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Déplacement de S.A.S. le Prince Albert II à Bruxelles (18-20 février 2019)

  • N° journal 8498
  • Date de publication 07/08/2020
  • Qualité 100%
  • N° de page

S.A.S. le Prince Albert II se rend à Bruxelles du 18 au 20 février 2019, pour une visite à caractère diplomatique, environnemental et culturel.
En fin de soirée, l'avion princier se pose à l'aéroport de Bruxelles. S.A.S. le Prince est accompagné de S.E. M. Bernard Fautrier, ministre plénipotentiaire, vice-président et administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II, de M. Gilles Tonelli, conseiller de gouvernement-ministre des Relations extérieures et de la Coopération, de Mme Anne-Marie Boisbouvier, conseiller à Son Cabinet, et du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, Son aide de camp.
Le lendemain matin, le Souverain et Sa délégation, rejoints par S.E. Mme Sophie Thevenoux, ambassadeur de Monaco en Belgique, se rendent au Palais d'Egmont pour participer à une conférence de haut niveau sur le changement climatique et la conservation des océans. Ils sont accueillis par M. Charles Michel, premier ministre belge, Mme Marie-Christine Marghem, ministre fédérale belge de l'Énergie, de l'Environnement et du Développement durable, et M. Philippe de Backer, ministre de l'Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste, chargé de la Simplification administrative, de la Lutte contre la fraude sociale, de la Protection de la vie privée et de la Mer du Nord.
Des photos sont prises avec les ministres présents, ainsi que M. Michel Aria Canete, commissaire européen chargé de l'action pour le Climat et l'Énergie, et M. Karmenu Vella, commissaires européens à l'Environnement, aux Affaires maritimes et à la Pêche.

Lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence, après les allocutions de Mme Marie-Christine Marghem et M. Philippe de Backer, S.A.S. le Prince prononce un discours :
« Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Commissaire européen
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C'est un plaisir de retrouver ici tant de défenseurs de l'océan à Bruxelles aujourd'hui, tant d'hommes et de femmes qui, année après année, se mobilisent comme je le fais de longue date.
C'est une satisfaction de constater que, nous sommes de plus en plus nombreux à nous engager dans ce nécessaire combat.
En effet, ce qui se joue en ce moment sous nos yeux n'est rien d'autre qu'une course de vitesse, dans laquelle chaque ralliement compte.
Nous sommes impliqués dans une course inédite et à l'issue encore incertaine. Une course qui décidera sans doute de l'avenir de notre civilisation, de notre espèce et de notre Planète. Une course que nous avons encore les moyens de gagner.
Laissez-moi vous en rappeler les acteurs et les enjeux.
D'un côté, il y a une force impossible à arrêter. Une force toute-puissante et qui va en s'accélérant : cette force, c'est le besoin de développement de l'humanité.
C'est une démographie que nous ne maîtriserons pas d'un claquement de doigts.
C'est le besoin de se nourrir, de se déplacer, de se soigner, de progresser, que nous ne limiterons pas davantage.
C'est tout simplement une soif d'avenir, de bien-être individuel et collectif, qui a toujours été le plus puissant moteur de l'Histoire.
Ce moteur est fort aujourd'hui de plus de sept milliards d'individus, qui tous ont des désirs et des appétits, qui pour beaucoup hélas ont encore faim et soif et qui tous aspirent légitimement à vivre mieux.
Or, sur une Planète dont nous savons qu'elle est limitée, dont les ressources terrestres ne suffiront sans doute pas à répondre aux désirs d'une humanité de dix milliards d'individus ou plus, il est inévitable que les regards et les appétits se tournent encore davantage vers l'océan.
Pour se nourrir, se déplacer, se soigner, pour continuer à se développer, l'humanité aura de plus en plus besoin des océans, de leurs profondeurs encore largement inexplorées, de leurs ressources, de leur faune, de leur flore, bref de leurs immenses potentialités.
Le premier concurrent de cette course, un concurrent hélas destructeur qui, après avoir pillé et dévasté une grande partie des fruits de la terre, s'apprête à s'attaquer à ceux de l'océan ; c'est l'Homme.
Mais cette course n'est pas encore gagnée par ce concurrent heureusement. Car en face se dresse un autre coureur, apparu plus récemment, et qui dispose lui aussi d'importantes ressources, d'un élan, et d'un potentiel immenses.
Ce coureur, c'est la conscience environnementale qui depuis quelques décennies maintenant se répand sur notre Planète.
C'est un espoir partagé sur tous les continents : des grands pays comme l'Inde, dont je reviens, jusqu'à l'Amérique, en passant par les petits États iliens, ou la Principauté de Monaco, sans oublier bien sûr la Belgique et l'Union européenne.
C'est une force d'innovation et de conviction sans précédent.
C'est aussi un besoin vital, celui d'échapper à une catastrophe globale.
La course n'est donc pas perdue. Elle est disputée, intense, complexe.
Mais son issue est incertaine.
Car cette course oppose des forces présentes en chacun de nous, celles qui poussent, pour notre existence à court-terme, à l'assouvissement de nos pulsions immédiates et, celles qui poussent, pour notre survie à long-terme, à la préservation de nos océans.
Cette course, nous en voyons chaque jour les obstacles mais aussi les opportunités. Grâce au travail de la communauté scientifique, nous pouvons mesurer l'avancée des dégradations commises par l'homme ainsi que la capacité de résilience des océans.
C'est pourquoi je suis particulièrement attentif aux travaux des scientifiques, sans lesquels nous ne pourrions ni comprendre nos océans, ni agir correctement pour les préserver.
À cet égard, je suis heureux de retrouver ici d'éminents scientifiques sur le climat, en particulier Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-Président du Giec, ou Denis Allemand, Directeur du Centre scientifique de Monaco, que je salue.
De même je me réjouis que Monaco ait porté le projet de rapport spécial du GIEC, dont vous parliez Mme la Ministre, sur « les océans et la cryosphère », dont le lancement a eu lieu il y a un peu plus de deux ans en Principauté, et dont nous accueillerons la remise en septembre prochain.
Mais la science seule ne peut pas tout, et c'est bien aujourd'hui le sens de notre réunion.
Car cette course, nous pouvons en influencer le résultat. Il nous revient de faire en sorte qu'elle ne soit pas la dernière de l'humanité et d'en écrire le règlement.
Légalement tout d'abord.
Tel est l'objet des négociations en cours à l'ONU autour de la question de la biodiversité par-delà les juridictions nationales. Nous savons qu'il s'agit là d'un enjeu majeur, tant la haute mer, aujourd'hui encore largement inexplorée mais déjà trop souvent pillée, sera de plus en plus au cœur des grandes problématiques de notre monde économique et politique.
Est aussi en jeu la question du changement climatique, qui est une priorité absolue sur l'agenda international et pour lequel l'engagement des décideurs politiques demeure encore malgré tout insuffisant.
Enfin, plus largement, il s'agit d'adopter un cadre international adapté aux océans, à leurs enjeux actuels et aux menaces qui pèsent sur eux. À cet égard, l'adoption d'un Objectif de Développement Durable spécifique aux océans l'ODD 14, obtenu non sans difficulté, est significative.
Je tiens à ce titre à saluer la présence de M. Peter Thomson, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les océans, que je remercie de ses inlassables efforts dans ce domaine.
Mais l'ONU n'est pas le seul cadre dans lequel s'écrivent les règles qui permettront de protéger les océans.
Puisque nous sommes à Bruxelles, et puisque M. Karmenu Vella nous fait le plaisir de sa présence, comment ne pas souligner le rôle de l'Europe ? Comment ne pas voir que le combat pour les océans, et à travers eux, pour l'avenir de l'humanité, est lié à la grandeur de l'Europe ? Non seulement du fait de la taille et de l'universalité des domaines maritimes européens dont les Zones Économiques Exclusives (ZEE) couvrent plus de 6 millions de Km², mais aussi du fait des valeurs qui fondent l'Union européenne.
D'autres cadres moins formels se développent aussi, comme nous le voyons par exemple de plus en plus pour la constitution d'aires marines protégées dans les ZEE et demain je l'espère en haute mer.
Ces aires marines protégées constituent en effet une solution  pertinente, pertinentes à bien des égards, pour concilier le développement des hommes et la préservation des mers, pour associer les acteurs environnementaux et économiques, dans une interaction vertueuse.
De la même manière, nous devons multiplier les espaces de dialogue, comme celui qui nous réunit aujourd'hui, susciter des solutions locales associant gouvernements et ONG, scientifiques et entreprises, comme ma Fondation le fait depuis plus de douze ans, dans les projets qu'elle initie ou qu'elle soutient.
Nous devons mobiliser les collectivités locales, qui ont un rôle majeur à jouer dans la mise en œuvre de solutions vertueuses, que ce soit en matière de lutte contre les pollutions, de préservation des écosystèmes ou de transition énergétique.
Nous devons faire appel aux initiatives associatives, comme nous le faisons pour identifier et développer des projets de lutte contre les pollutions plastiques en Méditerranée.
Nous devons mobiliser des financements, y compris innovants, comme nous le faisons, avec la France et la Tunisie, dans le cadre du Fonds fiduciaire que nous avons créé pour financer le développement d'aires marines protégées en Méditerranée.
Nous devons, en un mot, faire de l'océan un enjeu collectif. Faire de ces deux-tiers de notre Planète  les ferments d'une nouvelle coopération entre toutes les forces de ce monde.
Nous devons rallier à notre course  de plus en plus d'énergies, de talents, qui sauront employer et convertir la soif de progrès individuel en un levier de progrès durable, favorable au collectif.
Aucun des coureurs que j'évoquais à l'instant, et qui aujourd'hui rivalisent dans cette nouvelle conquête de la mer, ne s'arrêtera. Le présent ne cèdera pas devant l'avenir. Et l'avenir ne doit pas être sacrifié au présent.
C'est pourquoi nous devons inventer ensemble des solutions, seules à même de nous offrir un avenir préservé. Cette exigence vaut pour l'ensemble des sujets environnementaux. Mais c'est une exigence qui, je crois, trouve autour de l'océan une résonance particulière.
Car les océans sont porteurs de valeurs de solidarité et de responsabilité, de lois d'entraide qui peuvent nous inspirer.
Depuis toujours, les océans offrent aux hommes des rêves et des progrès, des ressources et des espoirs, mais aussi une certaine morale.
En effet, les règles d'assistance mutuelles en mer sont aussi strictes qu'incontournables. Répondre à un appel de détresse est ainsi, nous le savons, un impératif catégorique.
Aussi, je veux croire que nous saurons dépasser et nous détourner de nos habitudes, pour la sauvegarde de nos mers et de nos océans.
Je vous remercie. ».
Le Souverain rencontre ensuite M. Kitack LIM, président de l'Organisation maritime internationale, institution spécialisée des Nations Unies chargée d'assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers par les navires.
Puis, Il assiste à une table ronde portant sur l'impact du changement climatique sur la biodiversité des océans, lors de laquelle s'expriment notamment Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire de la République française, M. Karmenu Vella, et le Professeur Denis Allemand, directeur du Centre scientifique de Monaco.
S.A.S. le Prince est ensuite conduit à la Commission européenne, pour une rencontre avec M. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et ses collaborateurs, en présence de S.E. Mme Sophie Thevenoux, M. Gilles Tonelli et Mme Anne-Marie Boisbouvier.
Après avoir pris une photo devant les drapeaux monégasque et européen, le Souverain et M. Jean-Claude Juncker abordent ensemble l'avancée des négociations entamées en mars 2015 sur l'accord d'association entre la Principauté et l'Union européenne, qui offrirait à Monaco un cadre institutionnel stable pour ses relations avec les institutions européennes et les États membres.
Puis, S.A.S. le Prince se rend à l'hôtel Stanhope, où un déjeuner est organisé par l'ambassade de Monaco à Bruxelles, portant sur les questions européennes. Il visite ensuite les futurs locaux de la chancellerie.
En début d'après-midi, S.A.S. le Prince et Sa délégation sont conduits à l'Hôtel de Ville de Bruxelles, où ils sont accueillis par le bourgmestre de Bruxelles, M. Philippe Close.
Le Souverain assiste au CDP Europe Awards 2019\. Le CDP (anciennement Carbon Disclosure Project) est une organisation internationale à but non lucratif, qui analyse la performance de plus de 3.000 entreprises selon trois critères - protection du climat, gestion durable de l'eau et lutte contre la déforestation - et décerne des notes allant de A à D.
Au cours de la cérémonie, S.A.S. le Prince prononce un discours :
« Lord Mayor,
Mr Vice Chairman of the European Commission,
Your Excellencies,
Ladies and Gentlemen,
Dear friends of our planet,
I am delighted to be taking part in this half-day meeting and to be present at this awards ceremony.
The issues bringing us together and those being honoured today are most certainly deserving of our time, energy and determination.
For far too long human beings, and more specifically, we, as Europeans, have been devoting our time, energy and determination to ravaging the Planet, to exploiting its resources without any concern for its future, and to destroying the heritage of its children – of our children.
It is time we understood the Boileau's maxim, the great French poet who just over four hundred years ago wrote that “we can be heroes without ravaging the Earth”.
Above all, it is time our vision of the world changes.
For centuries, we have considered the Planet as an intangible, infinite and inexhaustible entity, which we humans, fragile and vulnerable animals, might use at leisure to ensure our survival – for our comfort, or simply for our pleasure.
We now know that things have changed. It is humankind, its technological power, its capacity for destruction and its appetite that have become infinite. And it is our Planet that has become vulnerable.
However, such a realisation remains largely hypothetical, since it runs counter to our day-to-day real-life experiences.
Although we know that the climate is evolving in a dangerous way, those few degrees that will change everything are not, or at least not yet, perceptible.
Although we are aware of the endless damage to biodiversity for which we are responsible, we cannot see the species vanishing, especially when most of them lived at the bottom of the sea, were hardly visible to naked eye, or were still completely unknown to us.
Apart from a few catastrophic episodes, which are still few and far between, the damage we inflict on nature is generally still imperceptible. More importantly, it is hard to quantify, to such an extent that both rhetoric and practices struggle to assess it accurately.
Against this backdrop of uncertainty, our attitudes often remain therefore at the level of principles and morals.
But neither morals nor principles are enough to change the world, even less so the economy.
To change the world, we need concrete solutions. We need guides, new assessment criteria, methods and models.
That is precisely the reason why the CDP is so valuable.
For its ability to identify the real long-term, and not just immediate, costs of our activities.
For its capacity to re-place ecosystem services at the core of economic platforms.
For its experience in realistically assessing what each of us owes to nature on which we depend.
And for its expertise in terms of improving our practices.
We need – the world needs – to identify the virtuous solutions that will enable us to break free from the destructive spiral in which we are trapped as quickly as possible.
That is what the CDP provides on a daily basis. This is what our discussions today are bringing to the fore. That is what those being honoured here this afternoon have proved. And this is what should spur us into action, each of us at our own level.
Ladies and Gentlemen,
Dear friends,
I know that many of us are already acting, and in a determine  way, and often successfully.
I myself have made environmental protection the absolute priority of my action, at all levels.
I have called upon my Government to make every effort to ensure that Monaco reduces its carbon emissions by 50% by 2030 compared to 1990 levels, and we are already half way there, in order to reach carbon neutrality by 2050 and only consume green electricity by then.
Indeed, the Principality, despite its size and despite its very specific conditions, can act as a laboratory of solutions for other States engaged in the same process.
I am keen on taking part in international negotiations focused on the environment, to make a voice that will be heard about the urgency, the solutions available and solidarity.
I was able to create a Foundation which for the past thirteen years has been focusing its efforts on the climate, biodiversity and water, from the Polar regions to the least advanced countries, not to mention the Mediterranean region. This Foundation always acts in partnership with other players, NGOs, local associations, businesses and laboratories, to help improve and implement solutions that work.
But such initiatives can only be effective if they are coordinated, if they are fuelled by dialogue, comparison and inspiration offered by other initiatives.
That is why I am here today under your invitation and that is why we are all here: because we all have something to learn, because we can all make progress. Because we all want to do better and are willing to do more for a fair and more sustainable world.
Thank you. ».
En fin d'après-midi, S.A.S. le Prince se rend à une réception organisée par l'ambassade de Monaco en Belgique, réunissant des membres de l'Association européenne de libre-échange (AELE), ainsi que les principaux responsables de la Commission européenne et du Conseil de l'Union européenne.
S.A.S. le Prince prononce l'allocution suivante :
«        Mesdames et Messieurs les Représentants des institutions européennes,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous dire le plaisir que j'ai à être parmi vous ce soir en ce lieu historique, et de vous remercier de l'intérêt que vous portez par votre présence à la Principauté de Monaco.
Il y a quatre ans s'ouvraient des négociations entre la Principauté de Monaco et l'Union européenne, dans l'objectif de conclure un Accord d'Association.
Ces négociations, dont l'issue déterminera le cadre des relations de Monaco avec l'Union européenne, sont d'une importance capitale pour mon pays.
La Principauté de Monaco est un État incomparable par beaucoup de côtés ; aux caractéristiques singulières. Il s'inscrit dans l'Histoire comme l'un des plus petits États au monde, d'une superficie de 2 km², mais dont l'origine de la souveraineté remonte à plus de 700 ans.
Ce fait de l'Histoire est à lui seul exceptionnel. D'aucuns pourraient s'interroger sur les circonstances qui ont présidé au développement, à travers les siècles, de ce que l'Union européenne qualifie d'« État de petite dimension territoriale ».
À l'évidence, la réponse à cette question est complexe et multiple, mais je veux aujourd'hui évoquer certains aspects particuliers qui, à mon sens, ont été non seulement déterminants, mais conservent aujourd'hui encore toute leur acuité.
Tout d'abord, il me faut rendre hommage à mes ancêtres et à leur clairvoyance.
À travers les siècles, les Princes de Monaco ont su s'attacher la fidélité des habitants et les rassembler face aux épreuves de l'Histoire, qu'elles soient militaires, diplomatiques, économiques ou démographiques.
Les Princes ont toujours su protéger la population de Monaco des conflits entre les grandes puissances européennes et défendre ses intérêts.
L'Histoire met ainsi en lumière le lien indéfectible qui unit les Monégasques à leurs souverains et à leur famille.
La Principauté de Monaco est le fruit d'un subtil équilibre économique, démographique et institutionnel dont les fondements historiques ne doivent pas être méconnus.
Le Pacte social des Monégasques, cette communauté de 9.260 âmes, qui représente moins d'un quart de la population vivant sur son territoire, est une réalité.
La nation monégasque existe et perdure aujourd'hui grâce à des équilibres qui, fragiles, sont indispensables à son existence même et à sa stabilité.
Cette stabilité n'est pas synonyme de repli, bien au contraire, car la Principauté de Monaco est résolument tournée vers l'international. Elle participe, à la hauteur de ses moyens, aux grands défis de notre temps et j'ai la certitude que, en ce monde qui aspire à la paix, Monaco a toujours un rôle à jouer.
Comme le disait le prince Rainier, mon Père : « souvenons-nous qu'il n'est pas nécessaire d'être un grand pays pour avoir de grands rêves ni d'être nombreux pour les réaliser ».
Cette ouverture sur le monde fait partie intégrante de l'identité de mon pays.
La Principauté de Monaco est par son Histoire, sa culture et sa géographie, profondément européenne.
Les relations qu'elle a développées avec ses grands voisins européens, en premier lieu bien entendu la France, l'ont amenée, très tôt dans l'histoire de la construction européenne, à se rapprocher de l'Union. En effet, l'intégration croissante des États membres s'est accompagnée d'un transfert de leurs compétences aux institutions européennes et du développement d'un droit commun.
La Principauté n'y est pas restée étrangère, bien au contraire.
C'est ainsi que, par exemple, dès 1968, Monaco a été inclus dans l'Union douanière européenne au travers de son union douanière plus ancienne avec la France. De la même manière, en 1998, l'héliport et le Port de Monaco ont été désignés par l'Union européenne comme frontières extérieures de l'Union.
Par certains aspects, et cela peut prêter à sourire, la Principauté est plus ouverte aux européens que les pays membres de l'Union européenne. En effet, quel État membre de l'Union peut aujourd'hui s'enorgueillir de compter 91% d'étrangers européens au sein de sa population salariée du secteur privé ? Quelle fonction publique étatique européenne peut aujourd'hui se prévaloir de compter parmi ses effectifs plus de 69 % d'étrangers européens ? Il s'agit pourtant bien d'une réalité pour Monaco.
Mais au-delà des aspects démographiques et géographiques, c'est bien le projet de vivre ensemble, le désir de s'associer afin de construire une réalité autour de valeurs communes, qui caractérisent nos relations.
La Principauté de Monaco partage les objectifs de paix, de démocratie et de respect des Droits de l'Homme que se sont fixés les États d'Europe. Le Conseil de l'Europe a ainsi accueilli la Principauté vous le savez parmi les États démocratiques européens lors de son adhésion le 5 octobre 2004.
En outre, comme vous le savez, je suis particulièrement sensible à la cause environnementale. J'ai d'ailleurs participé ce matin à la Conférence organisée par le Gouvernement belge sur le thème du Changement climatique et de la préservation des Océans. Ces problématiques me sont très chères, et pour ne citer qu'un exemple parmi tant d'autres, l'Union européenne et Monaco partagent cette implication dans la préservation de l'environnement en participant ensemble aux efforts concertés de la communauté internationale pour parvenir à une protection adéquate des mers, des océans et de leurs ressources.
Je considère ainsi que la formalisation et le développement des relations de mon pays avec l'Union européenne s'inscrivent tout naturellement dans notre Histoire commune.
C'est dans cet esprit de collaboration que j'ai donné à mon Gouvernement la mission de parvenir à la conclusion d'un Accord équilibré, qui permette d'asseoir nos relations sur une base juridiquement solide et durable, et qui devra permettre à la fois de respecter les principes de l'Union européenne mais surtout de préserver les intérêts vitaux de Monaco.
Je sais que l'Union européenne, de par ses Traités, s'attache à respecter l'identité nationale et les fonctions essentielles des États. De plus, la Déclaration annexée au Traité de Lisbonne mentionne et je cite « la prise en compte de la situation particulière des pays de petite dimension territoriale entretenant avec l'Union des relations spécifiques de proximité ».
Pour Monaco, le respect de son identité nationale se traduit en premier lieu par la préservation de son Pacte social, en assurant aux monégasques la possibilité de continuer à vivre, se loger et travailler en Principauté.
La prise en compte de la situation particulière de mon pays passe par une reconnaissance formelle de ses caractéristiques uniques. Aucun État au monde ne se trouve dans une situation comparable à celle de Monaco, que ce soit en termes géographiques ou démographiques. Ces caractéristiques ont un impact considérable et indéniable sur la vie et l'existence du pays. J'estime par conséquent nécessaire, voire indispensable, qu'elles soient clairement identifiées afin de garantir leur prise en compte, à l'instar de ce que l'Union a su faire avec d'autres États, qu'ils soient États membres ou États tiers.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Mon Gouvernement prendra les mesures qui s'imposent pour faire face aux responsabilités qui seront les siennes dans la mise en œuvre de cet Accord pour Monaco. Je suis convaincu que les objectifs poursuivis par les grands principes définis par l'Union européenne peuvent être atteints tout en garantissant à l'État monégasque sa légitime pérennité.
Je veux vous dire enfin ce soir toute ma confiance en l'Union européenne, car son Histoire démontre qu'en dépit des périodes de crises, en dépit du défi permanent consistant à trouver un équilibre entre intégration et respect d'une diversité qui s'accroît, elle a su se montrer inventive.
Je veux croire que nous parviendrons, ensemble, à élaborer un Accord qui respecte les intérêts de chacun. Je souhaite ardemment que la prise en considération des spécificités monégasques permette une association avec l'Union européenne dont la devise ne l'oublions pas est « Unie dans la diversité ».
Je vous remercie de votre attention. »

Le lendemain matin, S.A.S. le Prince est conduit à Ottignies-Louvain-la-Neuve, en compagnie de S.E. Mme Sophie Thevenoux et du lieutenant-colonel Jean-Luc Carcenac, pour effectuer une visite du Musée Hergé. Ils sont accueillis par Mme Anne Eyberg, directrice du musée, M. Robert Vangeneberg, administrateur délégué, M. Fabrice Corioni, administrateur, et M. Didier Leick, responsable communication et relations entreprises. Une visite guidée du musée est proposée par M. Dominique Maricq, auteur et spécialiste de l'œuvre d'Hergé.
Puis, le Souverain se rend à Waterloo, à la « Chapelle musicale Reine Élisabeth », institution belge d'enseignement supérieur artistique fondée par la reine Élisabeth de Belgique en 1939\. Il est accueilli par M. Bernard de Launoit, président exécutif de l'institution, et assiste à une « masterclass » du violoncelliste français Gautier Capuçon, ainsi qu'à une « masterclass » de chant. Un déjeuner est offert par la « Chapelle musicale Reine Élisabeth ».
S.A.S. le Prince rejoint ensuite la Fondation Folon ; musée situé dans la ferme du château de la Hulpe et créé en 2000 par Jean-Michel Folon. Il est accueilli par M. Robert Collignon, président de la fondation, et MM. Michel Bribosia, Joseph Libion et Jean Courtin, membres du comité de gestion. Le Souverain effectue une visite guidée de la fondation, soulignant les liens unissant Monaco à l'artiste belge, décédé en 2005\. Jean‑Michel Folon a travaillé à Monaco pendant vingt ans et la Principauté est, aujourd'hui encore, ornée d'œuvres du sculpteur. Par ailleurs, la Fondation Folon a récemment ouvert au public l'atelier Folon, situé quai Antoine Ier.

À l'issue de la visite, le Souverain est conduit à l'aéroport de Bruxelles.

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