S.A.S. le Prince Héréditaire au Sri Lanka du 4 au 6 mars 2005.
Vendredi 4 mars en début de matinée, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert arrivait sur l'aéroport international Bandaranaike situé à Kanutayake, à 31 km de Colombo, capitale du Sri Lanka, pour une visite de trois jours dans cette île située au sud-est de l'Inde, dans l'Océan Indien, à environ 7.500 km de Monaco.
Lors de Son séjour, le Prince Albert a visité plusieurs institutions et structures d'accueil et de soins soutenues par l'association " Monaco Aide et Présence ", avant de se rendre dans la région de Gallé, au sud, durement touchée par les tsunamis du 26 décembre dernier. Le Prince Albert a inauguré " l'Ecole Monaco ", construite par les membres de l'association humanitaire des pompiers Grasse/Menton, présents sur place depuis plusieurs semaines, avec le soutien financier de MAP.
Carrefour sur les grandes routes maritimes entre Occident et Orient, le Sri Lanka fut une escale incontournable des navigateurs au long cours depuis la plus haute antiquité : elle fut Taprobane au temps des Grecs, Serendib à l'époque de Sindbad, Ceilao au temps de la route des Indes portugaises dont les Hollandais firent Zeilan, les Anglais Ceylon et les Français Ceylan. Ce nom est resté attaché au produit qui fit la fortune des planteurs après les épices : le thé. Le 22 mai 1972, la République a repris son nom de Lanka qui fut le sien dès le 1er millénaire, et lui a ajouté Sri qui signifie " resplendissant ".
Le Sri Lanka qui célébrait le 4 février le 57e anniversaire de son indépendance, est peuplé de près de 20 millions d'habitants dont 2/3 de Cinghalais en majorité bouddhistes et 20 % de Tamouls en majorité hindouistes. Le bouddhisme domine largement les autres religions de l'île où cette doctrine fut recueillie il y a plus de 23 siècles. La Constitution impose à l'Etat de protéger le culte bouddhiste sans empêcher la pratique d'autres religions. Le pays compte plus de 6 500 monastères rassemblant 20 000 moines.
L'an dernier, avant les terribles raz de marée, l'industrie du tourisme avait rapporté au Sri Lanka, 430 millions de dollars, avec 550.000 visiteurs.
Dès Son arrivée, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert, accompagné de Mme Josyane Lahore, Présidente de " Monaco Aide et Présence ", Mme Donatella de Filippo, responsable de MAP pour le Sri Lanka, M. Pierre Tefnin et M. John Martinotti, membres de l'association, se dirigeait vers Negombo, un village situé au nord de Colombo.
Au marché aux poissons, le Prince Albert rencontrait les pêcheurs dont l'activité fut durement touchée après les tsunamis dévastateurs du 26 décembre dernier.
A quelques kilomètres, le Prince Albert arrivait ensuite à " Monacogama ", qui signifie " village de Monaco ", accueilli par les danses du groupe folklorique " Kandydance ", qui l'accompagnait jusqu'à l'entrée du village où Lui était remis, en signe de bienvenue, quelques feuilles de Na, l'arbre national du Sri Lanka.
L'idée de ce village est née en 1993 afin d'aider les villageois qui vivaient dans des maisons insalubres, les pieds dans l'eau putride d'un marécage. Cette année-là, eut lieu la pose de la première pierre de ce village qui compte aujourd'hui 65 maisons ; chacune financée par les donateurs de MAP, pour un coût unitaire moyen de 3.000 dollars.
Le Prince Albert se rendait ensuite à Sidduwa pour la visite du " Peristera Children's Home " de Raddolugamma. Il était accueilli par le Père Jayanthe, responsable de cet orphelinat qui accueille 25 enfants.
Après la remise d'un traditionnel collier de fleurs, le Prince entouré par les enfants, arrivait sur l'esplanade devant le bâtiment principal où étaient hissées les couleurs monégasques, sri-lankaises et celles de l'orphelinat. Le Prince Albert plantait ensuite un Na, arbre symbolique du pays, avant de visiter le site et notamment les dortoirs à peine achevés, qui devraient héberger une soixantaine de petits orphelins. Les enfants offraient un spectacle musical, avant le déjeuner.
*
* *
Pour le deuxième jour de Son déplacement au Sri Lanka, le samedi 5 mars, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert se rendait en début de matinée, à Kalutara, village situé à 45 kilomètres au sud de Colombo, pour visiter l'orphelinat " Princesse Grace ".
La création de ce centre remonte à 1986, lorsque l'Archevêque de Colombo, Monseigneur Marcus Fernando, sollicita l'aide de " MAP " pour la construction d'un orphelinat destiné plus particulièrement aux enfants handicapés. Une collecte de fonds fût organisée au cours d'un dîner dans un restaurant indien de Nice en présence du Prince Albert ; elle permit de financer l'achat d'un terrain de 10.000 mètres carrés dans le village de Kalutara. Les plans de l'orphelinat seront dessinés bénévolement par un architecte ceylanais, en relation avec un architecte monégasque. Les travaux de construction dureront huit mois. Le 27 janvier 1988, jour de célébration de la Sainte-Dévote, une équipe de " MAP ", inaugure l'orphelinat " Princesse Grace ".
Dès l'origine, l'établissement accueille des orphelins et dispose d'un dispensaire pour les enfants malades (cardiaques, cancéreux, poliomyélitiques, handicapés physiques ou mentaux...), d'un centre de soins et de rééducation et d'une garderie. En 1989, on y aménage une école maternelle, dont profitent également quelques enfants du village. Puis, un nouveau dortoir baptisé " Home Sainte Dévote " est construit en 1994.
A Son arrivée, le Prince Albert, entouré de Mmes Josyane Lahore, Donatella de Filippo et de MM. Pierre Tefnin et John Martinotti, était accueilli par Miss Rita et le Père Tissera, responsables du centre, et par la " Fanfare des enfants de Marcsri ". En musique, Il remontait l'allée jusqu'à l'esplanade pour une cérémonie de montée des couleurs srilankaises, monégasques et celles de l'église catholique, au son des Hymnes nationaux.
Miss Rita invitait ensuite le Prince Albert à planter un " Na ", l'arbre national srilankais, avant de L'accompagner dans la visite du centre " Mama Papa ", créé en 1991, qui héberge une trentaine d'enfants handicapés légers et profonds. Il visitait ensuite le " Home Marcor International ", construit en 1996 grâce à M. et Mme John Martinotti, qui accueille aujourd'hui 44 femmes handicapées mentales.
Guidé par Miss Rita, le Prince se rendait dans la communauté Marcsri, qu'elle dirige également, où sont accueillis près d'une centaine de personnes âgées, d'handicapés mentaux, de victimes de maladies tropicales et des lépreux, et un centre pour jeunes femmes handicapées. Ces différents lieux d'accueil sont réparties sur plusieurs maisons.
Le Prince rejoignait ensuite l'orphelinat " Princesse Grace " pour visiter les installations. Là, Il retrouvait l'un des pensionnaires, le jeune Sampath, fan de l'AS Monaco, qui avait déjà eu l'occasion de venir en Principauté et qui a tapissé sa chambre de photos et d'articles sur l'équipe monégasque.
Pendant le déjeuner, les enfants et adolescents du Centre ont proposé un spectacle de chants et de danses. Dans un bref discours, les premiers mots du Prince Albert furent pour les remercier tous chaleureusement. Il ajoutait ensuite :
" Miss Rita, Mon Père, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Je souhaite vous dire combien je suis heureux d'avoir pu enfin, dirais-je, venir jusqu'à vous. Plusieurs fois en effet j'ai dû remettre ce projet qui me tenait tout particulièrement à coeur.
Malheureusement, même les Princes ne sont pas toujours maîtres de leur emploi du temps !
Mes premiers mots iront d'abord à tous ceux qui chaque jour donnent tout leur coeur et leur passion à ces jeunes orphelins, à ces malades, à ceux qui souffrent. Je veux les féliciter pour tout ce qu'ils accomplissent, pour leur travail de chaque instant au service d'une cause juste et noble.
Votre action est essentielle car elle permet à tous ces jeunes de trouver, ici, un foyer, une chaleur, un environnement et le soutien indispensable dans la construction de leur avenir.
Je voudrais également remercier les responsables et donateurs de l'association Monaco Aide et Présence, qui depuis près de 20 ans, dans ce pays, soutiennent avec conviction plusieurs actions dont la construction de villages et de structures d'accueil et de soins, comme celle-ci.
Que de chemin parcouru depuis cette collecte organisée en 1986 qui permit d'acheter ce terrain de 10 000 mètres carrés, puis l'inauguration de l'orphelinat " Princesse Grace " le 27 janvier 1988, jour de célébration de la Sainte-Dévote, Sainte patronne de la Famille Princière et de la Principauté.
Je suis heureux qu'aujourd'hui, ensemble, nous puissions célébrer cet esprit de solidarité et de générosité qui anime cette belle entreprise collective.
Car au-delà des quelques milliers de kilomètres qui nous séparent, j'y vois également la marque de l'amitié entre nos deux peuples.
Ma Mère, dont ce Centre porte le nom, serait très fière de vous tous aujourd'hui.
Merci ".
En milieu d'après-midi, le Prince Albert était accueilli par le Révérend Gomis Oswald, Archevêque du Sri Lanka, à Paiyagala, un village de la côte. Ensemble, ils se rendaient sur la plage pour assister au ramassage de la sève de cocotier, distillée pour fabriquer de l'arak. Le ramasseur collecte le précieux liquide en grimpant à la cime des arbres et passant d'un cocotier à l'autre grâce à un système de cordes tendues à plus de trente mètres du sol, sans sécurité.
Après cette démonstration, avait lieu la remise aux pêcheurs de 15 bateaux, de 10 canoës et de matériel de pêche, offerts par " Monaco Aide et Présence ". Plusieurs personnalités locales et Monseigneur Oswald rappelaient dans leurs discours les effets de la terrible catastrophe du 26 décembre 2004, avant de remercier le Prince Albert pour Sa présence et l'association " MAP " pour ce geste.
L'Archevêque bénissait les embarcations alignées. Le Prince remettait ensuite à chaque pêcheur son titre de propriété avant de prononcer ces quelques mots :
" Monseigneur, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Le 26 décembre dernier, la nature a brutalement rappelé à l'homme sa fragilité face aux éléments. Chacun a encore en mémoire les images de cette terrible tragédie qui a frappé plusieurs pays de cette région du monde, parmi lesquels le Sri Lanka, dont aujourd'hui encore les côtes gardent les stigmates.
Tragiquement, ces quelques minutes meurtrières ont coûté la vie à des milliers de vos compatriotes, parents et amis. Ce sont vers eux qu'iront mes premières pensées et vers leurs familles auxquelles j'aimerais dire toute ma compassion dans ces moments de souvenirs.
Dans les régions touchées, pour ceux qui ont survécu, ces tsunamis ont, bien souvent, anéanti le travail d'une vie et leurs moyens de subsistance.
Ainsi, dans ce pays sur 175.000 marins-pêcheurs, 80% ont été touchés par le raz-de-marée et 50% ont tout perdu.
Aujourd'hui, grâce à l'association " Monaco Aide et Présence ", à ses responsables et à ses généreux donateurs, j'ai le plaisir de vous remettre ces bateaux, ces canoës et ces filets.
Ce geste peut paraître modeste face à l'ampleur de la catastrophe et des besoins, notamment au vu des chiffres que j'évoquais précédemment, mais il est le résultat d'une chaîne de solidarité qui ne demande qu'à s'élargir.
Je sais toute l'importance pour vous, vos familles et pour l'économie locale de ces moyens de pêches et je souhaite que rapidement ils vous permettent de reprendre vos activités.
Je suis heureux que la solidarité entre nos peuples s'exprime de manière aussi concrète, car elle est, je crois, la seule réponse efficace qui permette ici à chacun de retrouver le chemin de l'espoir.
Merci ".
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé que les pertes causées par les raz de marée du 26 décembre à la pêche et à l'aquaculture en Asie s'élèvent à quelque 520 millions de dollars. Selon la FAO, 111.073 bateaux de pêche ont été détruits ou endommagés et le coût de leur remplacement est évalué à 161 millions de dollars. 36.235 moteurs ont été perdus ou endommagés sans espoir de réparation ; le coût de leur remplacement est évalué à 73 millions de dollars. 1,7 millions d'équipements de pêche (filets, appareils de levage, équipements similaires) ont été détruits ; coût de leur remplacement : 86 millions de dollars. Enfin, la FAO évalue à plus de 200 millions de dollars les coûts de la réparation des autres dégâts infligés au secteur de la pêche (aquaculture, infrastructures industrielles, ports, etc.). Ces chiffres concernent les sept pays les plus touchés par le tsunami : l'Inde, l'Indonésie, les Maldives, la Birmanie, la Somalie, le Sri Lanka et la Thaïlande.
Le Prince Albert se rendait ensuite à Alcandarila sur le terrain remis gracieusement par l'Archevêché du Sri Lanka pour la construction de 48 maisons, par l'association " MAP ". Monseigneur Oswald prononçait une bénédiction avant qu'une plaque en souvenir de cet instant soit dévoilée. Pour un coût unitaire de 4.000 US dollars, ce projet d'un montant d'environ 200 000 dollars financé par MAP, devrait permettre à 48 familles qui ont tout perdu pendant les tsunamis de retrouver un toit dans les trois ans à venir.
Au terme de cette journée, le Prince Albert se rendait à Anglamark, une ferme de 10 hectares, dont l'achat fut financé en 1993 par Mme Smurfitt. Cette plantation produit aujourd'hui environ quatre mille noix de coco par mois, ainsi que des bananes, des papayes, mangues. L'on y trouve également une plantation de thé, un élevage de porcs, un élevage de poules et poulets ainsi que des vaches. Elle permet ainsi de nourrir les enfants de l'orphelinat et de la congrégation Marcsri et également d'obtenir des revenus réinvestis dans cette exploitation.
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Pour cette troisième journée au Sri Lanka, dimanche 6 mars, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert arrivait, en début de matinée dans le sud du pays, frappé par les tsunamis du 26 décembre dernier. Selon un rapport du Centre srilankais pour les opérations nationales, près de 31 000 personnes ont été tuées et plus de 15 000 blessées. Les raz de marée, qui ont ravagé les villages côtiers d'une grande partie du Sri Lanka, ont également fait plus de 6 000 disparus, environ 835 000 déplacés, et touché plus de 200 000 familles. Cette catastrophe a détruit plus de 89 000 maisons et en a endommagé 41 000. Il y a toujours plus de 400 camps temporaires dans les régions touchées par les raz de marée. Au-delà de la tragédie humaine, le coût de la catastrophe dans ce pays a été estimé à plus de 3 milliards de dollars.
Le Bureau International du Travail (BIT) a également montré que le tsunami avait détruit un million d'emplois en Asie. En Indonésie, pays le plus touché environ 600 000 personnes ont perdu leurs moyens de subsistance, principalement dans les secteurs de la pêche, de l'agriculture et dans l'économie informelle. Le taux de chômage dans les régions affectées pourrait augmenter de 30 % alors qu'il représentait 6,8 % de la population active avant la catastrophe. Pour l'ensemble du pays, le taux de chômage pourrait avoir augmenté temporairement de 6 %. Au Sri Lanka, plus de 400.000 personnes ont perdu leur emploi dans les mêmes secteurs qu'en Indonésie, auxquels il faut ajouter le tourisme. Le taux de chômage dans les provinces touchées dépasse probablement 20 % contre 9,2 % avant les raz de marée, selon le BIT.
Pour l'ensemble du pays, le nombre de chômeurs pourrait avoir temporairement augmenté de 55 %.
Le Prince Albert se rendait tout d'abord à Hikkaduwa, village côtier où trois wagons endommagés et des rails tordus sont les seuls vestiges du train qui fut emporté par les eaux. Ce matin du 26 décembre, les signaux furent interrompus à cause d'une coupure d'électricité provoquée plus au sud par le raz de marée ; le train stoppa. La première vague touchait la côte. Ceux qui vivaient autour du train, effrayés, se réfugiaient sur le toit des huit wagons. Quelques minutes plus tard, la deuxième vague meurtrière frappait, emportant mille cinq cents passagers et plus de mille habitants ; seuls rescapés : une mère et ses deux enfants. A cet endroit les eaux ont parcouru près de quatre kilomètres à l'intérieur des terres.
Le Prince Albert arrivait ensuite au camp de réfugiés de Rath Gama où l'accueillaient le Révérend Sudeera Thero, moine bouddhiste et le Père Hermine, curé de Gallé. Plus de deux mois après la catastrophe, ce camp accueille toujours vingt-six familles, dans l'attente d'une maison, dont les projets de construction ont été évoqués. Afin de soulager un peu leurs précaires conditions de vie sous la tente, MAP a offert à chaque famille un grand lit. Lors de cette visite, le Prince Albert distribuait des paquets de friandises aux enfants rassemblés dans des classes en plein air, avant de se rendre dans le camp de Redjibura, qui héberge cinquante-cinq familles. Dans ce camp ne disposant que de deux citernes, MAP a offert trois réservoirs supplémentaires d'une contenance de 1000 litres d'eau, permettant d'améliorer un peu les conditions d'hygiène des réfugiés.
En descendant vers Gallé, chacun put se rendre compte des effets destructeurs des tsunamis qui ont jeté sur le bord des routes des centaines de milliers de familles qui n'ont plus de toit pour se réfugier, ni, bien souvent, de moyens de subsistance. Ici et là, sur les ruines des anciennes maisons, ou dans ces camps en toile, au milieu des tonnes de gravats, d'arbres déchiquetés, ces familles qui ont souvent, aussi, perdu un proche, continuent de survivre, accrochées à l'espoir que quelqu'un viendra les aider à rebâtir leur futur.
A Gallé, S.A.S. le Prince Albert était accueilli par les membres de l'association humanitaire des sapeurs-pompiers Grasse / Menton, qui travaillent au Sri Lanka depuis près d'un mois. Etait également présent S.E.M. Jean-Bernard De Vaivre, Ambassadeur de France au Sri Lanka, qui fut Consul Général de France à Monaco, il y a quelques années.
Le Prince inaugurait l'école maternelle " Ecole Monaco " construite par les pompiers et financée par M.A.P., déclarant :
" Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
La circonstance qui nous réunit aujourd'hui dans cette ville de Gallé, est un évènement heureux, puisqu'il s'agit d'inaugurer cette nouvelle école maternelle : " Ecole Monaco ".
Pourtant chacun ici sait toute la tristesse qui accompagne également cet instant car il nous ramène à ce matin du 26 décembre 2004, qui a vu en quelques minutes disparaître dans cette région du monde plus de 300 000 êtres humains, dont près de 31 000 au Sri Lanka.
Chacun reste encore marqué par les images qui accompagnent cette tragédie, ici, certainement plus qu'ailleurs. C'est d'abord dans le souvenir de ces vies brutalement disparues que mes pensées se porteront et vers leurs familles, parents et amis, que je veux assurer de toute ma sympathie.
La terre, ce jour-là, nous a rappelé une nouvelle fois toute notre fragilité face à la nature.
Dès les premières heures qui ont suivi cette catastrophe la solidarité internationale s'est organisée afin de secourir les victimes, nettoyer, reconstruire, tenter au plus vite d'effacer les traces de cette tragédie : vaste chantier, dont, quelques semaines après l'on mesure toujours l'importance, et qui prendra certainement des mois, voire des années.
Dans ce grand élan de solidarité, notre pays, au travers du Gouvernement princier, de la Croix-Rouge monégasque, des associations de la Principauté, des particuliers, a répondu, chacun à la mesure de ses moyens.
Parmi ceux qui se sont très tôt mobilisés, nos amis de l'association humanitaire des sapeurs-pompiers Grasse / Menton, M. Menta, M. Ricci et tous leurs camarades, que j'aimerais féliciter chaleureusement pour le travail magnifique qu'ils ont accompli pendant leur séjour dans cette région.
Je sais toute la gratitude de la population qu'ils ont aidée, soulagée, soutenue.
Je les remercie tout particulièrement d'avoir conduit ce projet de reconstruction de cette école, grâce également au soutien apporté par " Monaco Aide et Présence ", association avec laquelle ils collaborent depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, je veux voir dans ce lieu, l'espoir de lendemains meilleurs, d'une vie et d'une activité retrouvées. Ce futur appartient aux jeunes générations; pour eux il commence ici sur les bancs de cette école.
Sur ce bout de terre du sud du Sri Lanka " l'Ecole Monaco " leur permettra d'acquérir les bases indispensables pour construire cet avenir.
Je suis heureux que nous ayons, ensemble, contribué à cette belle et noble réalisation.
Merci à tous. "
Hormis la construction de cette école maternelle, les huit sapeurs-pompiers de l'association auront mené la reconstruction de tout ou partie de quatorze maisons, dans une rue de Gallé, où s'organisa leur quotidien, au service d'une population désemparée et qui grâce à eux a pu, jour après jour, retrouver le chemin de l'espoir. Pour preuve, les banderoles de ces habitants remerciant chaleureusement ces généreux pompiers et l'émotion qui a entouré leur départ.
A l'issue du déjeuner, le Prince assistait à un spectacle donné par les enfants, avant de remonter à pied, accompagné de M. Ricci et de ses camarades pompiers, la rue nettoyée de tous ces débris et de visiter quelques maisons réhabilitées.
Le Prince Albert arrivait ensuite dans un camp installé au bord de la route côtière de Gallé. Là, quatorze familles vivent sous des tentes dans des conditions précaires, avec parfois, comme aujourd'hui, le sentiment d'avoir été abandonnées de tous. Une mère de famille qui a perdu l'un de ses enfants lors de la tragédie, vient à la rencontre du Prince Albert pour lui exprimer toute sa détresse. Lui tenant les mains, le Prince écoute longuement, patiemment, ses paroles mêlées de larmes.
Les promesses qui ont été faites seront tenues : l'achat d'un terrain et la construction de quatorze maisons deviendront une réalité grâce à Mme Tina Green et M. Pierre Tefnin, deux généreux donateurs.
Au lendemain de la catastrophe, l'association " Monaco Aide et Présence " s'est mobilisée en déposant chez les commerçants de la Principauté des petites tirelires afin de recevoir des fonds pour soutenir " le Sri Lanka ". Les commerçants de la Condamine ont recueilli plus de 8 000 euros. Ceux du Casino et plus spécifiquement " la Régence " plus de 2 000 euros. Le Club Allemand International de Monaco a fait parvenir 20 000 euros. Le joaillier Repossi 4 700 euros sur ventes privées. Une soirée au " Living room " a rapporté 2 500 euros. A ces dons s'ajoutent ceux de dizaines de donateurs privés.
Monaco Aide et Présence a envoyé 10 000 euros pour l'aide d'urgence alimentaire et médicaments ; 11 000 euros pour la reconstruction d'une maison pour personnes âgées et la réhabilitation d'une autre ; 62 100 euros pour l'achat des 15 bateaux de pêcheurs à moteur et 10 canoës ; 5 000 euros en achat de billets d'avion pour le déplacement de 10 pompiers pour la reconstruction sur l'île et 9 000 euros pour la reconstruction d'une école à Gallé ; soit un total de 97 100 euros sur 186 307,86 euros recueillis.
En conclusion de ce séjour riche en émotions, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert, accompagné de Mmes Josyane Lahore, Présidente de MAP et Donatella de Filippo, responsable de l'association pour le Sri Lanka, était reçu, lundi 7 mars en fin de matinée, en audience par S.E. Mme Chandrika Bandaranaike Kumaratunga, Présidente de la République du Sri Lanka, afin d'évoquer, notamment, les actions menées dans ce pays par MAP depuis près de 20 ans, ainsi que la situation des sinistrés des tsunamis, pour lesquels il reste encore beaucoup à faire.
Lors de Son séjour, le Prince Albert a visité plusieurs institutions et structures d'accueil et de soins soutenues par l'association " Monaco Aide et Présence ", avant de se rendre dans la région de Gallé, au sud, durement touchée par les tsunamis du 26 décembre dernier. Le Prince Albert a inauguré " l'Ecole Monaco ", construite par les membres de l'association humanitaire des pompiers Grasse/Menton, présents sur place depuis plusieurs semaines, avec le soutien financier de MAP.
Carrefour sur les grandes routes maritimes entre Occident et Orient, le Sri Lanka fut une escale incontournable des navigateurs au long cours depuis la plus haute antiquité : elle fut Taprobane au temps des Grecs, Serendib à l'époque de Sindbad, Ceilao au temps de la route des Indes portugaises dont les Hollandais firent Zeilan, les Anglais Ceylon et les Français Ceylan. Ce nom est resté attaché au produit qui fit la fortune des planteurs après les épices : le thé. Le 22 mai 1972, la République a repris son nom de Lanka qui fut le sien dès le 1er millénaire, et lui a ajouté Sri qui signifie " resplendissant ".
Le Sri Lanka qui célébrait le 4 février le 57e anniversaire de son indépendance, est peuplé de près de 20 millions d'habitants dont 2/3 de Cinghalais en majorité bouddhistes et 20 % de Tamouls en majorité hindouistes. Le bouddhisme domine largement les autres religions de l'île où cette doctrine fut recueillie il y a plus de 23 siècles. La Constitution impose à l'Etat de protéger le culte bouddhiste sans empêcher la pratique d'autres religions. Le pays compte plus de 6 500 monastères rassemblant 20 000 moines.
L'an dernier, avant les terribles raz de marée, l'industrie du tourisme avait rapporté au Sri Lanka, 430 millions de dollars, avec 550.000 visiteurs.
Dès Son arrivée, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert, accompagné de Mme Josyane Lahore, Présidente de " Monaco Aide et Présence ", Mme Donatella de Filippo, responsable de MAP pour le Sri Lanka, M. Pierre Tefnin et M. John Martinotti, membres de l'association, se dirigeait vers Negombo, un village situé au nord de Colombo.
Au marché aux poissons, le Prince Albert rencontrait les pêcheurs dont l'activité fut durement touchée après les tsunamis dévastateurs du 26 décembre dernier.
A quelques kilomètres, le Prince Albert arrivait ensuite à " Monacogama ", qui signifie " village de Monaco ", accueilli par les danses du groupe folklorique " Kandydance ", qui l'accompagnait jusqu'à l'entrée du village où Lui était remis, en signe de bienvenue, quelques feuilles de Na, l'arbre national du Sri Lanka.
L'idée de ce village est née en 1993 afin d'aider les villageois qui vivaient dans des maisons insalubres, les pieds dans l'eau putride d'un marécage. Cette année-là, eut lieu la pose de la première pierre de ce village qui compte aujourd'hui 65 maisons ; chacune financée par les donateurs de MAP, pour un coût unitaire moyen de 3.000 dollars.
Le Prince Albert se rendait ensuite à Sidduwa pour la visite du " Peristera Children's Home " de Raddolugamma. Il était accueilli par le Père Jayanthe, responsable de cet orphelinat qui accueille 25 enfants.
Après la remise d'un traditionnel collier de fleurs, le Prince entouré par les enfants, arrivait sur l'esplanade devant le bâtiment principal où étaient hissées les couleurs monégasques, sri-lankaises et celles de l'orphelinat. Le Prince Albert plantait ensuite un Na, arbre symbolique du pays, avant de visiter le site et notamment les dortoirs à peine achevés, qui devraient héberger une soixantaine de petits orphelins. Les enfants offraient un spectacle musical, avant le déjeuner.
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Pour le deuxième jour de Son déplacement au Sri Lanka, le samedi 5 mars, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert se rendait en début de matinée, à Kalutara, village situé à 45 kilomètres au sud de Colombo, pour visiter l'orphelinat " Princesse Grace ".
La création de ce centre remonte à 1986, lorsque l'Archevêque de Colombo, Monseigneur Marcus Fernando, sollicita l'aide de " MAP " pour la construction d'un orphelinat destiné plus particulièrement aux enfants handicapés. Une collecte de fonds fût organisée au cours d'un dîner dans un restaurant indien de Nice en présence du Prince Albert ; elle permit de financer l'achat d'un terrain de 10.000 mètres carrés dans le village de Kalutara. Les plans de l'orphelinat seront dessinés bénévolement par un architecte ceylanais, en relation avec un architecte monégasque. Les travaux de construction dureront huit mois. Le 27 janvier 1988, jour de célébration de la Sainte-Dévote, une équipe de " MAP ", inaugure l'orphelinat " Princesse Grace ".
Dès l'origine, l'établissement accueille des orphelins et dispose d'un dispensaire pour les enfants malades (cardiaques, cancéreux, poliomyélitiques, handicapés physiques ou mentaux...), d'un centre de soins et de rééducation et d'une garderie. En 1989, on y aménage une école maternelle, dont profitent également quelques enfants du village. Puis, un nouveau dortoir baptisé " Home Sainte Dévote " est construit en 1994.
A Son arrivée, le Prince Albert, entouré de Mmes Josyane Lahore, Donatella de Filippo et de MM. Pierre Tefnin et John Martinotti, était accueilli par Miss Rita et le Père Tissera, responsables du centre, et par la " Fanfare des enfants de Marcsri ". En musique, Il remontait l'allée jusqu'à l'esplanade pour une cérémonie de montée des couleurs srilankaises, monégasques et celles de l'église catholique, au son des Hymnes nationaux.
Miss Rita invitait ensuite le Prince Albert à planter un " Na ", l'arbre national srilankais, avant de L'accompagner dans la visite du centre " Mama Papa ", créé en 1991, qui héberge une trentaine d'enfants handicapés légers et profonds. Il visitait ensuite le " Home Marcor International ", construit en 1996 grâce à M. et Mme John Martinotti, qui accueille aujourd'hui 44 femmes handicapées mentales.
Guidé par Miss Rita, le Prince se rendait dans la communauté Marcsri, qu'elle dirige également, où sont accueillis près d'une centaine de personnes âgées, d'handicapés mentaux, de victimes de maladies tropicales et des lépreux, et un centre pour jeunes femmes handicapées. Ces différents lieux d'accueil sont réparties sur plusieurs maisons.
Le Prince rejoignait ensuite l'orphelinat " Princesse Grace " pour visiter les installations. Là, Il retrouvait l'un des pensionnaires, le jeune Sampath, fan de l'AS Monaco, qui avait déjà eu l'occasion de venir en Principauté et qui a tapissé sa chambre de photos et d'articles sur l'équipe monégasque.
Pendant le déjeuner, les enfants et adolescents du Centre ont proposé un spectacle de chants et de danses. Dans un bref discours, les premiers mots du Prince Albert furent pour les remercier tous chaleureusement. Il ajoutait ensuite :
" Miss Rita, Mon Père, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Je souhaite vous dire combien je suis heureux d'avoir pu enfin, dirais-je, venir jusqu'à vous. Plusieurs fois en effet j'ai dû remettre ce projet qui me tenait tout particulièrement à coeur.
Malheureusement, même les Princes ne sont pas toujours maîtres de leur emploi du temps !
Mes premiers mots iront d'abord à tous ceux qui chaque jour donnent tout leur coeur et leur passion à ces jeunes orphelins, à ces malades, à ceux qui souffrent. Je veux les féliciter pour tout ce qu'ils accomplissent, pour leur travail de chaque instant au service d'une cause juste et noble.
Votre action est essentielle car elle permet à tous ces jeunes de trouver, ici, un foyer, une chaleur, un environnement et le soutien indispensable dans la construction de leur avenir.
Je voudrais également remercier les responsables et donateurs de l'association Monaco Aide et Présence, qui depuis près de 20 ans, dans ce pays, soutiennent avec conviction plusieurs actions dont la construction de villages et de structures d'accueil et de soins, comme celle-ci.
Que de chemin parcouru depuis cette collecte organisée en 1986 qui permit d'acheter ce terrain de 10 000 mètres carrés, puis l'inauguration de l'orphelinat " Princesse Grace " le 27 janvier 1988, jour de célébration de la Sainte-Dévote, Sainte patronne de la Famille Princière et de la Principauté.
Je suis heureux qu'aujourd'hui, ensemble, nous puissions célébrer cet esprit de solidarité et de générosité qui anime cette belle entreprise collective.
Car au-delà des quelques milliers de kilomètres qui nous séparent, j'y vois également la marque de l'amitié entre nos deux peuples.
Ma Mère, dont ce Centre porte le nom, serait très fière de vous tous aujourd'hui.
Merci ".
En milieu d'après-midi, le Prince Albert était accueilli par le Révérend Gomis Oswald, Archevêque du Sri Lanka, à Paiyagala, un village de la côte. Ensemble, ils se rendaient sur la plage pour assister au ramassage de la sève de cocotier, distillée pour fabriquer de l'arak. Le ramasseur collecte le précieux liquide en grimpant à la cime des arbres et passant d'un cocotier à l'autre grâce à un système de cordes tendues à plus de trente mètres du sol, sans sécurité.
Après cette démonstration, avait lieu la remise aux pêcheurs de 15 bateaux, de 10 canoës et de matériel de pêche, offerts par " Monaco Aide et Présence ". Plusieurs personnalités locales et Monseigneur Oswald rappelaient dans leurs discours les effets de la terrible catastrophe du 26 décembre 2004, avant de remercier le Prince Albert pour Sa présence et l'association " MAP " pour ce geste.
L'Archevêque bénissait les embarcations alignées. Le Prince remettait ensuite à chaque pêcheur son titre de propriété avant de prononcer ces quelques mots :
" Monseigneur, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
Le 26 décembre dernier, la nature a brutalement rappelé à l'homme sa fragilité face aux éléments. Chacun a encore en mémoire les images de cette terrible tragédie qui a frappé plusieurs pays de cette région du monde, parmi lesquels le Sri Lanka, dont aujourd'hui encore les côtes gardent les stigmates.
Tragiquement, ces quelques minutes meurtrières ont coûté la vie à des milliers de vos compatriotes, parents et amis. Ce sont vers eux qu'iront mes premières pensées et vers leurs familles auxquelles j'aimerais dire toute ma compassion dans ces moments de souvenirs.
Dans les régions touchées, pour ceux qui ont survécu, ces tsunamis ont, bien souvent, anéanti le travail d'une vie et leurs moyens de subsistance.
Ainsi, dans ce pays sur 175.000 marins-pêcheurs, 80% ont été touchés par le raz-de-marée et 50% ont tout perdu.
Aujourd'hui, grâce à l'association " Monaco Aide et Présence ", à ses responsables et à ses généreux donateurs, j'ai le plaisir de vous remettre ces bateaux, ces canoës et ces filets.
Ce geste peut paraître modeste face à l'ampleur de la catastrophe et des besoins, notamment au vu des chiffres que j'évoquais précédemment, mais il est le résultat d'une chaîne de solidarité qui ne demande qu'à s'élargir.
Je sais toute l'importance pour vous, vos familles et pour l'économie locale de ces moyens de pêches et je souhaite que rapidement ils vous permettent de reprendre vos activités.
Je suis heureux que la solidarité entre nos peuples s'exprime de manière aussi concrète, car elle est, je crois, la seule réponse efficace qui permette ici à chacun de retrouver le chemin de l'espoir.
Merci ".
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé que les pertes causées par les raz de marée du 26 décembre à la pêche et à l'aquaculture en Asie s'élèvent à quelque 520 millions de dollars. Selon la FAO, 111.073 bateaux de pêche ont été détruits ou endommagés et le coût de leur remplacement est évalué à 161 millions de dollars. 36.235 moteurs ont été perdus ou endommagés sans espoir de réparation ; le coût de leur remplacement est évalué à 73 millions de dollars. 1,7 millions d'équipements de pêche (filets, appareils de levage, équipements similaires) ont été détruits ; coût de leur remplacement : 86 millions de dollars. Enfin, la FAO évalue à plus de 200 millions de dollars les coûts de la réparation des autres dégâts infligés au secteur de la pêche (aquaculture, infrastructures industrielles, ports, etc.). Ces chiffres concernent les sept pays les plus touchés par le tsunami : l'Inde, l'Indonésie, les Maldives, la Birmanie, la Somalie, le Sri Lanka et la Thaïlande.
Le Prince Albert se rendait ensuite à Alcandarila sur le terrain remis gracieusement par l'Archevêché du Sri Lanka pour la construction de 48 maisons, par l'association " MAP ". Monseigneur Oswald prononçait une bénédiction avant qu'une plaque en souvenir de cet instant soit dévoilée. Pour un coût unitaire de 4.000 US dollars, ce projet d'un montant d'environ 200 000 dollars financé par MAP, devrait permettre à 48 familles qui ont tout perdu pendant les tsunamis de retrouver un toit dans les trois ans à venir.
Au terme de cette journée, le Prince Albert se rendait à Anglamark, une ferme de 10 hectares, dont l'achat fut financé en 1993 par Mme Smurfitt. Cette plantation produit aujourd'hui environ quatre mille noix de coco par mois, ainsi que des bananes, des papayes, mangues. L'on y trouve également une plantation de thé, un élevage de porcs, un élevage de poules et poulets ainsi que des vaches. Elle permet ainsi de nourrir les enfants de l'orphelinat et de la congrégation Marcsri et également d'obtenir des revenus réinvestis dans cette exploitation.
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Pour cette troisième journée au Sri Lanka, dimanche 6 mars, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert arrivait, en début de matinée dans le sud du pays, frappé par les tsunamis du 26 décembre dernier. Selon un rapport du Centre srilankais pour les opérations nationales, près de 31 000 personnes ont été tuées et plus de 15 000 blessées. Les raz de marée, qui ont ravagé les villages côtiers d'une grande partie du Sri Lanka, ont également fait plus de 6 000 disparus, environ 835 000 déplacés, et touché plus de 200 000 familles. Cette catastrophe a détruit plus de 89 000 maisons et en a endommagé 41 000. Il y a toujours plus de 400 camps temporaires dans les régions touchées par les raz de marée. Au-delà de la tragédie humaine, le coût de la catastrophe dans ce pays a été estimé à plus de 3 milliards de dollars.
Le Bureau International du Travail (BIT) a également montré que le tsunami avait détruit un million d'emplois en Asie. En Indonésie, pays le plus touché environ 600 000 personnes ont perdu leurs moyens de subsistance, principalement dans les secteurs de la pêche, de l'agriculture et dans l'économie informelle. Le taux de chômage dans les régions affectées pourrait augmenter de 30 % alors qu'il représentait 6,8 % de la population active avant la catastrophe. Pour l'ensemble du pays, le taux de chômage pourrait avoir augmenté temporairement de 6 %. Au Sri Lanka, plus de 400.000 personnes ont perdu leur emploi dans les mêmes secteurs qu'en Indonésie, auxquels il faut ajouter le tourisme. Le taux de chômage dans les provinces touchées dépasse probablement 20 % contre 9,2 % avant les raz de marée, selon le BIT.
Pour l'ensemble du pays, le nombre de chômeurs pourrait avoir temporairement augmenté de 55 %.
Le Prince Albert se rendait tout d'abord à Hikkaduwa, village côtier où trois wagons endommagés et des rails tordus sont les seuls vestiges du train qui fut emporté par les eaux. Ce matin du 26 décembre, les signaux furent interrompus à cause d'une coupure d'électricité provoquée plus au sud par le raz de marée ; le train stoppa. La première vague touchait la côte. Ceux qui vivaient autour du train, effrayés, se réfugiaient sur le toit des huit wagons. Quelques minutes plus tard, la deuxième vague meurtrière frappait, emportant mille cinq cents passagers et plus de mille habitants ; seuls rescapés : une mère et ses deux enfants. A cet endroit les eaux ont parcouru près de quatre kilomètres à l'intérieur des terres.
Le Prince Albert arrivait ensuite au camp de réfugiés de Rath Gama où l'accueillaient le Révérend Sudeera Thero, moine bouddhiste et le Père Hermine, curé de Gallé. Plus de deux mois après la catastrophe, ce camp accueille toujours vingt-six familles, dans l'attente d'une maison, dont les projets de construction ont été évoqués. Afin de soulager un peu leurs précaires conditions de vie sous la tente, MAP a offert à chaque famille un grand lit. Lors de cette visite, le Prince Albert distribuait des paquets de friandises aux enfants rassemblés dans des classes en plein air, avant de se rendre dans le camp de Redjibura, qui héberge cinquante-cinq familles. Dans ce camp ne disposant que de deux citernes, MAP a offert trois réservoirs supplémentaires d'une contenance de 1000 litres d'eau, permettant d'améliorer un peu les conditions d'hygiène des réfugiés.
En descendant vers Gallé, chacun put se rendre compte des effets destructeurs des tsunamis qui ont jeté sur le bord des routes des centaines de milliers de familles qui n'ont plus de toit pour se réfugier, ni, bien souvent, de moyens de subsistance. Ici et là, sur les ruines des anciennes maisons, ou dans ces camps en toile, au milieu des tonnes de gravats, d'arbres déchiquetés, ces familles qui ont souvent, aussi, perdu un proche, continuent de survivre, accrochées à l'espoir que quelqu'un viendra les aider à rebâtir leur futur.
A Gallé, S.A.S. le Prince Albert était accueilli par les membres de l'association humanitaire des sapeurs-pompiers Grasse / Menton, qui travaillent au Sri Lanka depuis près d'un mois. Etait également présent S.E.M. Jean-Bernard De Vaivre, Ambassadeur de France au Sri Lanka, qui fut Consul Général de France à Monaco, il y a quelques années.
Le Prince inaugurait l'école maternelle " Ecole Monaco " construite par les pompiers et financée par M.A.P., déclarant :
" Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs, Chers amis,
La circonstance qui nous réunit aujourd'hui dans cette ville de Gallé, est un évènement heureux, puisqu'il s'agit d'inaugurer cette nouvelle école maternelle : " Ecole Monaco ".
Pourtant chacun ici sait toute la tristesse qui accompagne également cet instant car il nous ramène à ce matin du 26 décembre 2004, qui a vu en quelques minutes disparaître dans cette région du monde plus de 300 000 êtres humains, dont près de 31 000 au Sri Lanka.
Chacun reste encore marqué par les images qui accompagnent cette tragédie, ici, certainement plus qu'ailleurs. C'est d'abord dans le souvenir de ces vies brutalement disparues que mes pensées se porteront et vers leurs familles, parents et amis, que je veux assurer de toute ma sympathie.
La terre, ce jour-là, nous a rappelé une nouvelle fois toute notre fragilité face à la nature.
Dès les premières heures qui ont suivi cette catastrophe la solidarité internationale s'est organisée afin de secourir les victimes, nettoyer, reconstruire, tenter au plus vite d'effacer les traces de cette tragédie : vaste chantier, dont, quelques semaines après l'on mesure toujours l'importance, et qui prendra certainement des mois, voire des années.
Dans ce grand élan de solidarité, notre pays, au travers du Gouvernement princier, de la Croix-Rouge monégasque, des associations de la Principauté, des particuliers, a répondu, chacun à la mesure de ses moyens.
Parmi ceux qui se sont très tôt mobilisés, nos amis de l'association humanitaire des sapeurs-pompiers Grasse / Menton, M. Menta, M. Ricci et tous leurs camarades, que j'aimerais féliciter chaleureusement pour le travail magnifique qu'ils ont accompli pendant leur séjour dans cette région.
Je sais toute la gratitude de la population qu'ils ont aidée, soulagée, soutenue.
Je les remercie tout particulièrement d'avoir conduit ce projet de reconstruction de cette école, grâce également au soutien apporté par " Monaco Aide et Présence ", association avec laquelle ils collaborent depuis plusieurs années.
Aujourd'hui, je veux voir dans ce lieu, l'espoir de lendemains meilleurs, d'une vie et d'une activité retrouvées. Ce futur appartient aux jeunes générations; pour eux il commence ici sur les bancs de cette école.
Sur ce bout de terre du sud du Sri Lanka " l'Ecole Monaco " leur permettra d'acquérir les bases indispensables pour construire cet avenir.
Je suis heureux que nous ayons, ensemble, contribué à cette belle et noble réalisation.
Merci à tous. "
Hormis la construction de cette école maternelle, les huit sapeurs-pompiers de l'association auront mené la reconstruction de tout ou partie de quatorze maisons, dans une rue de Gallé, où s'organisa leur quotidien, au service d'une population désemparée et qui grâce à eux a pu, jour après jour, retrouver le chemin de l'espoir. Pour preuve, les banderoles de ces habitants remerciant chaleureusement ces généreux pompiers et l'émotion qui a entouré leur départ.
A l'issue du déjeuner, le Prince assistait à un spectacle donné par les enfants, avant de remonter à pied, accompagné de M. Ricci et de ses camarades pompiers, la rue nettoyée de tous ces débris et de visiter quelques maisons réhabilitées.
Le Prince Albert arrivait ensuite dans un camp installé au bord de la route côtière de Gallé. Là, quatorze familles vivent sous des tentes dans des conditions précaires, avec parfois, comme aujourd'hui, le sentiment d'avoir été abandonnées de tous. Une mère de famille qui a perdu l'un de ses enfants lors de la tragédie, vient à la rencontre du Prince Albert pour lui exprimer toute sa détresse. Lui tenant les mains, le Prince écoute longuement, patiemment, ses paroles mêlées de larmes.
Les promesses qui ont été faites seront tenues : l'achat d'un terrain et la construction de quatorze maisons deviendront une réalité grâce à Mme Tina Green et M. Pierre Tefnin, deux généreux donateurs.
Au lendemain de la catastrophe, l'association " Monaco Aide et Présence " s'est mobilisée en déposant chez les commerçants de la Principauté des petites tirelires afin de recevoir des fonds pour soutenir " le Sri Lanka ". Les commerçants de la Condamine ont recueilli plus de 8 000 euros. Ceux du Casino et plus spécifiquement " la Régence " plus de 2 000 euros. Le Club Allemand International de Monaco a fait parvenir 20 000 euros. Le joaillier Repossi 4 700 euros sur ventes privées. Une soirée au " Living room " a rapporté 2 500 euros. A ces dons s'ajoutent ceux de dizaines de donateurs privés.
Monaco Aide et Présence a envoyé 10 000 euros pour l'aide d'urgence alimentaire et médicaments ; 11 000 euros pour la reconstruction d'une maison pour personnes âgées et la réhabilitation d'une autre ; 62 100 euros pour l'achat des 15 bateaux de pêcheurs à moteur et 10 canoës ; 5 000 euros en achat de billets d'avion pour le déplacement de 10 pompiers pour la reconstruction sur l'île et 9 000 euros pour la reconstruction d'une école à Gallé ; soit un total de 97 100 euros sur 186 307,86 euros recueillis.
En conclusion de ce séjour riche en émotions, S.A.S. le Prince Héréditaire Albert, accompagné de Mmes Josyane Lahore, Présidente de MAP et Donatella de Filippo, responsable de l'association pour le Sri Lanka, était reçu, lundi 7 mars en fin de matinée, en audience par S.E. Mme Chandrika Bandaranaike Kumaratunga, Présidente de la République du Sri Lanka, afin d'évoquer, notamment, les actions menées dans ce pays par MAP depuis près de 20 ans, ainsi que la situation des sinistrés des tsunamis, pour lesquels il reste encore beaucoup à faire.