longtemps Grace, Votre mère. Vous n’avez jamais cessé, depuis, de Vous impliquer dans cette aventure, avec Jean-Christophe Maillot à Vos côtés, qui laissera de très belles pages dans l’histoire de la danse.
Quelques années auparavant, Vous aviez pris la tête du Festival International des Arts de Monte Carlo, rebaptisé Printemps des Arts. Vous y introduirez le cinéma, et Vous en ferez, à la fois un événement pour les grands artistes et un lieu de promotion des jeunes créateurs - et Vous savez combien j’y suis sensible : nous avions eu l’occasion d’échanger sur ce sujet à la Villa Noailles, en juin dernier, au dernier festival international de la mode et de la photographie de Hyères - Vous étiez alors membre du jury. Les liens entre Monaco et la Maison Chanel, qui ont plus de 80 ans, ne se sont pas démentis : Karl Lagerfeld en parlerait sans aucun doute mieux que moi. Votre intérêt pour la mode, et en particulier la mode d’auteur, est tout en discrétion et en subtilité. De la création contemporaine, disiez-Vous cet été, Vous appréciez en particulier la liberté.
Autant, sans doute, qu’en littérature. Edmonde Charles-Roux, qui nous a quittés ce matin et à laquelle je veux rendre hommage aujourd’hui, cette femme d’une très grande indépendance, à la plume alerte et à la vie passionnée, fit longtemps partie du Conseil littéraire de la Fondation Prince Pierre. Au Conseil, Vous avez réuni autour de Vous de très grands écrivains francophones de notre temps. Tahar Ben Jelloun, Hélène Carrère d’Encausse, Jean-Loup Dabadie, Dany Laferrière, Amin Maalouf, René de Obaldia, Jean-Marie Rouart, Danièle Sallenave, Frédéric Vitoux… Ils me pardonneront, je l’espère, de ne pas mentionner leur nom, tant ils sont nombreux à avoir voulu Vous entourer aujourd’hui. Chacun d’eux loue Votre érudition, Votre talent à disserter sur bien des ouvrages et bien des auteurs, et Votre goût littéraire très sûr.
Il en est tout autant de l’art contemporain et de la création musicale dont les plus grands sont chaque année distingués par la Fondation Prince Pierre.
Avec Marie-Claude Beaud, la Directrice du Musée de Monaco, et Betsy Jolas, la compositrice que l’on ne présente plus, Vous savez mettre en valeur avec beaucoup de justesse les créateurs de notre temps.
Parmi tous les prix que remet la Fondation que Vous présidez, Vous me permettrez d’insister sur le Coup de Cœur des Jeunes Mélomanes, car j’y vois là Votre soin de partager avec tous Votre passion pour l’avant-garde et Votre plaisir de la découverte. Le lauréat du prix est en effet invité à composer une œuvre à l’attention des élèves monégasques. C’est sur la scène de l’Opéra de Monte-Carlo que Vous remettez chaque année ces prix.
Un Opéra entièrement restauré et inauguré il y a presque exactement dix ans, au moment de l’intronisation de Votre frère, Albert II.
Un Opéra dont Vous suivez de près le dynamisme, la réussite et l’audace, cette capacité à accueillir les plus grands talents comme ceux de la génération qui vient.
Un Opéra bâti, comme celui qui se trouve à quelques centaines de mètres d’ici, par Charles Garnier.
Sans Vous, Madame, la vie artistique de la Principauté, aurait-elle le même rayonnement ? Sans Votre regard sûr, Votre goût affirmé, Votre sens du partage, la France en profiterait-elle autant ? La réponse ne fait guère de doute, tant Vous avez contribué à faire vivre la culture française et francophone, au bénéfice de tous. Car Vous n’avez de cesse, écriviez-Vous, de préférer « la transmission de la flamme » à « la vénération des cendres. »
Altesse, nous Vous faisons Commandeur des Arts et des Lettres. »
Puis, Mme le Ministre remettait à S.A.R. la Princesse de Hanovre la cravate de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres.
A l’issue, S.A.R. la Princesse de Hanovre prenait la parole :
« Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Chers amis,
Je suis particulièrement honorée, Madame le Ministre, que la République Française m’ait remis de vos mains, les insignes de Commandeur des Arts et Lettres.
Commandeur…
Je devine quelques sourires, et surtout le désarroi de mes enfants, qui doivent se dire que ce n’était pas vraiment la peine de m’encourager dans cette voie-là…
Quand on n’est ni artiste, ni créateur, ni auteur, Commandeur frôle l’abus de pouvoir et puis les Arts et les Lettres sont un terrain si propice à la vanité.
Pourtant, mon unique volonté a toujours été, simplement de proposer, suggérer (quelquefois d’insister un peu) donner l’envie d’accéder à toutes les formes de culture et de connaissance, d’être étonné, de découvrir, d’aller un peu plus loin, d’oser.
Et là, je suis obligée de me tourner vers toutes celles et ceux qui, durant ces années, m’ont aidée, guidée, soutenue, inspirée…
Sans eux, ma curiosité ne serait restée, au mieux, qu’un passe-temps intelligent. Qu’ils en soient tous remerciés du fond du cœur. Au-delà de ma personne, cette distinction qui me touche infiniment, les honore à juste titre.
Je voudrais aussi remercier la France, qui m’a donné le plus beau cadeau : la langue Française.
Sans vouloir tourner le dos à des origines anglo-saxonnes, et surtout pas renier les racines de ma famille, profondément italiennes, je dois dire que la langue française fait partie de mon être - je suis fière et heureuse de la défendre et de l’aimer.
Une communauté de destin multiséculaire unit nos deux pays.
La France est un pays de culture, d’humanisme, de réflexion et d’ouverture au monde.
Cette sensibilité française, si particulière, est aussi la nôtre, nous qui vivons en Principauté de Monaco. Nous partageons ainsi ces valeurs et sommes décidés, à notre mesure, mais avec toutes nos forces, de les promouvoir.
J’insiste souvent sur le fait que notre petit pays ne doit pas vivre replié sur lui-même, mais aller au devant du monde.
Les différents courants de création peuvent, doivent trouver leur place chez nous. J’ai toujours désiré encourager l’esprit d’ouverture et de tolérance, qui est l’essence même de l’Art.
La pluralité d’influences, la reconnaissance d’un « autre Beau » l’appréciation de la part de sublime que peut avoir une œuvre, tout cela vous rend à la fois humbles et réceptifs, et qui sait, heureux.
Et puis, il y a ce don précieux, au cœur d’une époque où l’esprit critique est plus qu’aiguisé : la capacité d’Admirer…
L’Art et la Littérature nous font faire d’étranges et surprenants voyages : ceux où l’on se perd, se retrouve, où l’on s’oublie en se construisant.
Un voyage fait de rencontres improbables et d’expériences qui peuvent bouleverser une vie.
Ma seule ambition aura été de tenter de rendre ces voyages possibles. »
A l’issue de ce discours, un cocktail était servi.
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